Cette station était située sur la route 117, au début de la ville de Ste-Agathe-des-Monts. Si elle était très visible lorsqu’elle était en opération, aujourd’hui il ne reste plus de traces de la station.

Son histoire commence en 1945 quand Alex Foster achète du terrain pour y construire une station de ski. Pour en savoir plus sur cet homme qui a eu une réelle influence sur le développement du ski dans les Laurentides, on peut lire mon article sur Big Hill – Côte 50 – Mont Prévost.

Je ne sais pas exactement quand cette station de ski a commencé ses opérations. J’ai trouvé deux articles de journal datant de mars 1950 et qui parlent d’épreuves de slalom dans un cas à la ‘Descente Foster’ et dans l’autre à ‘Foster’s Hill’. Une chance incroyable est que l’Office Nationale du Film a tourné à l’hiver 1950-1951 un film pour faire la publicité des loisirs l’hiver dans les Laurentides. On présentera le film ‘Flying skis’ pour la première fois en décembre 1951 à Sainte-Agathe. Puis le film sera distribué à travers le Canada et les États-Unis. Une partie du film a été tournée au Mont Foster. Les photos suivantes viennent de ce film.

Il serait intéressant de savoir pourquoi le panneau publicitaire de la station indiquait ‘Foster Laurentian Ski Park’, un nom que je n’ai pas vu dans un journal.

Alex Foster était un excellent instructeur de ski. Avec l’équipement de l’époque, c’était considéré comme très spécial que de pouvoir faire des fantaisies en ski et même skier à reculons.

Ces photos montrent la piste principale de la station. Sur la dernière photo, Alex Foster fait un parcours que les trois autres skieurs tentent de suivre. C’est la route 117 que l’on voit en haut de cette photo.

Si on fait face aux pistes, le chalet était à gauche. Voici le fil-neige qui allait au sommet des pistes. Le dénivelé de la station était de 130 mètres.

On peut se demander pourquoi ce skieur a clairement cherché à garder les skis au-dessus de lui. Il faut savoir que dans les années 1940 et 1950, les fixations n’étaient pas performantes comme aujourd’hui. Les skieurs préféraient se fier le moins possible au bon fonctionnement des fixations. L’autre photo montre une mère skiant avec son enfant sur le dos. Il ne faut pas avoir peur des accidents pour faire cela.

Cette carte a été extraite d’un plan publié en 1954 par l’Association du ski de la Zone Laurentienne. On voit le Mont Chevreuil, qui deviendra le Mont Alta. À sa gauche, c’est le Mont Foster avec ses 2 fils-neige, le plus petit donnant accès au secteur plus facile de la station.

Entre 1953 et 1963, la station a connu quelques changements de propriétaires. Cet article de journal de mars 1962 montre qu’on s’amusait au printemps au Mont Foster.

Pour l’hiver 1962-1963, le nom de la station est devenu Mont Foster Fugère. Ce changement de nom me laisse supposer que Jacques Fugère avait signé une entente pour la gestion de la station avec une option d’achat. En mai 1963, la compagnie Mont Fugère Inc. a été incorporée, et celle-ci achètera quelques mois plus tard la station de ski. Le nom de la station deviendra alors Mont Fugère.

Ce plan de la station a été fait au moment de son achat. On constate que le fil-neige principal avait déjà été remplacé par une arbalète double, et qu’on allait remplacer le petit fil-neige par une remontée de type poma. L’avantage de cette nouvelle remontée est sa rapidité. On indique aussi qu’on veut construire un hôtel. Le Chamonix sera construit, mais à la gauche du chalet de la station, afin de ne pas réduire l’espace de stationnement pour les skieurs.

Robert Fugère, fils de Jacques Fugère, sera directeur de l’école de ski durant les hivers 1964-1965 et 1965-1966. En 1961, il a gagné la descente au Championnat Junior Canadien de ski alpin. Il a été membre de l’Équipe Nationale de ski du Canada, mais de malheureuses blessures l’ont fait laisser la compétition pour devenir instructeur, et aussi entraîneur avec l’Équipe Nationale. Les instructeurs au Mont Fugère portaient sur leur manteau un bel écusson très visible. La dernière photo montre les gagnants d’une compétition. Au centre, on peut voir Robert Fugère et devant lui sa jeune sœur Jo-Ann.

L’hôtel Le Chamonix était un lieu de rencontre très populaire pour l’après-ski. Ces 3 photos sont de vers 1965. Même si j’ai connu cette époque, je suis toujours surpris quand je vois une annonce pour une semaine de ski à 59 $. Aujourd’hui, il faut choisir avec soin sa station pour payer ce prix uniquement pour le billet d’une journée de ski.

Cette photo montre Jacques Fugère avec à sa gauche, sa fille Nicole. Sur la 2e photo, à gauche, c’est Peter Duncan. Sur la photo suivante, au centre, c’est Nancy Greene Raine à la fin des années 1960. Celle-ci a été championne olympique en slalom géant et deux fois championne du monde de ski alpin. À droite sur la dernière photo, c’est l’épouse de Jacques Fugère, Alice. Celle-ci sera un certain temps responsable du restaurant du chalet de la station.

Sur les deux premières photos, on peut voir l’arbalète allant au sommet de la station. Sur la 3e photo, c’est le stationnement et au loin, on aperçoit la remontée Poma.

Robert Fugère a contribué à la conception de cette très belle et distinctive épinglette. Je me considère très chanceux d’avoir dans ma collection celle qui a été fabriquée pour l’hiver 1963-1964. Dans les années 1970, celui-ci en a fait refaire. Le nouveau fournisseur a fait une bonne copie, mais si on regarde attentivement les 2 épinglettes, on constatera qu’il y a des différences.

Sur ces photos, on retrouve les 2 pistes principales de la station. Elles ont une bonne largeur, ce qui aide à les garder en bon état durant toute la journée.

Ce coupon de 2,25 $ date des années 1960. Être membre d’un club de ski était une façon populaire et économique pour faire du ski. Le billet de ski est de l’hiver 1973-1974 quand j’ai skié à cette station. La route 11 est l’ancien nom de la route 117.

Voici le chalet de la station tel qu’il était au début des années 1960, puis suite à sa rénovation. Sur la 2e photo, on voit un rouleau utilisé dans l’entretien des pistes.

Ces deux photos de ski de printemps datent du 15 avril 1969. Les pistes étaient orientées nord, ce qui aidait à prolonger la saison de ski. Les skis étant longs et étroits, au printemps, on les gardait très collés pour créer une plateforme rendant ainsi le ski plus facile.

Pour l’hiver 1971-1972, Robert Fugère et 3 associés ont acheté la station de ski. Comme en parle cet élogieux article de journal du début de mars 1972, on a adopté une politique de marketing agressive pour faire connaître la station. Tous les détenteurs d’une passe de saison d’autres stations pouvaient skier gratuitement sur semaine jusqu’à la fin de la saison.

Robert Fugère a vendu à ses associés sa part de la station à l’hiver 1976-1977. Peu après, ceux-ci vendront la station à un nouvel acheteur. La dernière saison de ski sera celle de 1977-1978. La raison de cette fermeture est très probablement la destruction du chalet de la station en 1978 par un incendie. Aujourd’hui, on retrouve des commerces le long de la route 117, et des maisons sur le reste de la montagne. La photo vient de Google.

Il m’a été possible d’écrire cet article grâce à la collaboration des enfants de Jacques Fugère, soit Jo-Ann, Robert, Nicole et Michel. Je remercie le Dr Michel Allard, historien, qui m’a fourni les contacts essentiels pour commencer mes recherches. Les articles de journal proviennent de la section numérique de la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec). L’Index des immeubles a été consulté par Robert Miron, me permettant de comprendre l’historique de la station.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Jacques Poulin
Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!