Parfois, les tempêtes de neige tant attendues se révèlent être dans la lignée du loup blanc: tout le monde en parle, mais personne ne le verra. C’est un peu ce qui arrive aujourd’hui. Bien qu’il ait neigé depuis la nuit dernière, au réveil les accumulations ne sont pas à la hauteur de ce que l’on espérait. Mais ça c’est sans compter les précipitations qui s’accumulent tout au long de ce vendredi chanceux, ce 13 janvier. Car la glisse se révèle fantastique, bien que pas tout à fait légendaire.
Le jour de la cuisse
Des deux cuisses, en fait. Car de telles conditions n’ont pas été fréquentes cette saison et elles requièrent du travail de la part des quadriceps. Dès l’ouverture, c’est plus d’une quinzaine de centimètres de nouvelle neige que je foule sous mes pieds. Étant le premier client arrivé, je m’en promets. Cependant, j’espérais davantage de neige. La première descente révèle un mélange de neige étrange; des bâtonnets, du grésil, des flocons comme ceux que je découpais dans du papier dans mon enfance (les dendrites), des prismes, des colonnes, des aiguilles. La totale, mais d’une consistance et d’une densité inattendues. Le travail requis afin de trouver la bonne vitesse, et surtout la bonne position en vaut la chandelle. J’ouvre la bouche, je sors la langue et j’avale la vie à pleins virages! Désolé l’ami écureuil qui me regarde les yeux exorbités. J’ai trop de plaisir pour ne pas crier. Ta pinotte attendra quelques secondes. Tant qu’à rester là éberlué à me regarder ainsi, va donc dire merci au patron d’avoir laissé la dameuse dans le garage aujourd’hui!
Qui est là?
Jusqu’à environ 11 heures, nous ne sommes qu’une poignée de skieurs et planchistes à honorer les pistes vierges de Mont Rigaud. En fait, malgré un achalandage légèrement en hausse au cours de l’après-midi, nous traçons des nouvelles courbes parfaitement visibles et distinctes toute la journée. Des “first tracks” à l’infini, le rêve! Mais qui s’en prévaut? Tout un échantillonnage de skieurs motivés allant du novice de 2 ans (sans blague) à la retraitée qui sirote son café à l’intérieur avant de ressortir sur les pistes (Bonjour, Francine!). Cette journée spéciale de poudreuse m’étonne par l’envoûtement qu’elle exerce sur une variété de visiteurs tout aussi improbable qu’hétéroclite. Mont Rigaud est une “petite” station de ski au rayonnement somme toute local qui réussit à charmer du monde d’horizons, de tranches d’âge et de calibres différents. Cela témoigne de sa distinction et de son charme. C’est pour moi une journée de pure joie entre ski et rencontres chaleureuses. Ainsi, Jean Coursol, qu’on aperçoit en entête, m’a tenu compagnie en matinée. Et bien d’autres.
Du nouveau
Se réinventer n’est pas donné à toutes les entreprises. Mont Rigaud a su au fil des ans se démarquer et maintenir sa réputation. Dans un entretien d’une vingtaine de minutes avec Filip Musial, le directeur marketing, j’en ai appris beaucoup sur la vision et le développement de la station. Ainsi, cette saison la station a inauguré un deuxième sentier d’ascension situé au pied des parois d’escalade. Il s’agit d’un parcours plus technique qui met de l’avant les habiletés de ceux qui choisiront de l’emprunter. Pour les autres, le sentier habituel demeure plus accessible et très “relaxe”. Cependant, la grosse nouvelle est certainement l’acquisition d’une deuxième remontée mécanique qui devrait être en opération l’hiver prochain. Il s’agit d’un investissement majeur qui permettra à la station de mieux servir sa clientèle déjà nombreuse. C’est surtout les fins de semaine que les bouchons se font sentir à l’embarquement. La nouvelle remontée permettra de doubler le nombre de visiteurs en remontée, et d’en accueillir de nouveaux. La station étudie minutieusement l’emplacement de la nouvelle installation afin de réduire au minimum les impacts environnementaux. On souhaite aussi couper le moins d’arbres possible. Ainsi donc, la “petite” station qui souhaite demeurer à l’échelle humaine en fait beaucoup afin de nous séduire et nous faire plaisir. Mission accomplie!