Ce récit est le premier de trois sorties effectuées dans les Alpes françaises en janvier 2025. Nous avons choisi Bourg-Saint-Maurice comme “camp de base” et nous avons effectué nos déplacements à l’aide d’une voiture de location. Ces récits se veulent des recommandations sur les manières de découvrir des domaines skiables moins connus hors de la région, ou pour jeter un regard nouveau sur des stations d’envergure fort populaires. Lors de ce séjour, nous avons également skié à Tignes, et à La Plagne.

Partis tôt de notre logement à Bourg-Saint-Maurice, nous atteignons la station de Sainte Foy Tarentaise en seulement 25 minutes de route. Contrairement aux stations voisines plus vastes, Sainte Foy se distingue par sa simplicité et sa taille plus modeste, tout on conservant un dénivelé fort intéressant. Il y a un seul accès au domaine skiable, et tous les services y sont centralisés.

En ce mercredi de janvier, la station est plutôt paisible, comme la plupart du temps. Le stationnement gratuit nous accueille sans difficulté, et nous chaussons nos bottes directement à la voiture avant de marcher quelques minutes jusqu’au front de neige. Après avoir récupéré nos billets, nous montons rapidement à bord du télésiège Grand Plan pour nous échauffer avant notre rendez-vous à 10h avec Max, guide de l’École du Ski Français (ESF), qui nous initiera au hors-piste.

La carte des pistes de la station de Sainte Foy montre bien que le domaine skiable est environ 50% en dessous de la ligne des arbres et environ 50% au dessus. En cas de tempêtes de neige ou de forts vents, les skieurs fréquentant habituellement les autres stations, affluent ici dans cette « station refuge » pour skier dans les bois.
Un des points névralgiques de la station : l’arrivée du télésiège Grand Plan et le départ du télésiège l’Arpettaz.

La descente vers Le Monal : une initiation idéale au hors-piste

Le point culminant de notre matinée est l’inoubliable descente hors-piste du Monal. Accessible depuis le sommet du télésiège de l’Aiguille, à 2 662 mètres, ce tracé commence par une courte section de piste rouge avant de basculer sur la gauche sur un versant isolé. Très vite, on se retrouve dans une quiétude totale, entourés de paysages époustouflants.

Au sommet, on prend une photo avant d’entamer une glisse de quelques centaines de mètres pour entrer dans le secteur hors-piste.
La partie supérieure de la descente semble tout droit sortie d’une carte postale. 

“Seul au monde” est l’expression qui me revient constamment à l’esprit. Même si l’indice d’avalanche est de 3/5 aujourd’hui, les inclinaisons sont faibles et la descente est jugée sécuritaire et ne nécessite par de matériel de sécurité hors-piste (pelle, DVA, sonde).

Fin de la partie supérieure de la descente. Nous approchons le barrage.

Cette première section en hors-piste, complètement à découvert et sans arbres, est sans conteste la plus spectaculaire. Bien qu’il n’y ait pas eu de nouvelle neige récente, il est tout de même possible d’enchaîner quelques beaux virages avec aisance. Nous suivons notre guide, mais les traces laissées par les skieurs précédents suffiraient à elles seules pour trouver son chemin : il est pratiquement impossible de se tromper pour quiconque ayant un minium de sens de l’orientation.

Toutes les traces finissent par converger vers le même exutoire. Difficile de se tromper.
La descente devient plus étroite avant d’accéder à un dernier abrupt et d’arriver au hameau du Monal.

La descente, douce et longue, est parfaite pour une initiation au hors-piste. Elle serpente à travers le vallon du Clou, où nous passons devant un lac, un barrage, et même un marqueur du chemin de Compostelle. 

Après le barrage, on doit enlever les skis car une courte ascension à pied d’environ cinq minutes, pas à pas dans les traces des skieurs précédents, est nécessaire avant de reprendre la glisse. Un peu plus loin, juste avant d’atteindre le hameau du Monal, un passage plus abrupt en forêt offre un défi plus technique, avec un sentier étroit et sinueux. C’est la seule difficulté notable du parcours, mais avec un peu de patience et en skiant tranquillement, cette section se traverse sans problème.

Vue sur le mont Pourri et ses glaciers. La descente suivant la vallée du ruisseau du Clou se resserre et s’engage dans une petite partie boisée.
Vue sur Le Monal et ses quelques bâtiments. Nous traverserons ce lieu à ski et c’est à partir de ce point, qu’un long faux plat débute vers la droite et permet le retour tranquillement vers la station.
Notre arrivée au Monal. Le talus abrupt que nous avons skié pour y arriver, se trouve juste en arrière-plan.

Le Monal lui-même est un joyau d’histoire et d’architecture niché au cœur d’une forêt de mélèzes, face aux glaciers imposants du Mont Pourri.

Passé le hameau du Monal, nous poursuivons sur un long faux plat jusqu’à rejoindre la piste verte “Plan Bois”, qui nous ramène à la base de la station. Le retour est ponctué de rencontres inattendues : des randonneurs progressant en sens inverse, une petite fontaine idéale pour se désaltérer, et même des touristes profitant d’une excursion en traîneaux à chiens. Ce jour-là, sous un soleil généreux, ce long faux plat s’est avéré être la partie la plus exigeante (physiquement) de la descente. 

Je ne peux voir que deux raisons de se priver de faire cette magnifique descente hors-piste : Si vous êtes en planche à neige, il vous manquera d’inclinaison et le retour vers la station sera très long. Si vous êtes le type de skieur qui doit absolument utiliser le débarcadère de la station pour éviter de marcher, cette expérience ne s’adresse pas à vous. L’attrait principal de cette descente réside sans contredit dans l’exploration progressive d’une vallée oubliée qui se dévoile au fil de votre parcours, plutôt que dans l’opportunité de démontrer vos compétences en ski hors-piste.

De retour à la base de la station à midi, nous remercions chaleureusement notre guide Max avant de lui dire au revoir. Il aura fallu deux heures pour boucler la boucle de cette aventure en hors-piste.  Affamés et en quête d’un moment de répit bien mérité, nous reprenons alors les télésièges du Grand Plan et de l’Arpettaz pour une descente dans le but de rejoindre le restaurant Les Marquises, où nous savourons un dîner bien mérité.

Le restaurant Les Marquises, situé tout près de la base du télésiège portant le même nom.

Exploration et sérénité : à la découverte des pistes de la station

L’après-midi est consacré à explorer les pistes du domaine skiable, que nous arpentons de long en large. Nous multiplions les arrêts en bord de piste pour admirer les paysages spectaculaires, offrant notamment une vue imprenable sur le mont Blanc.. De l’autre côté de la vallée, le domaine des Arcs semble presque à portée de main.

En skiant les pistes de la station, on comprend l’ampleur du terrain hors-piste, mais « in-bound ». On parle ici de tout l’espace naturel situé à l’intérieur de la carte principale des pistes.

Un aperçu complet du domaine skiable de la station, englobant toute la zone hors-piste située à l’intérieur des limites officielles (“in-bounds”)

Vue de la piste “Camp-Filleul” qui est une descente de couleur rouge située sur le secteur du télésiège Marquise, au dessus de la limite des arbres. Vous pourrez profiter de 1500 mètres de glisse pour un dénivelé de 305 mètres. L’altitude de départ est de 2415 mètres et l’arrivée se trouve à 2110 mètres, là où la descente se prolonge dans une piste bleue à travers les arbres.

Vue amont de la même piste, et du même point de prise de vue que la photo précédente.
Un autre bel exemple de descentes hors-piste, tout en restant à l’intérieur des limites officielles de la station. Lors de notre visite, la dernière chute de neige (10 cm) remontait à trois jours.

À l’extrémité nord du domaine skiable, le début de la piste “Camp-Filleul” permet des accès pour continuer la descente en hors-piste, sur la face nord. C’est une vallée qui mène les skieurs vers les hameaux du Miroir et de la Masure. Une navette permet de revenir vers la station, une fois rendus là.

Vue sur le versant sud du mont Blanc, point culminant des Alpes à plus de 4800 mètres d’altitude. Bien que l’on soit en sol français, c’est la face italienne que nous apercevons devant nous.

Au centre-droit de la photo, vue sur la station de la Rosière, avec son domaine skiable complètement au dessus de la limite des arbres. La commune de Bourg-Saint-Maurice est à gauche, dans la vallée de la Tarentaise.

Vue sur les pistes de ski du versant Villaroger (Les Arcs), faisant parti du domaine de Paradiski.

Pour conclure cette journée mémorable, nous remontons au sommet du Col de l’Aiguille, à 2 662 mètres d’altitude. Là, nous prenons quelques instants de repos, confortablement installés dans les transats. La vue depuis ce point est tout simplement époustouflante, s’étirant même jusqu’aux domaines skiables de Tignes et de Val d’Isère. 

Nous sommes sur le point culminant de la station à 2622 mètres d’altitude, en admirant au loin les stations de Val d’Isère et de Tignes.

La longue descente finale vers la base de la station offre une transition progressive en longeant les trois télésièges consécutifs. Elle débute dans un vaste environnement ouvert et dépourvu d’arbres, sur la piste de l’Aiguille, pour se terminer par une charmante piste étroite en lacets serpentant à travers la forêt, sur la piste Plan Bois

En fin d’après-midi, le soleil vient de se cacher derrière les montagnes faisant face à la station. Notre dernière descente est à l’ombre pour revenir vers la base de la station à 1550 mètres d’altitude.

Sainte Foy : l’essence du ski entre sérénité et aventure

Skier à Sainte Foy, c’est comme retrouver la tranquillité des petites stations québécoises en milieu de semaine, telles que La Réserve à Saint-Donat. Les télésièges sont rarement pleins, et les pistes, qu’elles soient balisées ou hors-piste, semblent vous appartenir. Ajoutez à cela un tarif journalier imbattable de 40 euros pour un adulte, et l’expérience devient encore plus mémorable.

Pour les amateurs de sensations fortes, la face nord du domaine propose d’autres itinéraires hors-piste, certains nécessitant des montées à pied pour les plus téméraires, avec un retour en navette à la station.

Sainte Foy Tarentaise est bien plus qu’une station : c’est un havre de paix où le ski retrouve son essence, entre nature préservée, aventure douce et convivialité. Une journée parfaite pour les amateurs de hors-piste et de découvertes authentiques.

Sainte Foy Tarentaise, en 10 points:

  1. Un domaine skiable varié et enchanteur: le domaine s’étend de 1 550 m à 2 620 m d’altitude avec 1 100 m de dénivelé, offrant 26 pistes adaptées à tous les niveaux. La station alterne entre ski en forêt et zones d’altitude dégagées, dans un cadre préservé loin du tourisme de masse.
  2. Excellentes conditions naturelles: grâce à un microclimat généré par les retours d’Est, la station bénéficie d’un enneigement naturel exceptionnel, particulièrement protégé du vent dans les zones inférieures. Ne vous fiez pas à la météo et chutes de neige annoncées dans les stations voisines.
  3. Paradis pour le freeride: Sainte Foy est réputée pour ses vastes espaces hors-piste, notamment les itinéraires emblématiques du Monal et de la Fogliettaz. Ces descentes dans la poudreuse sont mémorables, mais il est conseillé de faire appel à des guides pour évoluer en toute sécurité.
  4. Une station authentique et conviviale: nichée au cœur de la vallée de Haute Tarentaise, Sainte Foy séduit par son charme savoyard et son ambiance chaleureuse. Les chalets traditionnels en pierre et bois local témoignent de son patrimoine architectural unique.
  5. Engagement écologique: la station met en œuvre des pratiques durables, comme l’utilisation d’enneigeurs modernes et économes en énergie, des dameuses équipées de capteurs pour optimiser la gestion de la neige, et la revégétalisation systématique des sols. De plus, les câbles des remontées mécaniques sont équipés pour protéger les oiseaux, notamment les espèces vulnérables comme le Tétras Lyre.
  6. Des activités pour tous: outre le ski, la station propose des randonnées en raquettes, des balades en traîneaux à chiens et la découverte des hameaux alpins authentiques. Sainte Foy offre aussi une expérience culinaire savoyarde, idéale pour se ressourcer après une journée sur les pistes.
  7. Accessibilité et tranquillité: station à taille humaine, elle permet de skier sans les foules des grandes stations. Pas de files d’attente interminables, mais un ski paisible en harmonie avec la nature. Même la station voisine de La Rosière, pourtant réputée pour son calme, ne rivalise pas avec Sainte Foy sur ce point.
  8. Tarifs abordables: avec un forfait journée adulte variant entre 28 € et 40 € (hiver 2025), Sainte Foy offre une expérience ski abordable pour une qualité de service exceptionnelle.
  9. Un patrimoine vivant: le hameau du Monal, site classé, et les paysages alentours ajoutent une dimension culturelle et naturelle à votre séjour.
  10. Idéal pour une leçon de ski: la station de Sainte Foy est l’endroit idéal pour prendre une leçon de ski. Avec ses longues descentes et ses pistes larges, les débutants peuvent apprendre en toute sérénité, sans stress ni pression.
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David Lemieux
Skieur autodidacte depuis le début des années 80, il slalome les stations en solo, entre amis ou en famille en quête de pur plaisir. Amateur de premières traces, il est habituellement sur les pistes de bonne heure pour savourer les meilleures descentes de la journée : "Rien ne sert de courir; il faut partir à point!"