Je fais partie de ces gens choyés qui sont appelés à voyager pour leur travail. Certains se souviendront de ma série d’articles sur le ski en Écosse que j’ai eu l’occasion de réaliser en joignant l’utile à l’agréable. Ce fut à nouveau le cas au printemps 2022, alors que j’ai été invité à assister à une conférence sur le développement des destinations de montagne. L’événement m’a amené dans la Principauté d’Andorre, une région du monde qui semble être plus connue par les Québécois pour le vélo de montagne et la randonnée pédestre que pour le ski. Mais évidemment que j’en ai profité pour y skier, car oui, il y a des stations de ski à Andorre!
Brève présentation de la Principauté
La création de la Principauté d’Andorre (l’appellation officielle) remonterait à 788 sous le règne de Charlemagne. La Principauté compte plus de 78 000 résidents et couvre une superficie 468 km2 (l’Île de Montréal : 482 km2). De cela, seulement 8 % seraient propices pour l’habitation et l’agriculture; le reste étant occupé par les montagnes. La Principauté utilise la montagne, tant en hiver qu’en été, pour son développement économique ainsi que le magasinage (hors taxes) et le secteur bancaire. L’industrie touristique accueillait plus de trois millions de visiteurs annuellement avant la COVID. Les chiffres récents démontrent une reprise graduelle, comme dans beaucoup d’autres secteurs européens.
Le ski (et la planche) alors?
Les Pyrénées compteraient plus d’une quarantaine de stations de ski dont trois en Andorre, huit en Espagne et le reste sur le territoire français. Il serait tentant de faire la comparaison avec les Alpes ou l’Ouest canadien ou américain mais cet exercice est un peu inutile parce que les Pyrénées, bien de moindre envergure que les massifs montagneux sus-nommés, sont tout aussi dignes de la découverte. Les trois stations d’Andorre sont: Grandvalira, Pal Arinsal et Ordino-Arcalis.
Si vous faites comme nous et que vous vous installez à Andorre-la-Vieille, les trois stations de ski de la Principauté se situent à environ 30 minutes de route dans une direction ou l’autre. Si vous ne voulez pas conduire (donc louer une voiture) pour vous rendre à la montagne, il existe un service d’autobus (payant, évidemment) qui vous amène de l’hôtel à la station de votre choix et vous ramène. Vérifiez avec la réception de votre hôtel pour l’horaire. Lors de notre séjour, nous avons visité deux des trois stations, un tour du chapeau étant impossible à cause d’une question d’horaire. Nous avons donc évalué les stations à visiter simplement en fonction des chiffres les plus élevés, soient la taille du domaine skiable et le dénivelé: Grandvalira et Pal Arinsal furent nos choix.
Si vous avez à louer des équipements, faites-le directement à la montagne, car en réservant en ligne, il est difficile de retrouver dans quelle boutique récupérer son équipement et la boutique n’est peut-être pas la mieux placée par rapport au stationnement en choisi. Cela coûte sensiblement la même chose en ligne ou sur place. Rappelez-vous que la boutique n’appartient pas à la montagne; c’est un indépendant! Pour les billets de ski, explorez les forfaits disponibles dans les billetteries en ligne des sites des stations afin de faire des économies si vous skiez plusieurs jours. Dernière chose: vérifiez les dates des congés fériés/scolaires, qui ont un grand impact sur les prix et l’achalandage!
En chiffres Sommet : 2 640m Dénivelé : 930 m 210 km de pistes Carte des pistes (pdf) 139 pistes : 24 pistes vertes, 54 pistes bleues, 42 pistes rouges et 19 pistes noires 66 % du domaine est couvert par un système d’enneigement Domaine skiable : 1 926 HA 7 secteurs 76 remontées : télésièges à 6, à 4 à 2, tapis, etc. 3 parcs à neige 6 secteurs pour enfants 60 restaurants situés dans la montagne |
C’est cette station que nous avons visité en premier. Les statistiques ci-haut ainsi que la carte des pistes vous donnent un aperçu de la station, qui s’affiche comme le plus grand domaine skiable des Pyrénées. En empruntant le chemin qui arrive par le côté ouest, nous avons été privé de l’aperçu du domaine skiable… en plus d’être à l’opposé du versant qui offre tous les services dont nous avions besoin. Nous en avons pris conscience lors de la première montée, alors que le territoire se développait devant nos yeux: ça s’annonçait quand même intéressant comme journée! (L’image d’entête de cet article représente bien Grandvalira.)
Une première constatation dès la première descente: la largeur et la longueur des pistes sont vertigineuses, on n’est plus dans une station de l’Est du Canada ou de la Nouvelle-Angleterre! Comme nous ne savons pas comment Grandvalira classe ses pistes, nous nous sommes limités à des pistes vertes et des pistes bleues. Je n’ose imager à quoi ressemble une piste noire (double losange ici); sans doute une piste de type coupe du monde!
Compte tenu de la taille du domaine skiable et des nombreuses pistes et des nombreux sommets, prenez le temps de bien comprendre l’aménagement des pistes la veille, car il est facile de tourner en rond et de revenir au point de départ sans s’en rendre compte – ce fut notre cas!.
Comme l’encadré le mentionne, la restauration est présente partout sur le domaine que cela soit aux pieds, au milieu des pistes ou au sommet des différents pics. Vous avez le choix des cafétérias, des casse-croûtes ou des restaurants avec service selon l’endroit où vous vous trouvez. Prévoyez au moins deux jours chargés ou trois jours plus relax pour faire le tour de cet immense domaine skiable qui vous est offert.
En chiffres Sommet : 2 560m Dénivellation : 1 010 m 63 km de pistes Carte des pistes (pdf) 45 pistes : 7 vertes, 17 pistes bleues, 17 pistes rouges et 4 pistes noires 68 % du domaine est couvert par un système d’enneigement Domaine skiable : 707 HA 2 domaines distincts 32 remontées : téléphérique, télécabine, télésièges, etc. 1 parc à neige 2 secteurs pour enfants 21 restaurants situés dans la montagne |
Vallnord – Pal Arinsal est la deuxième station que nous avons visitée. Cette station est l’union de deux domaines connectés par téléphérique, soient Pal et Arinsal. Contrairement à Grandvalira, nous avons pu nous stationner aux pieds du domaine skiable, nous évitant le problème que nous avons connu précédemment (trouver un stationnement, la location des équipements, la billetterie et la remontée vers le sommet avec skis et planche).
Attention, Pal et Arinsal ne sont pas reliés entre eux par des pistes. Il faut prendre le téléphérique pour passer d’un domaine à l’autre (avec le bon type de billet évidemment!). Étrangement, contrairement à la première station, nous avons trouvé qu’il était plus facile de s’y orienter, même avec deux domaines distincts. Peut-être que notre niveau de fatigue et le décalage horaire y étaient pour quelque chose!
Bien que le temps était plutôt nuageux, nous avons pu apprécier pleinement le paysage grâce à quelques éclaircies en fin d’avant-midi. C’est là qu’on prend conscience de l’étendue des environs! Les conditions de ski étaient était bonnes, mais printanières: selon l’orientation des pistes et l’altitude, nous passions de la neige sèche à la neige mouillée.
À Pal Arinsal, le domaine skiable est légèrement plus petit (on devrait dire « moins étendu ») que la première station que nous avons visitée, les pistes sont longues, un peu plus étroites et bien travaillées. Le seul bémol pour cette station est que les prix pour la restauration et la location d’équipement semblent être plus élevés qu’à Grandvalira. Dans le cas de ce double domaine skiable, prévoyez deux journées pour une bonne exploration.
À savoir avant de partir pour Andorre
La langue parlée est le catalan, suivi de l’espagnol et ensuite du français ou de l’anglais, selon les personnes. Vous apprenez rapidement à vous présenter en disant « francès » (français) ou « inglés » (anglais). Il y a presque toujours quelqu’un qui parle français ou anglais, sinon on improvise! Rappelez-vous qu’il y a beaucoup de mots en catalan qui ressemble au français soit dans la prononciation ou dans l’écriture. Dans les restaurants, on retrouve très souvent des menus en français. Chose certaine, l’affichage est multilingue!
Si vous louez une voiture, nous vous recommandons d’avoir au préalable pris votre permis de conduire international… car en cas de pépins, en plus de la contravention, les autorités saisissent la voiture! Autre suggestion, prenez votre assurance auto (tous risques) au point de location; cela est plus simple et évite des problèmes en cas de réclamations.
Comme dans l’ensemble des destinations européennes, tous les paiements peuvent se faire par carte de crédit sur place; vous pouvez toutefois vous garder quelques Euros en poche au cas où. Avant de partir en voyage, passez à votre institution financière à l’avance, car elles n’en ont pas toujours en succursale.
Le carnet de voyage
Afin de profiter de votre séjour, essayez d’arriver tôt dans la journée. Cela n’a pas été notre cas… nous sommes partis avec une voiture louée de Barcelone en fin d’après-midi, pour parcourir les trois heures de route qui séparent la Catalogne d’Andorre-la-Vieille. Donc, malheureusement, pas vraiment le temps d’admirer le paysage, la topographie et l’architecture avant le coucher du soleil en route!
Une fois sur place, gardez-vous un petit moment pour prendre le temps de marcher dans la ville. Vous constaterez une ville dynamique et un développement urbain assez spécial; dans le milieu d’une profonde vallée. De l’hébergement, il y en a de tous les goûts – naviguez sur le web avant de faire une réservation via des plateformes de réservation en ligne. Si vous avez loué une voiture, assurez-vous surtout qu’il y a du stationnement disponible sur place (il est souvent payant).
Autre pays, autres mœurs, les restaurants n’ouvrent qu’à partir de 20 h. C’est un peu tard pour les Nord-américains que nous sommes, après une journée de ski… mais il y a plusieurs petites épiceries pour vous dépanner en attendant le repas du soir! Également, typique des pays latins, plusieurs commerces ferment entre 14h00 et 16h00…
Je tiens à remercier Thomas et Charles (mes enfants et délégués volontaires pour la prise des photos), ainsi que madame Meritxell Duró Trouillet de Mountain Likers pour les billets de ski et madame Montse Guerrero de Ski Andorre pour des informations sur Andorre comme destination. J’espère avoir couvert suffisamment le sujet pour vous inciter à explorer cette destination! Ens veiem bé a les pistes! (On se voit sur les pistes bientôt! [en catalan])
Post-scriptum :
Comme j’ai abordé vaguement le sujet de Nessie, le monstre du Loch Ness dans mes textes sur le ski en Écosse, vous devinez que j’étais intrigué par les personnages imaginaires d’Andorre. Ils se présentent sous plusieurs variantes, plus ou moins régionales.
Il y a d’abord le Dahu, qui selon Wipipédia est « … un quadrupède dont les seules caractéristiques connues sont d’avoir deux pattes plus courtes d’un côté que de l’autre, ce qui lui permet de se déplacer facilement sur le flanc des montagnes, mais dans un seul sens. » Cet animal imaginaire figure dans les mythologies rurales et montagnardes de plusieurs régions françaises ou espagnoles.
Puis, il y a les Tamarros, au nombre de sept. Ce sont les protecteurs de la nature et des forêts d’Andorre. Ces êtres espiègles issus des légendes et de l’imagination populaire vivent dans un monde singulier. Ils sont très difficiles à voir, car non seulement ils bougent beaucoup et très vite, mais ils savent le faire sans se faire remarquer du tout. Ajoutons à ces difficultés qu’ils sortent de leur monde uniquement s’ils en ont besoin.
Chacun des sept Tamarros est chargé de protéger le milieu naturel des paroisses d’Andorre. Pour mener à bien cette tâche, ils disposent d’une porte magique cachée dans les bois qu’ils protègent de leur ennemi juré, le Détritus, un méchant troll qui fait tout ce qu’il peut pour abîmer et détruire la beauté des montagnes, des lacs et des forêts d’Andorre. (Source: https://visitandorra.com/fr/nature/trouvez-le-tamarro/ )
À propos de l’auteur
Je skie principalement dans Nord-est de l’Amérique du Nord. Je suis un skieur de niveau intermédiaire et pour ce voyage, j’étais accompagné de deux adolescents au même niveau de ski que moi, un était en planche à neige. Nous étions tous les trois en « mode découverte »! Comme je suis consultant et enseignant en récréotourisme, je suis un skieur qui regarde tout des stations que je visite, du dessin des pistes jusqu’à l’orientation du chalet en passant par les services offerts. Ma passion pour le développement des entreprises touristiques m’a poussé à entreprendre un doctorat… entre deux descentes en ski!