Cette station de ski était située dans la vallée de Saint-Sauveur, à l’opposé de la station Sommet Saint-Sauveur. Son histoire remonte à 1929, quand le marquis Nicolò degli Albizzi a acheté des terres qu’il utilisera pour permettre la pratique du ski à ses clients. Celui-ci possédait à Saint-Sauveur une pension huppée, ouverte uniquement en hiver. Le prix par jour fait sourire, car il était de 5 $.

En 1938, il vend son établissement à son cousin le Duc Dimitri de Leuchtenberg. Cette photo montre que l’endroit était fort joli (photo collection SHGPH). Celui-ci a continué d’opérer la station de ski pour ses clients, mais aussi pour les clients du Win-Sum-Inn, auberge bien connue de Saint-Sauveur.

Une particularité de cette station est que durant son existence, elle a été en activité sur des terres appartenant à plus d’un propriétaire grâce à des ententes ou des baux de location. Ceux qui opéraient la station n’étaient donc pas nécessairement ceux qui possédaient les terres.

La station de ski a été connue au début sous le nom de Marquis’ Hill, puis de Duke’ Ski Lift, et finalement de Côte La Marquise. Pendant plusieurs années, il n’y avait pas de remonte-pente. La première remontée mécanique date de la toute fin de 1938, ou du début de 1939, et a été un fil-neige. La première photo ci-dessous est de cette époque. Elle est particulièrement importante, car elle indique l’emplacement de ce fil-neige, et aussi celui du petit chalet. Par la suite, le fil-neige sera remplacé par une arbalète. La suivante est du petit chalet qui était connu sous le nom: La Chaumière. On y retrouvait uniquement un poêle à bois et quelques chaises pour pouvoir se réchauffer et se reposer. Occasionnellement, on y vendait des sandwichs déjà préparés. On peut voir qu’à cette époque il y avait encore un bon nombre d’arbres dans le haut des pistes.

Les deux dernières photos sont des années1950. On remarquera que comme pour les skis, les bottes de ski sont très différentes d’aujourd’hui. Au début des années 1960, on changera l’arbalète pour une autre plus performante, et un nouveau chalet sera construit, un peu plus bas que l’arbalète. Le petit chalet sera déplacé et deviendra une section du nouveau chalet. On peut voir ce chalet sur la photo principale.

Commençant à la fin des années 1950, Lucien Charette et son épouse ont administré la station, puis à partir de 1967 et pour une dizaine d’années, il était aussi un des actionnaires de la compagnie Mont-Royal Ski-Tows Inc., qui a acheté la station. Un autre actionnaire et gestionnaire de la station était Jean H. Richer. Cette compagnie avait été créée en 1945 pour pouvoir soumissionner sur l’opération de remonte-pentes sur le Mont-Royal et dans quelques parcs de la ville de Montréal. C’est le maire de Montréal Camillien Houde qui était derrière cette idée. La compagnie n’a pas gagné et a plutôt administré les côtes 68-69-70 et 71 à Saint-Sauveur, puis aussi la station La Marquise.

Cette belle épinglette date du début des années 1960, et seulement une centaine aurait été fabriquée. M. Charette avait demandé à un ami professeur de faire un concours, et cette épinglette est inspirée du dessein gagnant. On retrouve le même logo sur cette photo de la fin des années 1960. Au centre de la photo, on voit nul autre que Pierre Plouffe, champion de ski nautique et très bon skieur alpin, lors d’une visite à la station. Photo gracieuseté de Jacques Provost.

Ces documents, provenant du Musée du ski des Laurentides, illustrent très bien l’augmentation des prix depuis les années 1960. On peut voir sur les 2 photos que les pistes principales avaient une bonne inclinaison, et aussi combien la vallée de Saint-Sauveur était peu développée il n’y a pas si longtemps. Je remercie André Charrette qui est la source de ces documents, et aussi pour avoir partagé ses souvenirs de l’histoire de la station.

Paul Lalonde a été impliqué avec la station La Marquise des années 1940 jusque dans les années 1970. Il a d’ailleurs fondé l’école de ski de la station vers 1960 et en a été le directeur jusqu’en 1970. On le voit avec sur son gilet l’épinglette d’instructeur à La Marquise, et aussi avec les instructeurs de l’école. Un grand merci à la famille Lalonde d’avoir partagé plusieurs photos.

On n’est pas certain de l’endroit exact où cette photo a été prise, mais elle illustre parfaitement la difficulté que pouvait représenter l’utilisation d’un fil neige quand il était long. Soit on devait être costaud, soit on devait être plusieurs ou soit on devait se tenir très bas, afin de pouvoir supporter le poids du câble.

Pour pouvoir bien skier avec des skis longs et étroits, il était essentiel d’avoir une bonne technique. Les instructeurs de ski étaient très valorisés. Sur ces photos, on voit M. Lalonde enseignant le ski autant à des jeunes qu’à des adultes.

Ce plan des pistes dans les années 1970 a été fait par Pierre Dumas en collaboration avec Robert Miron. On voit qu’il y avait alors une autre arbalète dans le haut des pistes. Je ne possède malheureusement aucune photo de ce secteur de la station. Pour ce qui est du dénivelé, on parle d’environ 140 mètres au début de la station, et de 175 mètres lors de la fermeture.

Les photos suivantes sont de Georges Couture et de son fils José. On constate que le père en 1950, et le fils dans les années 1970, ont tous les deux du style.

Cette photo du petit chalet dans les années 1950 montre au loin le village de Saint-Sauveur, dont le clocher de son église.

José Couture a été très actif à la station. Il a été instructeur, il a été compétiteur, et à ses moments libres, il a même été Père Noël.

Voici une médaille de La Marquise, deux écussons d’entraîneur, (le 2e de Luc Bertrand) et une épinglette originale des années 1970, clairement inspirée par l’équipe de compétition.

Les années 1970 ont marqué le début du ski acrobatique. Un jeune, Patrice Saindon, qui pratiquait les sauts, a fait une mauvaise chute, et est décédé. En sa mémoire, on a organisé un événement. Sur la droite de la première photo, il y a son père, qui a fabriqué les gros écussons commémoratifs. Au centre, on peut voir deux jeunes habillés en marquise et en marquis. Sur la gauche, on remarquera Bernard Derome, personnalité très connue du monde de la télévision. L’autre photo montre la médaille commémorative de 1974.

Vers le milieu des années 1970, on a commencé à expérimenter avec le ski sur gazon. Cela n’est jamais devenu vraiment populaire, car ce n’était pas un sport facile ou sans risque de blessures. Sur ces photos, on peut voir José Couture et sa future épouse Diane pratiquant ce sport à La Marquise.

Quoi de mieux pour terminer cet article, que des photos de ski de poudreuse dans la piste La Cuvette, la piste à droite sur la photo de gauche. Malheureusement pour la station, la neige a été rare dans certaines régions du Québec au début des années 1980. Ceci a certainement causé la fermeture de la station dont le dernier hiver d’opération a été celui de 1981-1982, tel que confirmé par mes recherches à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Aujourd’hui, il reste très peu de traces de la station, car des maisons ont été construites en très grand nombre sur les terrains de la station ainsi que sur ceux avoisinants.

En plus de toutes les personnes mentionnées dans l’article, je dois tout particulièrement remercier Robert Miron, dont la collaboration a été essentielle à la rédaction de cet article. Sans ses connaissances de l’histoire de la station ainsi que les photos de la famille de Paul Lalonde qu’il m’a fournies, je n’aurais même pas songé à écrire cet article.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!