Au sommet du Cerro blanco, la vue sur le contrefort des Andes péruviennes est saisissante. L’environnement est extrêmement aride, avec quelques cactus et broussailles ici et là, sans plus. Mes yeux balaient avec fascination les montagnes environnantes, dominées par la plus haute dune skiable au monde où je me trouve, dont l’altitude atteint 2080 mètres et le dénivelé près de 1200 mètres, soit presque 2 fois celui du Mont Sainte-Anne.
Après plusieurs minutes de contemplation, le moment attendu se pointe: je m’élance, skis aux pieds, gardant les yeux vers le bas, prenant de la vitesse, m’amusant à faire des virages en court et grand rayon, laissant mes traces s’imprégner sur le sable fin. La descente est longue, fluide, sublime, autant pour moi que pour le planchiste péruvien Dito Chavez qui m’accompagne.
Il reste que la satisfaction qu’apporte la récompense est proportionnelle à l’effort consenti pour profiter de cette descente du Cerro blanco. De fait, il n’y a pas de solution facile pour s’y rendre; il s’agit d’une randonnée d’approche variant entre trois et quatre heures, selon la vitesse de marche, de surcroît dans un environnement désertique caractérisé par une chaleur persistante.
C’est d’ailleurs pourquoi la meilleure option consiste à partir très tôt de la plus proche ville, soit Nasca, située à environ 7h d’autobus au sud de la capitale Lima.
C’est ainsi qu’à 4h du matin, le mercredi 16 mai 2018, Juan Carlos, Rossana Rodriguez, Dito Chavez et moi-même quittons Nasca afin de nous rendre en voiture au début du sentier qui nous mènera au Cerro blanco. Trente minutes plus tard, nous entamons la randonnée à la frontale, dans la nuit qui se fait clémente sous un ciel gorgé d’étoiles.
Sur le chemin, Dito me raconte son histoire, qui n’est pas banale. Ayant commencé à pratiquer le sandboard – l’équivalent de la planche à neige sur le sable – durant l’adolescence, il a plongé tête première dans le sport comme exutoire de la misère qui afflige trop souvent la jeunesse péruvienne. Le sandboard, au même titre que le snowboard, bénéficie d’une structure mondiale de compétition qui prend diverses formes: slalom, boardercross, sauts, etc. De fil en aiguille, Dito s’est donc hissé au sommet de son sport pour finalement obtenir le titre de champion mondial en sandboard. Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
En parallèle, il se développe également sur la neige, s’entraînant en Europe et en Argentine. Il est aujourd’hui le seul Péruvien à faire partie du circuit mondial FIS en snowboard, et il me confie même être passé par Stoneham, au Québec, pour l’épreuve de la Coupe du monde. Son objectif ultime reste les Jeux olympiques de Beijing 2022.
Il va sans dire que Dito est un modèle pour les jeunes péruviens. Avec sa collègue Rossana, il a démarré sa propre école de sandboard, la Dito Sand X Sports située à l’oasis de Huacachina où, en plus d’accueillir les touristes qui veulent s’initier au ski ou à la planche sur le sable, il a mis sur pied un programme d’inclusion sociale des jeunes par le sport.
À l’assaut de la dune
Le soleil s’est maintenant levé, et ses doux rayons matinaux caressent ma peau alors que nous nous approchons de la dune.
L’ascension ne se fait pas sur la dune, qui est assez inclinée (entre 40 et 45 degrés), mais plutôt par un sentier de randonnée qui sillonne à travers les montagnes environnantes et qui nous y amène par l’arrière. Lorsque nous atteignons finalement le sommet, la chaleur se fait plus accablante, mais l’altitude nous expose tout de même à un petit vent rafraîchissant.
Au sommet de la dune, le sentiment d’accomplissement est vivifiant pour tous!
La vue sur la descente est vertigineuse!
Avant de descendre, il faut s’adonner au rituel qui caractérise les sports de glisse sur le sable, soit d’étendre la cire d’une chandelle sur la base du ski ou de la planche, recouverte par un plastique laminé.
Puis, au contact du sable chaud, la cire fond et s’étend sur la base, ce qui rend le ski glissant. Et les sceptiques seront confondus: ça glisse presque autant que sur la neige!
On peut même se construire des sauts. Juan Carlos et Dito s’en donnent respectivement à cœur joie!
Après trois petits vallons à franchir au tout début, la descente se veut ensuite longue et constante.
Une fois rendu en bas, la journée n’est pas encore terminée! Il reste environ une heure et demie, voire deux heures de marche pour retourner à la voiture. Il est maintenant midi et la chaleur est à son apogée; de plus, nous ne bénéficions plus de l’effet de l’altitude sur la température. Je dois couvrir chaque partie de mon corps – le cou, les oreilles, les mains – afin de ne pas brûler. Au moins, la randonnée se fait sur un terrain plat…
Il reste qu’un regard par-dessus l’épaule sur le chemin du retour nous fait apprécier toute l’ampleur du Cerro blanco et de la descente effectuée.
La Dito Sand X Sports à l’oasis de Huacachina
Tout skieur ou planchiste qui effectue un voyage au Pérou doit se réserver deux jours pour passer par l’oasis de Huacachina, située à seulement 10 km de la ville d’Ica, pour vivre l’expérience du ski ou de la planche sur le sable. Vous serez d’ailleurs surpris d’y rencontrer des skieurs et planchistes venus de partout au monde.
L’équipe de la Dito Sand X Sports sera là pour vous accueillir et vous faire découvrir les dunes autour de l’oasis. Si vous désirez pousser plus loin l’expérience, comme dans ce reportage, Rossana et Dito pourront vous organiser une journée au Cerro blanco.
Pour se rendre à l’oasis de Huacachina, il faut prendre un taxi à partir du terminus d’autobus d’Ica (calculez 10 soles péruviens). L’oasis, construite autour du petit lac entouré de dunes, est constituée principalement d’hôtels, de piscines et de restaurants. Tout cela fait que l’ambiance d’après-ski est garantie dans cet environnement dépaysant et atypique pour le skieur québécois!
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