Je m’étais promis dernièrement d’aller à Owl’s Head lors d’une journée de poudreuse. Comme plusieurs d’entre vous, ce n’est pas nécessairement la première destination à laquelle je pense après une grosse bordée. En analysant les prévisions météorologiques cette semaine, il était clair que ça tomberait fort et en peu de temps sur la montagne. Je m’étais dit qu’on pourrait tracer longtemps des belles lignes. C’est exactement ce qui est arrivé.
Nous n’étions pas de la toute première descente ce matin, mais pas loin. Un problème de chaise temporaire au Quadruple principale en début de journée nous a ramenés presqu’à la case départ en même temps que tous. Qu’à cela ne tienne, ça ne jouait pas du coude pour monter. Les premiers descendus reprenaient leur souffle (déjà!), les autres souriaient.
Après 4-5 virages dans la Kamikazee, on savait immédiatement qu’on vivait quelque chose d’unique.
Toute la matinée, le comportement général des adeptes de poudreuse s’est résumé en 5 actions :
- Crier dans son casque de toutes ses forces
- Sourire comme lorsqu’on possède un billet gagnant de plusieurs millions
- Reprendre son souffle
- Reposer ses jambes
- Partager le même bonheur
Je suis le type de skieur qui aime profiter de la journée complète, entre 5 à 6h lorsque les conditions sont idéales. Aujourd’hui, après 4h et 18 descentes, nous n’avions simplement plus les ressources nécessaires. La neige fraîche était profonde, très profonde. Le 40 cm tombé en 24h demandait à un skieur, même expert, tout son petit change. La poudreuse légère avec un soupçon d’humidité s’est transformée en une lourdeur très exigeante.
J’ai vu des chutes comme jamais aujourd’hui. Dès qu’on baissait la garde, cette neige collante nous rappelait à l’ordre.
Nous avons skié chaque pente « noire » ou « double noire » comme s’il n’y avait plus de lendemain. Pour ceux connaissant bien la station, dites-vous que lorsque Lilly’s Leap se transforme en pente à grosses bosses, c’est signe que Dame Nature a été généreuse.