Les pics enneigés des Andes s’étendent à perte de vue et il n’y a aucun skieur à l’horizon. Il y a bien sûr ce grand condor des Andes qui vient me rendre visite, curieux de voir quel type d’animal se promène seul sur ces montagnes. Ce sentiment de quasi solitude est tout simplement reposant, malgré l’effort d’ascension que je viens de terminer. Et la descente s’effectuera sur un grand champ de neige sans trace, outre celles laissées en montant avec mes peaux sous les skis.

Une première rando en solo pour se dégourdir les jambes en plein mois d’août.

Cette première journée de reconnexion avec les montagnes et avec le ski en plein milieu de l’hiver austral, au mois d’août 2019, concorde avec la découverte d’un nouveau secteur, peu connu et dont les données existantes sur le Web sont minimales. Ce secteur, on le nomme communément Paso Pehuenche en raison du nom du poste frontalier entre le Chili et l’Argentine dans la région du Maule.

Frontière Chili-Argentine.

Tout part de la route CH-115. Il s’agit d’une route qui grimpe pour ensuite serpenter à travers les Andes, où la neige fait son apparition à une altitude de 2000 mètres. De chaque côté de la route, les montagnes enneigées s’élèvent jusqu’à 3000 mètres avec des options infinies pour les skieurs, allant des larges bols de neige à d’étroits couloirs inclinés. Autre attrait de l’endroit, la Laguna del Maule est un immense lac enclavé entre les montagnes qui offre un décor de ski tout simplement paradisiaque.

La Laguna del Maule vue du sommet du Cerro Colorado.

Ce seront donc six jours que je passerai là, deux seuls et quatre accompagnés d’amis chiliens. Et pourtant, après ces six jours, j’ai l’impression de n’avoir skié qu’un pour cent du potentiel de l’endroit.

Infinité montagneuse.

Secteur Lo Aguirre (Aduana)

Le secteur qu’on appelle Lo Aguirre ou Aduana (la douane chilienne) est le premier que l’on rencontre lorsqu’on arrive par la route CH-115. C’est aussi celui où il y a le plus d’activités industrielles, notamment à cause de la présence d’une mine et de constructions hydroélectriques. Néanmoins, une fois parti dans les montagnes, on oublie totalement ce désagrément.

Rando sur un haut sommet du Cajon de lo Aguirre. Au bas, on voit la mine.

J’ai fait trois randonnées dans ce secteur, dont deux seul que j’ai moi-même cartographiées (voir conseils à la fin du texte). D’un côté de la route, celui de la mine, les vallées du Cajón de Lo Aguirre offre un accès facile à plusieurs vallées avec des lignes pour tous les goûts, de tous les côtés, et selon la distance qu’on a envie de parcourir. Les panoramas sur les sommets sont hallucinants et ne font que révéler l’infinité montagneuse.

Descente sur neige suave au Cajon de lo Aguirre.
Un Condor des Andes me fait une petite visite.

De l’autre côté de la route, les approches sont plus longues pour accéder aux descentes. Il faut donc avancer sur un long faux-plat pour accéder à des sommets un peu plus dispersés mais tout de même dignes d’intérêt. De ce côté, en compagnie de mon ami Filipo Castillo Fuentes, nous avons fait le Cerro Colorado, une rando de 14 km qui nous mène à un sommet donnant une impressionnante vue sur la Laguna del Maule, qui se trouve l’autre côté du poste douanier, et à une longue descente sur un terrain à la pente modérée.

En route vers le Cerro Colorado.
L’ami Filipo Castillo Fuentes durant l’ascension du Cerro Colorado.
Belle ligne droit devant!

Secteur de la Laguna del Maule

De l’autre côté du poste douanier se dévoile le secteur le plus impressionnant, et ce, pour deux raisons : le terrain, facilement accessible, est plus diversifié, et plusieurs descentes plongent directement vers le lac, donnant un sentiment de grandeur à chaque regard.

La Laguna del Maule.

Les deux postes douaniers – celui du Chili et celui de l’Argentine – sont donc séparés par cet étendue d’eau et de montagnes, et c’est la route qui s’étale sur une distance d’environ 50 kilomètres qui les connectent. Ainsi, pour accéder au secteur de la Laguna del Maule, il faut passer le poste frontalier du Chili, ce qui signifie aller demander une autorisation des douaniers pour sortir du pays et aller skier.

Une fois passé la douane, la route rejoint le lac et le suit en bordure à flanc de montagnes. Ici, les options sont innombrables, avec du terrain modéré à extrêmement engageant. Il s’agit seulement de repérer sa descente, stationner la voiture et se lancer dans l’ascension de la ligne convoitée.

Terrain de jeu de la journée à la frontière Chili-Argentine.
Les amis chiliens en quête du sommet.

La partie où nous avons skié pour trois jours se trouve carrément sur la frontière Chili-Argentine. Dû à de meilleures orientations, à un micro climat généré par le lac et à un courant atmosphérique plus froid, ce secteur présente une meilleure qualité de neige que le secteur Lo Aguirre. Mon ami chilien m’affirme qu’on peut y skier sans problème jusqu’en décembre, soit carrément au début de l’été austral.

Filipo se lance vers une autre montagne convoitée à la frontière Chili-Argentine.
Lignes vierges, choix difficile…

Dans ce secteur, nous avons opté davantage pour du ski de couloirs, l’un ayant même une inclinaison de 50 degrés. Chaque descente fut mémorable: une petite couche de neige poudreuse sur base bien stable, proposant les conditions parfaites pour inscrire nos traces sur du terrain engageant.

Filipo profite de la neige australe. 

Quelques conseils

Comme ces deux secteurs – Lo Aguirre et Laguna del Maule – sont non patrouillés, non monitorés (avalanches) et non guidés, il faut s’y rendre en autonomie. De plus, il y a très peu de données disponibles sur le Web concernant les itinéraires de randonnées, ce qui demande donc une vraie préparation si l’on désire y skier. Encore méconnu des étrangers, le secteur commence à peine à être fréquenté par les Chiliens.

La base pour découvrir le secteur est une carte topographique produite par l’organisme Trekking Chile, qui présente des itinéraires de randonnées en raquettes dont certains peuvent également être effectués en ski de touring.

Ensuite, pour approfondir la topographie et tracer des itinéraires plus précis, on peut se référer à Mapcarta. Voici le lien direct vers le secteur présenté ici: https://mapcarta.com/fr/20106292.

Côté température, le secteur bénéficie d’un excellent enneigement et de longues périodes de beau temps entre les tempêtes. Ces deux sites vous donneront les informations métérologiques nécessaires: https://www.mountain-forecast.com/peaks/Laguna-Del-Maule/forecasts/3092 et https://www.meteoblue.com/es/tiempo/semana/paso-pehuenche_argentina_3841674.

Toutes les informations pour passer la douane et accéder au secteur de la Laguna del Maule sont ici: http://www.gobernaciontalca.gov.cl/pehuenche/. Sortez votre espagnol, puisque personne ne parle anglais et encore moins français là-bas.

Article précédentPrévision saisonnière pour 2019-20 par MétéoLaurentides
Article suivantSki Saint-Bruno, l’ouverture fait salle comble, 14 novembre 2019
Son intérêt pour la nature et le grand air se décline en deux principales activités : le ski alpin (sa grande passion) et la randonnée en montagne. Rédacteur professionnel dans la vie de tous les jours, et prenant un malin plaisir à photographier les paysages d’hiver et les skieurs lorsqu'il pratique son sport de prédilection, Pierre aime écrire sur le ski et partager ses expériences, photos à l’appui.