Éternellement insatisfait de tous les bâtons de ski qu’il a utilisés depuis 45 ans de pratique de ce sport, Étienne Lavaux croit avoir enfin trouvé la quintessence des bâtons de ski. L’ultime pole, celle qui l’accompagne dans le meilleur et le pire de ses descentes. Et montées. Rencontré lors d’une escale à l’aéroport de Vancouver, Étienne me raconte sa quête du bâton ultime. N’ayant jamais trouvé ce qu’il recherchait, il me montre une photo des « cannes » qu’il s’est fabriquées lui-même: d’antiques bâtons de ski de fond en bambou qu’il a coupés à la longueur voulue et au bout desquels il a collé à l’époxy des pointes en carbure glanées sur internet. En prime, les dragonnes en cuir de daim ajoutent ce caractère suranné qui n’est pas sans rappeler Jack Rabbit Johannsen.
Style ou fonction?
Accessoire parfois davantage associé au style qu’à sa réelle fonction, le bâton de ski en mène large dans les boutiques. Une conseillère d’une boutique spécialisée me confie que nombreux sont les acheteurs de skis qui recherchent d’abord des bâtons dont la couleur “matche” le plus avec leur nouvel achat. En fait, il n’est pas si simple de débroussailler la grande variété offerte. Voici un petit tour d’horizon de ce qu’il faut savoir pour faire un choix éclairé. Et au cas où vous vous demanderiez: les bâtons chauffants n’existent pas encore…
À quoi ça sert, les poles?
On s’en doute bien, les bâtons ont une autre utilité que le simple look. Bien employés, ils aident à stabiliser et à équilibrer le corps en mouvement durant la descente. En permettant des ajustements constants de la position des bras et en facilitant le positionnement du centre de gravité, les bâtons deviennent une extension du corps. De plus, le planté du bâton est critique dans les virages. Qu’il s’agisse du déclenchement du virage, de la rotation du corps, du positionnement des épaules dans la ligne de pente ou pour rythmer les virages, les bâtons sont un must. C’est sans parler de leur fonction de propulsion en terrain plat ou ascendant, et parfois pour se relever d’une chute. Et une fois la bonne couleur trouvée, on n’en sera que meilleurs!
Une vaste de gamme de caractéristiques
Les bâtons se déclinent en deux types en ce qui à trait à la longueur de leur tige: fixes ou télescopiques. Ayant la cote auprès d’une majorité de skieurs, les bâtons à longueur fixe sont généralement les plus abordables. La méthode classique du coude à angle droit permet de trouver la longueur optimale. Ce type de bâtons a parfois une courbure dans la tige. Cela est recherché par les coureurs. Quant à eux, les bâtons télescopiques disposent de deux ou trois sections qui permettent de varier la longueur selon que l’on descend ou que l’on monte (en randonnée alpine). Les sections sont ajustables grâce à différents systèmes de blocage. Les systèmes de blocage à vis tendent à disparaître et peuvent se révéler capricieux et parfois difficiles à dévisser. De manière générale, les systèmes de blocage externe avec levier (Fliclock, Dynalock, etc) sont supérieurs dû à leur fiabilité et à leur facilité d’utilisation.
La partie supérieure du bâton est constituée de la prise (poignée) et de la dragonne. La prise est généralement faite de plastique, mais plusieurs autres matériaux sont aussi utilisés: caoutchouc, liège, cuir, etc. Elle est parfois moulée de façon à accueillir les doigts de façon plus ergonomique. La dragonne peut être détachable (question de sécurité en sous-bois ou en terrain avalancheux) ou fixe. Le nylon semble être le matériau de choix. Certains bâtons télescopiques destinés au ski de randonnée alpine possèdent une saillie au sommet de la prise qui permet de positionner les cales d’ascension des fixations sans avoir à se contorsionner. À l’autre extrémité des bâtons, se trouvent les rondelles, ou paniers, généralement interchangeables. Plusieurs tailles sont disponibles selon le type de neige sur lequel évolue le skieur. Finalement, les bâtons comportent toujours une pointe renforcée. C’est elle qui pique dans la neige durcie. Elle facilite entre autre la propulsion en terrain plat. La pointe peut être constituée de carbure, d’acier ou d’aluminium (en ordre décroissant de dureté et de durabilité). Plusieurs fabricants offrent des bâtons dont la pointe peut être remplacée, si nécessaire.
Les matériaux dont sont fabriqués les bâtons varient peu d’un modèle à l’autre. L’aluminium trône au sommet de la liste. Léger, abordable et offrant un excellent rapport force/poids, le bâton en alu est un incontournable. Pour des bâtons plus forts et plus légers (plus chers aussi), on favorisera l’aluminium 7075 (parfois appelé Zicral; un mélande de zinc et d’aluminium) et ses variantes (T6, etc.). Plus abordable et moins fort, les aluminiums de type 5052 et 6061 sont monnaie courante. Il y a de fortes chances que l’absence de mention quant au type d’aluminium employé indique qu’il ne s’agit pas de 7075.
Au sommet de la légèreté, de la force et de la rigidité (et du prix!) on retrouve les bâtons en fibres de carbone. Contrairement à l’aluminium, le carbone ne se déforme pas; cela veut dire qu’un impact peut les fracturer, les rendant inutilisables. Les tiges de bâtons composés de ce matériau sont d’un diamètre inférieur aux tiges en aluminium.
Bien que rarement utilisé, le bambou est un matériau de choix pour les bâtons de ski. Écologique, fort, flexible, résilient et relativement léger, le bambou a un côté vintage recherché par plusieurs.
Le mot de la fin
Qu’on les recherche pour le look, la performance ou la fonction, les bâtons de ski sont un incontournable dans la panoplie du skieur. Une recherche succinte sur internet met en lumière une très grande variété de produits avec des écarts de prix renversants: de 30$ à 300$! Acheter en ligne peut avoir ses avantages (tels que le prix et la facilité), mais ne permet pas de sentir le bâton dans ses mains ni de ressentir le poids de balancement (swing weight). Dit autrement, comment se comporte le bâton lors de la flexion du poignet durant le piqué, etc.? Une question de feeling… En prenant le temps de cibler ses besoins (et ses envies) et en consultant un conseiller en boutique, il est facile de trouver « bâton à sa main ». Et comme me l’a si bien dit Étienne Lavaux, à l’aéroport de Vancouver: « Le bâton ne fait pas le skieur! »












