Marmot Basin se trouve à 4 heures de route de l’aéroport d’Edmonton (route 16) ou à 3 heures de route au nord de la station de Lake Louise, en roulant le long de la promenade des Glaciers (route 93). Le but de ce voyage de ski est de découvrir Jasper, l’autre « ski town» de l’Alberta, et sa station de ski Marmot Basin. Nous nous y rendons au début du mois d’avril pendant la fin de semaine de Pâques pour profiter à la fois d’un maximum de neige et de chaleur, sachant que la saison de ski à ici s’étire facilement jusqu’en mai, presque chaque année.
En arrivant en voiture au chalet au bas des pistes, nous nous rendons compte que l’espace est très exigu. En effet, nous nous trouvons carrément à flanc de montagne. À moins d’utiliser un petit stationnement temporaire pour décharger les skis, la majorité des voitures continuent de monter sur la route jusqu’à l’un des quatre stationnements aménagés le long de la piste « Home Run ».
La petite descente en ski entre le stationnement et le bas des remontées nous met en appétit. Nous récupérons nos billets dans le chalet principal et empruntons le télésiège «Canadian Rockies Express » pour débuter la journée. C’est le plus long télésiège débrayable quadruple des Rocheuses avec ses 2,3 kilomètres. Il nous fait monter d’environ 600 mètres en seulement 8 minutes, sur l’un des trois sommets principaux de la station.
De ce sommet, le domaine skiable de Marmot Basin nous en met plein la vue. Mis à part le secteur expert « Outer Limits » qui est de son propre côté, le versant au complet aligne des descentes les unes à côté des autres, allant de la plus difficile (« Jenn’s Run ») à la plus facile (« Home Run »). Bref, il y a toujours moyen de bifurquer vers une pente plus facile, si vous en ressentez le besoin.
En skiant la piste « Basin Run », on se rend compte des possibilités qui s’offrent à nous. Ici, dans la partie supérieure de la montagne, on ne parle pas de pistes… mais bien de lignes. Tout le terrain visible est skiable, complètement au dessus de la ligne des arbres… il suffit de choisir sa ligne et de descendre.
La montagne prend la forme d’une immense cuvette (« bowl »), et bien qu’elle reçoit généralement moins de neige que d’autres stations de l’Ouest canadien, c’est cette forme particulière qui lui permet de mieux retenir la neige et de la conserver pour skier jusqu’en mai. Ici, les redoux pendant la saison hivernale sont très rares, et cela s’explique aussi par la position nordique de la station, située à la même latitude que la ville de Fermont au Québec.
À ce temps-ci de l’année (notre voyage a eu lieu en avril), le soleil éclaire et réchauffe la partie supérieure de la montagne bien avant les pistes sous la limite des arbres. Pour cette raison, une des premières pistes à faire à ce moment précis de la journée est la « Jenn’s Run ». L’inclinaison de cette piste noire combinée à la surface qui se fait ramollir par les chauds rayons de soleil en fait une descente prisée des skieurs.
Suite à cette descente de « mise en confiance » en terrain expert dans la piste « Jenn’s Run », il est maintenant temps d’aller explorer la partie supérieure de la montagne, accessible de chaque coté du télésiège « Knob ».
La topographie de la montagne incite naturellement les skieurs à progresser techniquement et il devient très facile d’apprivoiser du terrain auquel on n’est pas habitué. La traverse qui part du sommet du télésiège « Knob » en est le meilleur exemple. Il suffit de l’emprunter pour tester nos habiletés dans la partie inférieure de la cuvette (« bowl »), là ou l’inclinaison des pentes est un peu moins prononcée.
Les remontées mécaniques permettent d’atteindre l’altitude maximale de 2400 mètres, mais pour atteindre le véritable sommet, ainsi que la ligne de crête entre les sommets secondaires, il faut grimper à pieds les 200 derniers mètres, jusqu’au sommet situé à plus de 2600 mètres d’altitude. Une petite marche d’environ 20 minutes.
Les rumeurs d’une nouvelle remontée mécanique pour mieux desservir la partie supérieure de la montagne vont bon train. Je confirme que les arbres ont déjà été coupés pour préparer le terrain et que tout laisse croire que la nouvelle remontée sera installée juste à droite de l’actuelle remontée « Knob ».
(Mise à jour: C’est confirmé, pour la saison 2023-2024, un nouveau télésiège fixe à quatre places remplacera la remontée « Knob », vous emmenant à une altitude de 2 518 mètres, soit environ 100 mètres plus haut que l’ancienne remontée.)
La station de Marmot Basin offre beaucoup plus que ses 700 mètres de dénivelé (ou 900 mètres si vous montez à pieds jusqu’au sommet). C’est pratiquement une station dont le domaine skiable a été construit sur mesure. Imaginez une planche à dessin, sur laquelle on reproduit le meilleur de ce que toutes les autres stations de l’Ouest canadien ont à offrir. On pourrait difficilement trouver mieux ailleurs. Marmot Basin est le microcosme de l’expérience « skier dans l’Ouest ».
Si vous êtes comme moi, vous y reviendrez sûrement… et si en plus vous êtes titulaire de la passe de ski « Mountain Collective », vous avez déjà deux journées de ski incluses à Marmot Basin.
Notre route vers Jasper et Marmot Basin, Alberta
Si vous décidez d’aller skier uniquement la station de Marmot Basin, vous choisirez probablement comme nous d’arriver par l’aéroport d’Edmonton, car c’est le trajet en voiture le moins long à partir d’un aéroport principal. Pour nous, ce fut un petit voyage éclair : 2 jours de ski à Marmot Basin, 3 nuits à Jasper et la dernière nuit à l’hôtel à l’aéroport d’Edmonton.
J’adore les voyages en direction de l’ouest albertain, que ce soit vers Calgary ou Edmonton, car le décalage horaire a un double coté pratique : Il se tolère bien physiquement puisqu’il n’est que de deux heures avec le Québec et il fait allonger la première journée juste assez pour nous donner le temps de continuer le trajet en voiture à la clarté du jour.
Une fois arrivés à l’aéroport d’Edmonton et les bagages et le sac de skis récupérés, nous sortons de l’aérogare et traversons dans le bâtiment de location de voitures, situé juste en face. Aucune navette n’est nécessaire, nous prenons en charge la voiture de location directement à l’aéroport. Nous programmons sur notre GPS la destination finale : Jasper. Le trajet est direct et simple, nous n’avons qu’à suivre la route transcanadienne (route 16) en direction ouest, pendant environ 4 heures (400 km). Même sans GPS, il serait difficile de se perdre.
Même s’il est beaucoup plus long, le trajet sur l’autoroute me semble moins stressant que celui pour se rendre à Banff (de Calgary). La limite de vitesse est de 110 km/h sur la majeure partie du trajet, mais dès la sortie de la ville d’Edmonton, nous nous retrouvons presque seuls sur l’autoroute et il en sera ainsi pendant tout le trajet. Les vallons et les courbes me gardent bien éveillé au volant et finalement ce n’est qu’à la sortie de la petite ville de Hinton que les Rocheuses finissent par se dresser devant nous.
Un peu plus loin, à l’entrée du parc National de Jasper, nous payons notre droit d’entrée à la guérite et nous nous engageons dans le parc pour les 50 derniers kilomètres du trajet. La route se faufile entre les montagnes Rocheuses en longeant la rivière Athabasca ainsi que plusieurs petits lacs dont la couleur de l’eau (et même de la glace!) est d’un vert irréel. Nous arrivons à notre hôtel bien avant le coucher du soleil, qui en ce mois d’avril n’est que vers 21h00.
Je généralise un peu, mais sommes toutes, pour se loger à Jasper, nous avons le choix entre le Fairmont Jasper Park Lodge (4 étoiles), et tous les autres hôtels (3-étoiles). Nous avons opté de nous loger à l’hôtel Château Jasper en profitant d’un tarif plus que raisonnable, et ce même si nous sommes ici pendant la fin de semaine de Pâques.
L’agglomération de Jasper est compacte, avec tous les restaurants et boutiques que nous nous attendons de trouver dans un « ski town » typique, sans toutefois tomber dans un développement touristique excessif. Nous terminons cette journée attablés à la micro-brasserie locale «Jasper Brewing Company », et à travers la vitre, nous nous plaisons à regarder les trains qui défilent les uns après les autres, juste en face de l’autre côté de la rue.
Dès le lendemain matin, nous prenons la direction du centre de ski de Marmot Basin. Nous ne sommes pas pressés, car les remontées mécaniques n’ouvrent qu’à 9h00. Cela nous donne le temps de faire un petit arrêt dans le centre-ville de Jasper pour prendre un déjeuner rapide avant de mettre le cap sur la station de ski, située à 25 minutes de route de Jasper.
Puisqu’il n’y a aucun hébergement aux pieds de pistes de Marmot Basin, la majorité des skieurs doivent nécessairement se loger à Jasper, mais curieusement, on ne se bouscule pas sur la route pour se rendre à la station.
Les plus téméraires qui arrivent de Lake Louise, en conduisant le long de la promenade des Glaciers du sud au nord, doivent compter près de 3 heures de route… lorsque la météo est clémente. C’est une option à garder en tête si vous souhaitez aussi skier les stations de Lake Louise et Sunshine Village lors d’un même voyage. Dans un tel cas, pensez à atterrir à Edmonton et à repartir de Calgary (ou vice-versa), mais gardez vos options ouvertes, car la promenade des Glaciers peut être fermée lors de tempêtes hivernales.
Les derniers 13 kilomètres du trajet représentent une sérieuse montée. En voiture, on passe d’environ 1100 mètres d’altitude au niveau de la promenade des Glaciers, jusqu’à environ 1700 mètres d’altitude lorsque nous atteignons enfin le chalet principal. Marmot Basin est d’ailleurs la station dont la base est la plus élevée en altitude parmi toutes les stations majeures au Canada. On s’en rend compte par la différence d’accumulation de neige et aussi par le changement de température observé en fin de journée (+1C au stationnement de la station et +9C au niveau de la route de la promenade des Glaciers).
Les comparaisons entre Marmot Basin et les stations de Sunshine Village et de Lake Louise sont tentantes. Essentiellement, tout est un peu plus petit à Marmot Basin (étendue du terrain skiable, dénivelé, nombre de pistes, etc.). Même l’agglomération de Jasper est plus petite que celle de Banff. Il faut cependant faire attention car « plus petit » ne signifie pas « moins impressionnant ». À ce niveau, les stations de Marmot Basin, Sunshine Village et Lake Louise arrivent toutes à égalité sur la première marche du podium. Pour moi, ce sont elles les véritables « Big 3 ».
À mon avis, les deux choses qu’il faut retenir de Marmot Basin, c’est d’abord l’accessibilité de cette petite perle rare, malgré le fait qu’elle soit un peu hors des sentiers battus. C’est aussi le fait qu’on y a remplacé le terme « quantité » par « qualité » sur pratiquement toutes les facettes du produit qu’on vous offre. Marmot Basin, on se reverra!