Lorsque l’on pense au Mont Saint-Hilaire, on pense à la Réserve naturelle Gault de l’Université McGill, au Centre de la Nature du mont Saint-Hilaire ou à la carrière Mont St-Hilaire, un endroit mondialement connu, car plus de 400 minéraux différents y ont été trouvés. Mais bien peu vont penser au ski alpin ou au saut à ski. Pourtant ces deux sports ont déjà été pratiqués à cet endroit.

Ski alpin

Le ski alpin se pratiquait au bout du chemin Ozias-Leduc. Des lettres patentes ont été émises le 25 novembre 1948 au nom de : Mont St-Hilaire Ski Club Inc. On parle de 6 actionnaires et d’un capital de 40 000 $. On voulait ‘conduire des opérations de sport récréatif en plein air’ et ‘exercer le commerce d’hôtel’. Le document suivant est probablement aussi de 1948, et on y parle pour la première fois de la possibilité d’avoir un ‘skitow’ au Mont Saint-Hilaire. M. Edmond Auclair, qui a signé ce document, était l’un des 6 actionnaires.

Le terrain où était située la pente de ski était loué du Brigadier Andrew Hamilton Gault. Comme un bail notarié a été signé seulement le 15 février 1950, le ski n’a possiblement commencé qu’à l’hiver 1950-1951. La photo principale montre le bas de la piste qui était accessible en utilisant un fil neige situé juste à droite de la piste. Sur la photo, on peut voir M. et Mme Reynolds, M. et Mme Auclair, ainsi que M. et Mme Eaman. Le crédit pour cette photo est : Photo SHGBMSH 123-074.

Ci-dessous, on peut voir la piste sous un autre angle. Celle-ci était étroite au sommet, et beaucoup plus large dans le bas.

Cette photo a été utilisée dans le calendrier de 1991 de la ville de Mont-Saint-Hilaire. Elle montre le fil neige et sur la gauche la piste de ski. Le fil neige se terminait juste un peu plus haut que ne le montre la photo, et une évaluation raisonnable du dénivelé serait de 50 mètres. Un vieux moteur de camion était utilisé pour faire fonctionner la remontée. La poulie au sommet du fil neige était attachée à un gros arbre. Encore aujourd’hui, on peut voir ce gros arbre avec des marques de câble sur son écorce. En 1959, le Club avait songé à élargir la piste de ski, mais y a renoncé, l’endroit n’étant pas idéal pour le ski alpin. La piste était orientée vers l’ouest et la neige fondant trop rapidement au printemps, cela diminuait la rentabilité de la station.

Un feu probablement d’origine criminelle a détruit le remonte-pente durant l’été 1963, et la station a cessé ses opérations. (Référence : Histoire du Mont-Saint-Hilaire 2012, par Pierre Lambert). Dans les années suivantes et avant que la végétation repousse, un ami et d’autres jeunes de la région en ont profité pour faire de la traîne sauvage dans le bas de la piste. Aujourd’hui, la piste de ski a disparu, mais on peut encore voir le tracé du remonte-pente.

Je remercie M. Pierre St-Germain et la Société d’histoire de Beloeil/Mont-Saint-Hilaire qui m’ont grandement aidé à trouver l’information nécessaire pour écrire cet historique du ski alpin au Mont Saint-Hilaire.

Saut à ski

Trouver de l’information sur le tremplin du Mont Saint-Hilaire a été beaucoup plus difficile que pour trouver de l’information sur le ski alpin. Il faut dire que le tremplin n’existe plus depuis près de 50 ans. Sur Internet, il existe une très petite photo de ce tremplin, et un écrit d’histoire confirme la brève existence du tremplin. C’est tout ce que j’avais pour point de départ.

Il est bon de savoir que le Brigadier Andrew Hamilton Gault avait acheté en 1913 une propriété de 890 acres au Mont Saint-Hilaire. Il est décédé le 28 novembre 1958, et par testament, il légua toute cette propriété à l’Université McGill. Il était un grand amoureux de la nature, et il voulait préserver pour les générations futures son coin de paradis.

J’ai fait de longues recherches dans la banque de données numériques de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Le plus vieil article de journal trouvé parle d’une compétition de ski nordique (incluant l’usage du tremplin) en janvier 1965. Le plus récent article mentionnant une compétition de saut au Mont Saint-Hilaire date du 31 janvier 1970. On indique que c’est un tremplin de 30 mètres, et le plus long saut mentionné est un saut de 114 pieds (35 mètres). Aucun article parle de la construction ou de la démolition de ce tremplin. Comme celui-ci était situé en montagne, il n’était pas si facile que cela d’accès. J’ai contacté de nombreuses personnes pouvant avoir de l’information sur ce tremplin, et par chance, une de ces personnes détenait la clef du mystère.

Le tremplin a été construit en 1964 et exploité par la division du Québec de l’Association de ski. Il a donc été utilisé de l’hiver 1964-1965 à l’hiver 1969-1970. En 1969, on a étudié la possibilité d’installer deux remonte-pentes, mais c’était incompatible avec la nouvelle vocation de la montagne. Sur la photo ci-dessous, on peut voir un plan de la montagne, avec l’emplacement du fil neige, du tremplin et des deux remontées proposées. Je trouve la marge d’erreur bien petite, car la piste d’atterrissage est assez étroite et les arbres ne sont pas loin. Le tremplin a été démoli au début des années 1970.

Je remercie M. Martin Duval, Responsable des services et de la sécurité à la Réserve naturelle Gault de l’université McGill, pour la photo du tremplin. Mais je le remercie encore plus d’avoir retrouvé une affiche d’une ancienne exposition au pavillon, et de m’en avoir envoyé des photos.

Suite à la publication de cet article, j’ai obtenu les photos suivantes. Elles sont d’une très grande rareté et qualité. C’est M. Maurice Martel, le père de M. Denis Martel que l’on peut voir sur ces photos, qui les a faites. Celui-ci a commencé à sauter à 12 ans sur le tremplin du Mont Carmel. Il avait même été sélectionné sur l’Équipe du Canada en 1972, mais à l’époque, il n’y avait pas ou peu de soutien financier pour faire ce sport.

Sur la dernière photo, on peut voir le jeune Denis Martel avec ses lunettes blanches, et à sa droite, M. Claude Trahan du Mont Carmel. C’est M. Trahan qui a initié M. Martel au saut. Puis, un peu en retrait avec un gilet bleu pâle, on retrouve M. Yves Carbonneau de l’Université de Montréal et organisateur de cette compétition. Finalement, en gilet rouge, il y a M. Daniel Touchette.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!