Le Mont-Tyrol, à Saint-Hippolyte dans les Laurentides, était une station de ski familiale, au sens complet du terme. La clientèle était familiale, mais la famille du propriétaire a aussi été impliquée dans la gestion de la station. M. Jacques Dagenais, vers le milieu des années 1950, a acquis de sa famille le terrain qui deviendra le Mont-Tyrol. Celui-ci était un entrepreneur né, et il voyait dans un centre de ski une opportunité d’affaire, mais aussi une façon pour sa ville d’attirer les touristes.

De 1957 à 1961, on a procédé au défrichage des pistes. Sur le côté droit, on a installé un fil-neige qui donnait accès au bas des pistes. La station n’était cependant pas encore officiellement ouverte. Sur ces photos, on peut voir M. Dagenais, puis le premier bâtiment ayant servi de restaurant, et finalement un des fils de M. Dagenais, Michel, devant le moteur de camion qui faisait fonctionner le fil-neige.

La station a été officiellement ouverte pour la saison 1961-1962, sous le nom de Mont-Tyrol. Ce nom a été suggéré par une skieuse de l’endroit en souvenir du ski qu’elle faisait dans le Tyrol dans sa jeunesse. Une arbalète double se rendait au sommet de la station d’un dénivelé de 450 pieds (137 mètres). On avait installé des haut-parleurs et on skiait au son de la musique tyrolienne. Le fil-neige a été en opération que pour 1 ou 2 hivers, et il était surtout utilisé par l’école de ski. Il y a eu aussi du ski de soirée, mais seulement durant quelques années.

Je dois souligner un fait très spécial. À l’été 1962, le journal local, l’Écho du Lac, a publié un article qui entre autres choses, encourageait les autorités religieuses à offrir une messe à 17 h. Les skieurs pourraient ainsi profiter des belles conditions du matin, et laisser la place l’après-midi aux touristes. Surprise, cela a été fait !

On retrouvait dans le chalet un restaurant. Les samedis soir, on organisait des soirées typiquement tyroliennes avec des danseurs. Il y avait une terrasse sur le toit, celle-ci étant très populaire au printemps pour profiter du soleil. On peut voir la terrasse au loin sur la première photo, et de plus près sur la deuxième.

Sur la première photo, près de la station de ski, on voit le garage que possédait M. Dagenais. On y retrouvait la boutique pour le ski de fond. Pour le ski alpin, la boutique était au chalet de ski. L’autre photo date des débuts de la station. Cette affiche est assez spéciale, le texte parlant du fil-neige qui était à droite, alors que le plan des pistes montre plutôt sur la gauche la 2e arbalète qui sera en fonction probablement l’hiver suivant. Celle-ci ne se rendait pas au sommet.

M. Dagenais étant habile de ses mains, il a fabriqué cette dameuse qui a été utilisée dans les débuts de la station. L’été, pour l’entretient des pistes, on utilisait une faucheuse, au début tirée par des chevaux, et par la suite par une machine. La dernière photo montre la dameuse utilisée par la station à partir des années 1970.

Voici l’épinglette utilisée dans les années 1960, puis l’épinglette et l’écusson des années 1970, et finalement la médaille d’argent qui était remise lors de compétitions.

Ce dépliant date des années 1960 et montre non seulement le plan des pistes, mais aussi les services et activités disponibles à la station. Sur la 2e photo, on peut voir les 2 remontées, et sur la 3e, une piste transformée en belles bosses au printemps. Sur la dernière photo, on retrouve la patinoire qui a été construite en collaboration avec la ville de Saint-Hippolyte. Cela donnait la possibilité aux jeunes comme aux plus vieux de jouer au hockey, au ballon sur glace ou de faire du patin libre.

En 1966, un épisode de la très populaire l’émission Cré Basile a été filmé au Mont-Tyrol, avec le regretté Olivier Guimond dans le rôle de Basile Lebrun.

Durant une vingtaine d’années, Jacques Dagenais et sa famille ont été très impliqués dans les opérations de la station. Ces photos sont de différentes années. Sur la première, on peut voir Jacques Dagenais avec sa fille Monique lors d’une compétition parent-enfant, puis on a une photo de l’épouse de M. Dagenais, Mme Thérèse Chartrand Dagenais. Les trois photos suivantes sont de Michel avec son fils Françis, d’Alain lors d’une compétition et de Jean-Pierre. Finalement, les deux dernières photos montrent Josée et Manon.

Dans les années 1960, il y a eu la création d’une association avec son conseil d’administration, le Club de ski Tyrolien. Le but du club était d’aider les jeunes de la station à s’entraîner et à participer à des compétitions, principalement dans les Laurentides. La dernière photo montre un groupe de jeunes avec la mascotte de la station.

Vers le milieu des années 1970, le chalet a été rénové et agrandi en y ajoutant un étage. L’étage du haut servait à la fois de restaurant, de bar, de discothèque et de salle de réception. Il a aussi servi de boîte à chanson, comme le montre la 2e photo. Le chalet a été nommé le St-Bernard, la famille Dagenais possédant un chien Saint-Bernard. L’hiver, celui-ci était la mascotte du centre de ski. À l’étage du bas, il y avait la billetterie, une cantine avec une salle pour se réchauffer et un atelier de réparation et de location. Cet écusson fait 9 x 10 pouces, et était posé dans le dos de certains manteaux pour fin de publicité. Même moi, je suis surpris de lire que le prix du Steak Party en 1975 était de seulement 4,50 $.

Au printemps, il y avait un carnaval au Mont-Tyrol. On construisait un fort de glace, et on organisait des compétitions de descentes sur tubes. Pour le plaisir, on traversait en ski une petite étendue d’eau et on skiait dans la neige mouillée au bas des pistes.

On organisait aussi une mascarade.

En février 1979 ou 1980, le Mont-Tyrol a participé à un événement hors de l’ordinaire. À l’occasion de la Fête des neiges de Montréal, et grâce à la participation de marchands de la rue St-Denis et de la compagnie Molson, on a transformé en pente de ski la rue St-Denis au sud de Sherbrooke. Heureusement, il faisait froid. La station avait transporté sa dameuse pour l’occasion, et une équipe de skieurs de la station avait participé à une compétition amicale. Dans le dos des skieurs avec un gilet jaune, on retrouvait l’écusson du St-Bernard que l’on peut voir plus haut dans cet article. Que j’aimerais pouvoir dire que j’ai déjà fait du ski alpin sur la rue St-Denis.

Comme le montrent des articles de journaux de l’époque, le dernier hiver d’opération de la station Mont-Tyrol sous la famille Dagenais a été celui de 1982-1983.

Dans les années 1970, durant la saison de ski, certains jeunes se construisaient avec de la neige de petits sauts. Suite à leur demande, un été à la fin des années 1970, la station a construit au bas des pistes et sur la droite un saut avec atterrissage sur de la paille. Monique Dagenais se souvient très bien qu’elle faisait transporter 500 balles de foin pour créer cette zone d’atterrissage. Je doute que tous les atterrissages furent en douceur. Cette rampe a fonctionné seulement quelques années.

Puis, on a créé un bassin d’eau un peu moins à droite, et on a déplacé la rampe. En 1985, grâce à une subvention du gouvernement fédéral, on a inauguré officiellement les rampes de sauts du Mont-Tyrol.

La station était en vente en 1986, et vendue l’année suivante.

Sous une nouvelle administration, le Mont-Tyrol a réouvert le 22 février 1991 et a aussi été ouvert pour l’hiver 1991-1992. Cela a été le dernier hiver d’opération de la station.
Quant au chalet, il a été détruit dans les années suivantes par un incendie d’origine inconnue.

Le site de saut avec un bassin d’eau a recommencé à être en opération vers le début des années 2000, et en 2021, il est toujours en opération sous la gouverne d’Acroski Laurentides. Les pistes de ski ont cependant disparu, la nature ayant repris ses droits.

Je remercie la famille Dagenais, et en particulier Alain, Jean-Pierre, Monique et Manon Dagenais pour leur aide, car sans cette aide, il m’aurait été impossible d’écrire cet article. Les articles de journaux trouvés sur le site Internet de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec m’ont aussi été fort utiles.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Jacques Poulin
Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!