Ce matin, je n’avais pas besoin d’ouvrir mes rideaux pour savoir le temps qu’il faisait; le bruit des lourdes gouttes de pluie sur le puits de lumière surplombant l’escalier de la maison suffisait amplement. J’ai donc décidé de faire du déni: j’ai laissé les rideaux fermés! En ce moment, les golfeurs et cyclistes du 514-450 (et quelques 819!) jubilent, pendant que les skieurs du 418 célèbrent. Vous dire que j’aimerais être dans un autre code régional est bien entendu inutile… mais j’en appelle à tous ceux qui ont la chance d’être là où il neige, SORTEZ SKIER! Dans la chronique Skinusite de mes collègues, on vous explique bien simplement là où il pleut, et là où il neige. Si vous faites partie des privilégiés qui ont droit à une période de prolongation de l’hiver, profitez-en pour ceux qui n’ont pas l’occasion de se déplacer… les séries éliminatoires font mal!
Le bénéfice du déni
Et même quand la pluie sera finie… faites donc encore un peu de déni: c’est pas parce que vous êtes en train de nettoyer vos plates-bandes que le ski est fini! Sortez profiter des plus belles journées du printemps sur les pentes. Le soleil, l’ambiance, l’absence d’attente aux remontées, le plaisir de skier sans avoir froid aux extrémités (vous avez grogné là-dessus pendant les Fêtes!), tout ça, c’est à vous si vous faites du déni du printemps! Lâchez les jonquilles et allez skier!
Chaque année à cette saison, on assiste à une hécatombe dans les stations de ski du Québec. Dès la fin de la Relâche, une dizaine de petites stations ferme, faute de skieurs. Puis, des stations de taille moyenne rejoignent les précédentes et ainsi de suite jusqu’à la mi-avril, où ne demeurent que quelques bastions, défendant de leur mieux le droit des skieurs à dévaler les pentes et à traverser les étangs.
Exception faite des saisons où le printemps est beaucoup trop pluvieux, ou des stations à l’enneigement 100% naturel, chaque année, à la fermeture de la majorité des stations, il subsiste encore une couverture neigeuse pour permettre aux skieurs de s’amuser pendant de longues journées. Ce n’est pas par manque de neige que les opérations cessent… c’est par manque de skieurs!
Décalage des saisons
Depuis plusieurs années déjà, il est de plus en plus laborieux d’ouvrir les pentes au début de l’hiver. Températures trop chaudes, pluies qui s’étirent, les ouvertures à 100% du domaines skiable sont maintenant chose plus que rare avant les Fêtes. Et que dire des périodes de froid intense! Ces températures donnent des maux de tête aux équipes d’enneigement: les fenêtres de travail possible sont de plus en plus courtes, et tout le travail est bien souvent à risque de s’évaporer à la prochaine pluie. Quel gaspillage!
Chaque hiver nous gratifie maintenant d’un « vortex polaire » suivi d’un « cocktail météo », le tout permettant aux différents annonceurs de météo (notez que je n’ai pas utilisé le terme « météorologue ») de se gargariser avec les mots « facteur éolien » et « brrr qu’il fait froid! », parfois saupoudré de « il faut être courageux pour aller en ski aujourd’hui! ». NON! Il faut simplement être bien habillé! Mais je m’égare… revenons aux aléas de la température: si vous n’en pouvez plus de commencer à skier en novembre-début décembre, et que vous êtes déçu du peu d’ouvertures des pistes, pensez donc à décaler vos sorties!
La neige arrive maintenant plus tard, et au moment où il fait le plus beau, vous vous acharnez à sortir votre vélo pour rouler sur des pistes cyclables pas encore nettoyées. Auriez-vous un léger problème d’impatience? Vous cherchez vraiment à trouver des raisons pour dire que vous n’aimez plus votre sport comme avant? Que les conditions vous compliquent la vie? C’est pourtant simple… décalez vos activités pour suivre les saisons!
Appel aux commerces
Je me permets ici un petit encart, que j’adresse aux boutiques et vendeurs de ski, golf, vélo: vous qui avez une petite superficie, joignez-vous à nous et faites du déni! Oui, je sais que les fabricants vous obligent à faire vos commandes « à l’envers des saisons »… mais êtes-vous vraiment obligés de sortir tout votre attirail de vélo et de fermer votre atelier d’entretien de skis pendant qu’il reste encore des journées skiables? Et à l’automne, quand il fait superbement beau et chaud, pourquoi sortir les skis sur le plancher, et râler que les ventes démarrent lentement? Faites de la résistance!
La clientèle ne pensera pas au ski tant qu’il n’y aura pas de chutes de neige visible, et trouvera ridicule qu’il n’y aie plus de patins à roues alignées dans les magasins en septembre… et elle ne pensera pas au vélo si vous n’affichez pas vos nouveautés pendant qu’il tombe 30cm de neige! Oui, on est comme ça, les humains: la plupart du temps, quand on ne voit pas quelque chose, ça n’existe pas! Bon, vous me direz que vous ne pouvez pas lutter contre les grandes surfaces… c’est bien vrai, et je vous ai apostrophés directement, précisément parce que je sais très bien que les Costco de ce monde vendent des habits d’hiver en juillet et des maillots de bain en janvier. On ne les fera pas changer. Mais vous le pouvez! Passez-vous le mot, et affichez clairement vos couleurs: vous suivez les saisons, il n’y a rien de plus naturel!
Voilà donc ce que je demande, bien simplement: faisons du déni! Collectivement, on arrivera à rendre le printemps rentable pour les stations de ski. Comme tous les changements, ça ne se produira pas du jour au lendemain… mais un rappel comme celui-ci ne peut pas nuire, non? Allez, j’ai confiance en vous, skieurs et planchistes: ignorez vos plates-bandes, laissez les pneus des vélos dégonflés, et profitez de la neige pendant qu’elle est là!