Lorsque Jean-Philippe et moi quittons le petit stationnement au départ de la piste de ski de fond, nous n’avions aucune idée de ce qu’allait nous dévoiler la face ouest de Mansfield, au Vermont. C’est quand nous plongeons dans la forêt mature un peu plus haut, laissant dernière nous les fondeurs, que nous prenons la pleine mesure de la beauté majestueuse de l’endroit: de vieux arbres aux formes esthétiques, bien espacés sur environ 400 mètres de dénivelé, dormant dans la blancheur hivernale.

Skieur: Pierre Pinsonnault / Photo: Jean-Philippe Desrochers
Skieur: Jean-Philippe Desrochers / Photo: Pierre Pinsonnault

Émerveillés par cette vaste forêt désertée par l’être humain, nous nous empressons de monter pour faire une première descente. La neige accumulée depuis la dernière semaine reste peu touchée; on aperçoit seulement quelques traces à peine visibles, recouvertes par les flocons à la faveur de la nuit qui vient de s’achever.

Notre première descente est un pur plaisir. La poudreuse est sèche, légère, et d’une qualité «champlain», pour reprendre l’adage des Vermontois qui sillonnent, à ski, les faces ouest des montagnes bordant l’I-89.

Skieur: Pierre Pinsonnault / Photo: Jean-Philippe Desrochers

Jean-Philippe et moi avions repéré l’endroit lors d’une randonnée au sommet du Nose, soit le point le plus au sud de la crête du Mont Mansfield. Moins imposante et haute que le Mont Mansfield, la montagne convoitée se cache dans l’ombre de celui-ci aux yeux de bien des skieurs. Pourtant, elle trouve sa place dans le célèbre livre de David Goodman, Best backcountry skiing in the Northeast, avec notamment la Steeple Trail et la Skytop Trail qui débutent toutes les deux au Stowe Mountain cross-country center.

Pour notre part, nous avons plutôt décidé d’explorer son autre face, qui fait tout de même partie du Mount Mansfield State Park. Ce n’était pas notre premier choix en ce dimanche 3 février; nous devions plutôt aller skier Camel’s Hump et monter au sommet pour admirer la vue, mais un couvert nuageux plutôt bas nous a poussé à modifier notre plan. Une modification de plan qui, finalement, ne nous a pas rendus tristes…

Skieur: Jean-Philippe Desrochers / Photo: Pierre Pinsonnault

À notre deuxième descente, il commençait déjà à y avoir un peu plus de skieurs et planchistes dans les sous-bois. Rien, toutefois, pour briser ce sentiment de solitude.

Skieur: Pierre Pinsonnault / Photo: Jean-Philippe Desrochers

Nous avons pu échanger avec certains des skieurs venus profiter du pactole poudreux. Et nous nous sommes vite rendu compte que nous nous trouvions dans un local stash. Rien d’illégal, toutefois, puisque le ski est permis partout dans les parcs nationaux aux États-Unis, contrairement au Québec. Et c’est pourquoi nous aimons aller faire notre tour au Vermont!

Skieur: Jean-Philippe Desrochers / Photo: Pierre Pinsonnault

Un des Vermontois avec qui nous avons parlé disait qu’il y a une quinzaine d’années, des forestiers passionnés de ski ont minutieusement aménagé ce versant de Mansfield, sélectionnant les espèces propices à la conservation des boisés que nous skions aujourd’hui. Et depuis, rien ne fut recoupé, outre quelques branchailles.

L’ambiance  a quelque chose de mystique, avec ces arbres matures recouverts de neige formant une forêt remplie de poudreuse. L’envie de faire une troisième descente nous a poussé à explorer encore un peu plus profondément. Nous avons trouvé des étendus de poudreuse dormante, encore plus inclinés, toujours aussi dégagés. Il y a, ici, le point départ d’une forêt grandiose qui, peu importe le versant choisi, abrite cette neige tant convoitée…

Skieur: Jean-Philippe Desrochers / Photo: Pierre Pinsonnault
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Son intérêt pour la nature et le grand air se décline en deux principales activités : le ski alpin (sa grande passion) et la randonnée en montagne. Rédacteur professionnel dans la vie de tous les jours, et prenant un malin plaisir à photographier les paysages d’hiver et les skieurs lorsqu'il pratique son sport de prédilection, Pierre aime écrire sur le ski et partager ses expériences, photos à l’appui.