Chaque virage imprime mes traces dans la neige molle alors qu’une fine poudreuse s’élève dans les airs à mon passage. La pente est large, abrupte, constante. Personne n’y est encore passé et je peux prendre toute l’amplitude nécessaire pour skier cette blancheur immaculée.

Notre chroniqueur Pierre Pinsonnault profite de la poudreuse à Antillanca. Crédit photo Antonio Kauak.

Je me pince pour être certain que je ne rêve pas. La date est bien le 19 août 2018 et l’endroit se nomme Antillanca, une station de ski du Chili située à près de 1000 kilomètres au sud de Santiago, dans le parc national Puyehue. Autour de moi, le paysage est irréel: les montagnes peuplées par une dense et luxuriante forêt laissent place à des environnements alpins et au volcan Casablanca, au pied duquel se trouve la station. Plus loin, les volcans Puntiagado et Osorno percent l’horizon avec leur long cône enneigé.

Une voix me réveille de ma transe. «C’est bon, hein!», me lance Antonio Kauak dans un français parfait. Ce Chilien, qui occupe le poste de directeur de l’école de ski d’Antillanca, a passé sa vie à skier entre le Chili et les Alpes. Et aujourd’hui, il est bien heureux de m’accompagner à travers le domaine skiable de la station, de surcroît la journée suivant une tempête de plusieurs jours ayant bien rempli les montagnes.

Antonio Kauak, directeur de l’école de ski d’Antillanca, avec en arrière-plan les volcans Puntiagado et Osorno.

Une station «familiale» avec du défi

De l’aveu même d’Antonio, Antillanca est une station familiale. De fait, le terrain que l’on y retrouve est d’abord et avant tout de niveaux débutant et intermédiaire. Il y a toutefois le secteur Haique, où les experts trouvent leur compte avec du terrain double-losange laissé au naturel, outre une piste damée certifiée FIS.

Vue sur le secteur Haique.

L’équipe de compétition, l’une des meilleures du Chili aux dires d’Antonio, confirme le caractère familial d’Antillanca. On voit de très bons jeunes skieurs démontrer leur talent en ski de course dans les pistes damées, alors que d’autres progressent visiblement bien grâce à des entraîneurs chevronnés.

Antonio descend la piste El Coipo du secteur Haique, avec à l’arrière-plan le volcan Casablanca. 

La station, dont le bas des pistes se trouve dans la forêt, offre un dénivelé d’environ 500 mètres. Elle compte un télésiège, quatre arbalètes et 23 pistes officielles. Au-delà du domaine skiable, il y a plusieurs options pour le backcountry, dont l’ascension du volcan Casablanca (voir mon autre texte).

La station dispose d’un hôtel au pied des pistes ainsi que d’un superbe chalet rustique et bien entretenu. Très éloigné de la route principale, l’endroit est paisible et relaxant. La météo peut l’être un peu moins, dans cette partie du Chili où les tempêtes se succèdent à un rythme effréné. Mais cela, c’est une autre histoire…

Chose rare au Chili, la base de la station Antillanca se trouve dans la forêt.

Une journée de poudreuse

L’histoire d’aujourd’hui en est une de poudreuse. Le vaste domaine skiable nous offre, à Antonio et à moi, la possibilité d’aligner les descentes dans la neige molle de l’ouverture à la fermeture de la station. Nous avons skié partout, mais en ciblant particulièrement les secteurs Don Pedro et Haique.

Pierre laisse ses traces dans le secteur Don Pedro.

Plus l’après-midi avance, plus nous faisons de la traverse pour découvrir chaque fois davantage de poudreuse. Les pistes El Araucano, El Lobo et La Taza ont régalé notre faim insatiable de neige intouchée.

Antonio dans la piste El Araucano, avec vue sur le chalet-hôtel au bas des pistes. 

C’est une de ces journées dont on voudrait qu’elle ne se termine pas, où la fatigue n’arrive jamais à éteindre ce désir pulsionnel de skier. Est-ce l’énergie des montagnes? Le mysticisme du ski dans la poudreuse? Ou tout simplement le fait d’être ici, à Antillanca, dans ce paradis à l’autre bout de monde? Qui sait…

Pour en savoir plus sur Antillanca:

Site Web: http://www.antillanca.cl/

Facebook: https://www.facebook.com/antillancachile/

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Son intérêt pour la nature et le grand air se décline en deux principales activités : le ski alpin (sa grande passion) et la randonnée en montagne. Rédacteur professionnel dans la vie de tous les jours, et prenant un malin plaisir à photographier les paysages d’hiver et les skieurs lorsqu'il pratique son sport de prédilection, Pierre aime écrire sur le ski et partager ses expériences, photos à l’appui.