Alors que j’ai passé mon dimanche dans une station des Laurentides où il avait pourtant neigé durant la nuit précédente, j’étais revenu à la maison déçu. Aucune sensation particulière n’était ressortie de ma journée. Peut-être était-ce la grisaille (encore elle). Cependant, ce lundi éclatant à Orford me ramène au cœur de ma passion d’hiver, le ski.

Un terrain de jeu sérieux

Avec ses trois sommets, la station culmine à 850 mètres alors que le dénivelé est de 590 mètres. Répartis sur trois sommets, les 44 pistes et les 11 sentiers d’ascension ont de quoi vous laisser bouche bée. Il y a ici des sous-bois et des à-pics à couper le souffle, n’en doutez pas. Je n’étais pas venu à Orford depuis l’hiver dernier et j’avais oublié combien la station peut nous ébranler. Je débute ma journée avec une succession de deux montées en randonnée alpine sur le mont Alfred-Desrochers par le sentier L’Hermine. Que de neige! Comme plusieurs autres skieurs et planchistes avant moi, je ne peux résister à l’envie de redescendre sous la falaise qui domine le flanc gauche du sentier sur son dernier tiers. Dans un dévers parfois prononcé, j’essaie tant bien que mal de rester debout parmi les obstacles. J’ai aussi chaud en descendant qu’en montant! Par ailleurs, la station est victime de la popularité toujours croissante du ski de randonnée. Le sentier dans lequel je monte est entrecoupé d’une multitude de raccourcis et de passages alternatifs qui ne peuvent qu’altérer la forêt et augmenter l’empreinte du passage des skieurs. On peut faire mieux, je crois.

Enfin sous la neige

Comme les autres stations des Cantons de l’Est, Orford peut enfin clamer être sous la neige. Malgré cela, plusieurs pistes sont encore fermées et attendent d’être enneigées par les opérateurs. Tout ça est en route. Dans les pistes les plus pentues, on se retrouve rapidement sur des surfaces très fermes, voire glacées. Mère Nature a encore du travail à faire. Soyons juste, cependant, plusieurs pistes gardent mal la nouvelle neige dû à leur inclinaison et non pas tant à cause du manque de neige naturelle. C’est le cas de quelques passages de sous-bois particulièrement audacieux et accidentés. D’ailleurs, c’est de loin que j’observe les Petit Canyon et Porc-Épic… Je suis trop chicken pour m’y aventurer! Les pistes marquées double diamant noir d’Orford méritent tout à fait leur niveau indiqué.

Plaisir retrouvé

Hier, dans les Laurentides, j’ai skié machinalement malgré la nouvelle neige. Mais aujourd’hui, sous le soleil et dans un domaine skiable impressionnant, je retrouve plaisir et satisfaction. Je ne me « tanne » pas de skier. Tout au plus ai-je parfois, comme hier, une petite déception. C’est de courte durée; rien de tel qu’Orford pour me redonner mon entrain. Et je ne suis pas seul en ce lundi. La journée débute calmement, mais les visiteurs continuent d’affluer tout au long de la journée. Il y beaucoup d’adolescents en journée pédagogique dans le coin. Ils sont ici. Chanceux, va! Des trois sommets que j’explore, mon préféré est définitivement le mont Orford à proprement parler. Entre des pistes marquées diamant noir et la verte 4 km (pas si verte que ça au départ!), j’ai beaucoup de plaisir à travailler ma technique. En effet, au delà des défis techniques qu’offre la station, le vent est une constante ici. Le sommet Orford est particulièrement balayé et poli par les vents parfois très forts qui produisent donc des surfaces très dures. C’est pour cette raison qu’on retrouve à son sommet des pare-vents de plus de deux mètres de haut. Quoi qu’il en soit, passer une journée ici, en rando alpine ou en pure glisse, est une belle occasion de repousser ses limites. Ou d’y rester confortablement lové! Vous aimeriez alors le sommet Alfred-Desrochers, mieux protégé du vent et avec de belles pistes marquées bleues et vertes. À bientôt, Orford!

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Patrick Teasdale
Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.