La Tzoumaz et Verbier, deux stations situées dans le canton du Valais en Suisse, font partie intégrante du vaste domaine skiable des 4 Vallées. Verbier, perchée à environ 1500 mètres d’altitude, est mondialement connue pour son ambiance chic et festive ainsi que pour son terrain hors-piste de renommée internationale. De l’autre côté de la montagne, La Tzoumaz, plus discrète et familiale, se trouve à 1500 mètres également et offre un accès direct aux mêmes pistes, tout en proposant une atmosphère plus calme. Ensemble, elles donnent accès à plus de 400 km de pistes, avec des panoramas spectaculaires sur les Alpes valaisannes.

Depuis mon hôtel à Sion, il me suffit de 30 minutes en voiture pour rejoindre La Tzoumaz. En suivant la route qui monte depuis la plaine du Rhône jusqu’à la station, c’est déjà une expérience en soi. Pas moins de douze lacets à 180 degrés permettent de passer de 500 mètres d’altitude dans la commune de Riddes à environ 1500 mètres, là où commence le front de neige. Dans la vallée, les vignes et les cerisiers sont déjà en fleurs, tandis qu’en haut, l’hiver règne encore: un contraste spectaculaire.

Je me gare dans le stationnement souterrain de l’hôtel T-Resort, juste à côté de la billetterie et de la télécabine. Il y avait bien un stationnement gratuit un peu plus bas le long de la route, mais je préfère économiser mes pas et mon énergie pour les pistes. C’est un samedi de fin mars, et l’ambiance est étonnamment calme à La Tzoumaz. C’est un peu comme si on entrait dans les 4 Vallées par une entrée secrète que seuls les initiés connaissent.

Je débute ma journée de ski à 9h00 précises au bas de la télécabine de La Tzoumaz. En arrivant au sommet de Savoleyres, à 2344 mètres, je constate que les conditions météo seront plus compliquées que prévu. Le ciel est bouché, le vent souffle, et la visibilité est faible. Impossible de skier directement vers Verbier par Carrefour : la neige manque et il faudrait marcher un bout. Je prends donc les petites télécabines grises de Savoleyres pour descendre. Une vraie expérience rétro : elles ne comptent que 4 places, avec un poteau central pour s’agripper. Leur démantèlement est prévu prochainement, car une nouvelle remontée mécanique est présentement en construction, ce qui mettra également fin au transfert en bus.

Visibilité déjà passablement réduite pour cette première descente dans le secteur Savoleyres.
Le restaurant Des Grands Plans, se situe sur les pistes de ski, entre Verbier et le sommet de Savoleyres.
Les petites télécabines grises permettant de passer du sommet Savoleyres à 2344 mètres, à Verbier 1491 mètres. Elles sont utilisées dans un sens comme dans l’autre.
Ici, la gare de Médran à Verbier. Elle est un passage obligé pour quiconque souhaite accéder aux parties les plus éloignées du domaine, en direction de Nendaz ou Veysonnaz.

L’autobus me dépose à la gare de Médran, véritable cœur névralgique du domaine de Verbier. Ici, les infrastructures sont modernes et impressionnantes. Je monte ensuite aux Ruinettes (2191 m), point stratégique qui concentre deux arrivées de télécabines et deux départs vers d’autres secteurs. De là, je poursuis vers La Chaux (2265 m), en passant par le sommet de Fontanet. Malgré une météo capricieuse, la visibilité s’améliore légèrement dans ce secteur, ce qui attire beaucoup de skieurs à cet endroit.

La gare des Ruinettes… tellement vaste et impressionnante avec toutes les infrastructures nécessaires pour passer d’un des nombreux téléphériques à un autre. 
La gare des Ruinettes: des infrastructures gigantesques à mi-montagne.

Mais je vise plus haut: j’emprunte l’imposant téléphérique Jumbo, 125 places, qui m’amène au Col des Gentianes à 2894 mètres. C’est le plafond de ma journée, car au-delà, le Mont Fort est invisible dans cette « journée blanche » typique. Il aurait été inutile de tenter la piste noire qui descend du sommet du Mont Fort, car la visibilité est déjà quasi nulle ici, au Col des Gentianes.

Le téléphérique Jumbo avec une capacité de 150 personnes. Dans les prochaines années, il sera probablement remplacé par une installation à mouvement continu de type 3S, offrant une fréquence et une capacité de transport plus élevées avec des cabines en mouvement continu.
« Journée blanche » aux Gentianes. Inutile de monter plus haut.
« Journée blanche » aux Gentianes. Mieux vaut savoir où vous allez, car les repères visuels pendant la descente seront quasi inexistants.

Je me lance donc dans la piste rouge Gentianes. Le début est costaud: un mur bien raide, peu de visibilité, des amas de neige fraîche pas faciles à anticiper. Heureusement, suivre d’autres skieurs aide un peu. La suite de la descente est plus douce, plus fluide. Je passe devant la Cabane du Mont Fort, puis retrouve La Chaux où j’enfile quelques descentes sur ce petit versant.

Sur la piste rouge Gentianes, on passe sous le téléphérique Jumbo, à peine visible par ce temps.
Cabane du Mont Fort, à 2457 mètres d’altitude, elle offre habituellement une vue à couper le souffle sur le Cervin à l’est et le Mont Blanc à l’ouest.

Pour rentrer vers Verbier, je prends le télésiège La Chaux 2, puis une piste étroite sous un pont qui m’amène jusqu’au restaurant l’InKontro. Toujours ce brouillard épais… Je reste sur la piste rouge pour éviter la noire, et je finis par rejoindre les Ruinettes. Au lieu de continuer la descente, je choisis la facilité: retour en télécabine jusqu’à Médran, puis autobus vers la vieille télécabine Savoleyres.

Deux pistes se croisent, l’une en surplomb, l’autre en contrebas — un véritable échangeur d’autoroute alpine qui permet de basculer d’un versant à l’autre en toute fluidité.

Me voilà de retour sur les pistes de La Tzoumaz en cette fin de matinée. Du sommet, je prends la piste bleue qui longe la crête. À gauche, la vallée du Rhône se dévoile dans toute sa splendeur, grâce à un phénomène météo étonnant : les nuages s’ouvrent littéralement d’un côté de la crête. À droite, le versant vers Verbier est toujours complètement noyé dans les nuages.

Au sommet, à cheval entre les pistes de La Tzoumaz et celles de Savoleyres. C’est aussi ici le départ de l’une des plus longues pistes de luge de Suisse romande, avec 711 mètres de dénivelé.
Deux versants, deux conditions météo distinctes: à gauche, on glisse sur les pentes de La Tzoumaz, tandis qu’à droite, c’est le domaine de Savoleyres qui s’offre aux skieurs.
Environ 50% du versant de La Tzoumaz est situé au-dessus de la ligne des arbres.
Ici, on entame, la deuxième partie de la descente, dans la forêt.

Alors que Verbier attire les foules, c’est finalement La Tzoumaz qui m’offre les plus belles descentes de la journée. Peu de skieurs, une neige agréable, des vues spectaculaires… Je termine ma session de ski en passant par la Buvette des Etablons, à la fin de la piste de luge. Ce bar vitré et convivial est parfait pour l’après-ski: petite restauration, ambiance festive, vue magnifique. C’est aussi la dernière étape avant de revenir au cœur de La Tzoumaz.

Vue plongeante vers le fond de la vallée du Rhône pour descendre jusqu’à La Tzoumaz.
Fin de la piste à La Tzoumaz.

Une journée intense, riche en contrastes et en sensations. La Tzoumaz mérite clairement qu’on s’y attarde. Sur la carte, ce secteur semble en retrait et un peu moins élevé, mais il réserve de belles surprises. Il faut seulement composer avec le transfert par bus pour rejoindre Verbier (rapide et efficace dans les deux sens), mais le jeu en vaut la chandelle.

Sur le domaine skiable, il est indispensable de consulter les panneaux indicateurs ou d’avoir un plan des pistes en poche. Le domaine est vaste, complexe, et il ne suffit pas d’avoir consulté brièvement le plan des pistes la veille pour s’y retrouver. Les sommets, les versants, les connexions dans toutes les directions rendent difficile la lecture du plan des pistes en deux dimensions. Rien ne remplace l’expérience sur le terrain d’autant plus que vous êtes continuellement en déplacement d’un versant à l’autre.

Conclusion : une journée mémorable, entre nostalgie et modernité, entre paysages dégagés et nuages épais. Et surtout, un coup de cœur inattendu pour La Tzoumaz, cette porte discrète mais précieuse pour découvrir les 4 Vallées.

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David Lemieux
Skieur autodidacte depuis le début des années 80, il slalome les stations en solo, entre amis ou en famille en quête de pur plaisir. Amateur de premières traces, il est habituellement sur les pistes de bonne heure pour savourer les meilleures descentes de la journée : "Rien ne sert de courir; il faut partir à point!"