Chaud, le Valentin
Je sors de la maison, l’horizon bleuit lentement. Je devine les tons orange près de se pointer. Il est 6h15 et le thermomètre marque -26 degrés. Mon souffle se cristallise devant mes yeux. C’est joli, mais je n’oublie pas ce que ça signifie : il fait froid. Cependant, le silence de l’aurore et l’immobilité des cimes annoncent qu’Éole dort encore. Ça, ça augure bien. Pas de vent en vue. À mon arrivée à la station, il fait toujours -26 degrés. Toujours pas de vent, alors je souris sous mes masques (oui, oui les deux). Et c’est ainsi que se déroule toute cette journée fantastique : Éole est en grève, ou il boude, ou il fait la grasse journée. Quoi qu’il en soit, le froid ne se fait pas sentir. Au contraire, le mercure monte progressivement jusqu’à atteindre -14 en après-midi. Un vrai temps de Costa Rica. La glisse est superbe. Les pistes damées sont en parfait état, le corduroy est ferme et mes skis y mordent avec vigueur. Pas de glace. Skier tôt a ses avantages! Les pistes à enneigement naturel qui n’ont pas été damées, quant à elles, sont très fermes. Je skie surtout du côté des versants moins fréquentés et je m’en trouve comblé. Mon coeur de Valentin est bien au chaud aujourd’hui!
Peaux, poutine et bonheur
En route à l’aube, je passe par St-Constant sur l’autoroute 30. Les longs et maigres bras sans doigts des éoliennes tournoient lentement dans le ciel. Des derviches sans inspiration. À quelques kilomètres de là, les deux cheminées de je-n’ai-jamais-su-quelle-compagnie toussotent langoureusement une fumée cotonneuse sur fond orangé. Les boules de ouate grise montent verticalement sans pencher ni d’un bord ni de l’autre. C’est ainsi, je l’ai écrit, il n’y a pas de vent. Cela contribue sans doute à inciter de nombreux skieurs et planchistes à faire l’ascension en peaux à la station. Le temps est sublime et il invite à accéder au sommet par ses propres moyens. Bromont Montagne d’expérience propose 5 sentiers d’ascension. Ils sont fort prisés aujourd’hui. Tout autant que le fin fumet de la graisse de friture à la base du versant du Village! Cette irrésistible odeur de frites et autres poutines me fait saliver. Les deux gars assis sur la banquette face au snack-bar se délectent d’une poutine fumante et dégoulinante de sauce. J’ai une pointe d’envie, car l’expression de leurs visages en dit long sur le délice posé sur leurs genoux. Je me contenterai de mon sandwich au poulet, dans l’auto de surcroît. Pour autant, le bonheur n’est pas que pour eux. Au contraire, bien que je passe toute ma journée sur des pistes vertes et bleues (jambe sensible oblige) j’éprouve le plus grand bonheur à carver sur des surfaces fermes et si peu achalandées. Bromont propose des vertes et bleues qui ne sont pas des chemins plats pour bébés-la-las!
Attendez-moi!
Je n’étais pas venu à Bromont depuis deux ans. C’est moi qui a perdu au change, car cette station est fabuleuse. Le terrain est très varié et vaste. De plus, on y propose de longues pistes sinueuses de tous calibres. On y skie de tous côtés puisque les différents versants (cinq en tout) font face aux quatre points cardinaux. Cette grande diversité de terrains et de remontées permet de laisser de côté le versant du Village, le plus achalandé. Toutefois, les autres versants offrent un plus faible dénivelé. Je quitte la station vers 13h30 comblé et ravi d’avoir bravé le froid sibérien qui au demeurant n’était rien de plus qu’un ordinaire épisode hivernal bien de chez-nous! Oh, que je reviendrai très bientôt! Attendez-moi vous autres!