Bien que cette station de ski soit située au Labrador West, elle rejoint la population du Québec car les résidents de Fermont vont y skier. En fait, les municipalités de Fermont (QC), Labrador City et Wabush (Terre-Neuve-et-Labrador) forment une grande agglomération de population qui jouxte la frontière, ayant en son centre Smokey Mountain. 

La station Labradorienne a bien sûr rencontré son lot de difficultés. Elle est confrontée à devoir opérer avec des coûts d’exploitations qui sont relativement élevés dans le monde du ski, qu’il s’agisse des assurances, de l’entretien, des réparations, des acquisitions, etc. De plus, avec des revenus modestes et un bassin de population plutôt limité, il devient difficile d’aller recruter de nouveaux membres. Inévitablement, l’ensemble de ses équipements commence à devenir âgé et ceux-ci devront être remplacés éventuellement. En combinant une situation financière précaire et des investissements massifs requis, la viabilité l’exploitation de Smokey Mountain a été remise en cause à certaines reprises. 

Malgré tout, elle demeure toujours ouverte grâce à une poignée de gens motivés, aimants du ski alpin et fiers de leur station. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une des plus hautes montagnes de la région, ses 330 mètres de dénivellation la rendent immanquable dans le paysage. Quatre remontées permettent d’accéder aux différents secteurs de la station. La remontée principale est un télésiège quatre places du constructeur Skitrack; la montagne compte aussi deux téléskis simples et un tapis sur la pente école. Il est possible de dévaler un choix de 19 pistes de tous les calibres, les plus difficiles représentent un bon défi! Le paysage de la montagne a ceci de particulier: au cours de la remontée on gravit outre la limite des arbres. Il est donc possible de skier un sommet dénudé de tout arbre, un peu comme sur un glacier. Le climat plutôt rigoureux du nord du 52e parallèle permet de vivre des saisons avec peu ou pas de dégel, la qualité de la neige y est excellente.

Au tournant des années 2010, selon un article de Radio-Canada, une certaine menace semblait planer pour l’existence future de la station, qui pouvait ironiquement très bien être sa planche de salut. En réalité, le domaine skiable est aménagé sur un gisement de minerai de fer et une compagnie voulait bien l’exploiter, ce qui aurait pu amener la disparition de la montagne. Or, en cas de nécessité d’exploitation du gisement, ladite compagnie minière s’était engagée à déménager les activités de ski et à aménager une nouvelle station sur une autre montagne. Cette situation aurait fait en sorte que le centre de ski serait équipé de nouvelles infrastructures à très peu de frais.

Or, le scénario qui s’est finalement produit a permis de combiner le meilleur des deux mondes. La compagnie minière Iron Ore, qui est une propriété de Rio Tito Alcan, a revu sa planification d’exploitation minière et la montagne de Smokey ne fait plus partie de ses plans. En contrepartie, comme l’exploitation minière du fer a démontré une certaine reprise au cours des années 2000, ceci a donné une bouffée d’optimisme et des nouveaux résidents et travailleurs sont venus s’installer dans la région. Ce contexte été favorable à ce que ladite compagnie minière ait pu investir dans l’actuel centre de ski. Leurs équipements et leurs employés ont été mobilisés afin de procéder au réaménagement du site et à la préparation du terrain pour l’installation des nouvelles remontées mécaniques. Durant l’été 2018, un télésiège quatre places, un téléski débrayable et un tapis roulant neufs ont été construits. C’est sans compter que le téléski rouge a été rénové afin de pouvoir accéder à nouveau au sommet absolu du domaine skiable.

En synthèse, il est possible de constater que cette station locale est confrontée à des enjeux semblables à ses voisines, sa viabilité tient grâce à une mobilisation des ressources locale de ses membres, clients et entreprises qui fournissent temps et argent, sans attendre quoi que ce soit en retour.

Article précédentJ’ai envie de faire la morale…
Article suivantDiamond Peak (Nevada), dans l’écrin du lac Tahoe
En bon géographe, Dominique a toujours les pieds sur terre -sauf lorsqu'il skie! Véritable mine d'informations factuelles et historiques, ils partage son savoir quotidiennement grâce à son métier d'enseignant, ainsi que sur notre forum.