Il n’y aura pas eu de début de saison officiel dans les centres de ski du Chili et de l’Argentine, mais il y aura au moins une fin de saison. Si la Covid-19 a bousillé la fin de la saison de ski au Québec, cette pandémie aura amputé les premières semaines de celle en Amérique du Sud. C’est le 23 juillet que le Cerro Catedral en Argentine devient le premier centre de ski à ouvrir dans la cordillère des Andes – un mois et demi plus tard qu’à l’habitude – alors que du côté chilien, c’est La Parva qui permet aux skieurs de dévaler ses pentes à partir du 18 août. D’autres stations de ski, comme Las Lenas, Portillo ou Valle Nevado, ont tout simplement décidé de ne pas ouvrir.
Alors que les gouvernements des deux pays soumettent leurs habitants à des périodes de quarantaines strictes, une majestueuse tempête de neige remplit les Andes de blancheur au début du mois de juillet. Entre 3 et 5 mètres de neige tombent en une semaine selon les régions, du jamais vu depuis 15 ans selon les habitants du coin. Comble de malheur pour les skieurs sudaméricains, il est impossible de sortir à la montagne pour profiter du pactole neigeux, et ce, même pour la majorité de ceux qui aimeraient se réfugier dans le backcountry. Et ce sera seulement entre la fin juillet (Argentine) et la mi-août (Chili) que les gouvernements lèveront les interdictions pour se rendre à la montagne.
Afin de se situer dans le temps, précisons que la saison de ski australe s’étend habituellement entre la mi-juin et la fin septembre, sauf pour l’exception de la station Corralco au Chili qui peut l’étirer jusqu’à la fin octobre.
La saison du côté de l’Argentine
D’entrée de jeu, mentionnons que Las Lenas est le seul centre de ski en Argentine à avoir annoncé officiellement, le 20 mai, qu’il n’ouvrirait pas pour l’hiver austral 2020. Pour comprendre la décision, il faut savoir que ce centre de ski, éloigné des zones résidentielles, compte beaucoup sur le tourisme interne et international pour opérer. Avec les déplacements entre les régions interdits en Argentine, et aucune possibilité de recevoir les skieurs de l’international, il devenait impensable d’ouvrir pour cette station de la province de Mendoza.
Ailleurs en Argentine, les choses se sont passées autrement. Les gouvernements régionaux ont permis l’ouverture des stations de ski pour les gens des communautés locales seulement. Pour faire un parallèle, c’est un peu comme si le Massif de Charlevoix ouvrait uniquement pour les habitants de Baie-Saint-Paul et des villages environnants. De cette façon, l’enjeu de restreindre le nombre de visiteurs en fonction de la capacité de la station de ski a été facile à résoudre.
C’est ainsi que, malgré l’interdiction de déplacement entre les régions, la majorité des stations de ski ont décidé d’ouvrir du fait qu’elles peuvent compter sur une communauté locale. Ainsi, Cerro Catedral, situé près de la ville de Bariloche, a été le premier à ouvrir le 23 juillet, suivi de Cerro Chapelco, Cerro Bayo et de Caviahue qui ont tous ouvert dans la première semaine d’août.
Également, le centre de ski le plus au sud du monde, le Cerro Castor situé à Ushuaia, a officiellement ouvert le 1er août. Fait intéressant, la station a mis en place une flex pass, qui permet d’acheter 5 jours de ski à utiliser durant le mois courant, ou 10 jours à utiliser n’importe quand durant la saison.
La saison du côté du Chili
Au Chili, l’ouverture des centres de ski a été plus compliquée et seulement une poignée ont finalement décidé d’ouvrir lorsque le gouvernement a donné son autorisation. Des gros joueurs sont néanmoins restés fermés : Portillo, Valle Nevado et Nevados de Chillan.
Même si, contrairement à l’Argentine, les déplacements interrégionaux sont permis, il faut savoir que le Chili fonctionne actuellement avec un modèle de quarantaines ciblées, qui peut s’apparenter à ce que le gouvernement du Québec met en place avec son système de sémaphores (vert, jaune, orange, rouge). Ainsi, certains centres de ski qui se trouvent dans des zones en quarantaine ne peuvent pas ouvrir, ou encore plusieurs de leurs employés résident dans des communautés en confinement, rendant difficile la logistique d’opération.
Également, plusieurs stations de ski se trouvent dans des parcs nationaux, par exemple Corralco, Las Araucarias ou Antillanca, et ceux-ci sont restés fermés plus longtemps. Une situation qui a d’ailleurs été décriée par de nombreux Chiliens alors que les centres d’achats étaient ouverts.
C’est donc le 18 août à La Parva et le 19 août à El Colorado, deux des trois stations près de la capitale Santiago de Chile, que s’est officiellement entamée la saison de ski.
Corralco, situé dans un parc national (la Réserve nationale Malalcahuello), a finalement pu ouvrir le 29 août avec une limite de 700 places. C’est d’ailleurs la seule des stations d’Amérique du Sud qui rend publique cette information. Parmi les bonnes pratiques à souligner, le personnel de cette station de la région de l’Araucanie organise un webinaire hebdomadaire pour informer sa clientèle sur les mesures de sécurité. De plus, les autorités de la Corporación Nacional Forestal (CONAF) font un contrôle (questions sur les symptômes, prise de la température) à la guérite de l’entrée du parc national, passage obligé pour se rendre au centre de ski.
Quels sont les protocoles sanitaires?
Après avoir fait le tour des sites Web des stations de ski, l’auteur de ces lignes a recensé les différents protocoles en vigueur. Chaque station de ski a ses particularités, mais de façon générale, voici ce qui a été mis en place :
- Évidemment, de ne pas se présenter au centre de ski en cas de symptômes apparentés à la Covid-19. La station de La Parva, au Chili, exige en plus de remplir un formulaire de déclaration de la Covid-19.
- Les mesures sanitaires de base : distanciation (entre 1 et 2 mètres, selon la station), lavage des mains, port du masque dans les endroits fermés (toilettes, aires communes, etc.).
- Diverses activités de sensibilisation (webinaire, kiosques) faites par les employés auprès des clients.
- Le port du masque ou du couvre-visage, des gants et des lunettes de ski en tout temps dans les remontées mécaniques.
- À moins d’être de la même famille, une personne par télésiège double ou arbalète, deux personnes par télésiège quadruple.
- Libérer rapidement les débarcadères des remontées mécaniques et aller jaser/attendre plus loin.
- Garder une distanciation entre les véhicules dans les stationnements, puisque tout le monde doit se changer à l’extérieur.
- Dans les chalets, seulement les toilettes sont accessibles et, dans certains cas, les restaurants et cafétérias en take out, avec possibilité de manger sur une terrasse à l’extérieur. Il faut savoir que, contrairement au Québec, les températures sont généralement plus confortables et qu’il est habituellement possible de manger dehors, sans tracas, sous le soleil plombant des Andes.
- En majorité, la priorité est donnée aux détenteurs de passes, puis la balance des places est rendue disponible pour la vente de billets en ligne. Certains centres de ski en Argentine opèrent tout de même leur billetterie puisqu’étant ouverts seulement pour les communautés locales, la disponibilité des places n’est pas un enjeu.
Alors que la saison de ski australe tire à sa fin, les yeux des skieurs se tournent tranquillement vers les préparatifs et annonces qui auront bientôt lieu concernant les protocoles à mettre en place au Québec. Les prochaines semaines seront critiques pour la planification, surtout dans un contexte qui a toutes les allures d’une deuxième vague, sachant que le gouvernement a affiché son intention de ne pas refermer tous les pans de l’économie.