Une chance qu’on s’a!

Un récent bilan de l’Association des stations de ski du Québec pour la saison 2020-21 indique des pertes financières pour bon nombre de stations. La Covid et les mesures sanitaires qui s’en sont suivies ont laissé des séquelles. Pourtant, les stations semblent être remplies à craquer. Nous nous sommes rabattus en très grand nombre sur les sports de plein air. Ainsi, les sports de glisse vivent une hyperactivité qui remplit abondamment les files d’attente aux billetteries et aux remontées mécaniques. Sachez cependant qu’il y a plusieurs secrets bien gardés dans le monde du ski au Québec. La Réserve est l’un de ces bijoux dont l’écrin semble assez bien fermé pour en conserver la tranquillité. Alors que des files d’attente éternelle guettent les stations les plus populaires, La Réserve va son petit bout de chemin en toute quiétude. Et ce n’est pas qu’une “montagnette”! Au contraire. Je te dis, une chance qu’on s’a!

Mon doublé

J’ai visité La Réserve deux fois en quatre jours. Oh, pas par doute d’avoir manqué quelque subtilité. Non, j’y suis retourné par amour. Comme tous les “réguliers” de la station, c’est l’enneigement et les pistes qui exercent sur moi cet attrait irrésistible. Amour, donc, de la station! D’ailleurs, ce n’est pas en subtilité ni en demi-teintes que La Réserve envoûte ses visiteurs. La passion que l’on éprouve ici nous vient de ce que l’on voit et de ce que l’on vit. Tout est là, devant soi. Pas de cachette. Pas de passages connus seulement des initiés. Non! Des sous-bois ouverts et paisibles à ceux qui font douter de soi, des falaises avec caps de roches et de glace aux pistes damées avec des tracés intelligents, La Réserve en met plein les jambes! Il n’y a qu’à oser. Car disons-le, ce ne sont pas tous les visiteurs qui défieront les Panorama, Chute Libre, Pirouette ou Luge. Profitant d’un enneigement naturel parfait pour mes deux visites, je me tape les bretelles d’avoir su fuir les foules!

Vue de son sommet, la Loup-Garou Haut est prometteuse. Promesse qu’elle tient quand la neige est profonde, comme ici.

Des familles de ski

Il y a des familles de hockey. On en connaît tous. Il y aussi des familles de ski. On en connaît tous, aussi. Je skie parfois avec l’une de celles-ci. Habitués à une petite station de la Montérégie pour laquelle ils sont détenteurs d’une passe de saison, les membres de cette famille ne dédaignent pas sortir dans des stations plus sérieuses. Nous explorons ensemble La Réserve et sa bonne vingtaine de pistes. Oh, méchant changement! “C’est ça une piste diamant noir?!”, demande l’un des ados. Ira-t-il l’affronter ou non. Bien sûr que oui. Avec sa soeur juste derrière lui. Puis devant lui. Le chroniqueur et le père des deux ados feront plutôt le tour pour les rejoindre en bas. La descente sans bâtons dans la Chute Libre Haut avec ses passages verticaux glacés fait comprendre aux ados l’origine du nom de la piste. Plus tard, dans la Pirouette Haut ils ont compris à quoi sert l’affûtage des skis. Ludo a même compris ce qu’est l’accélération: F=ma se souvient-il subitement. La Réserve offre peu de pistes de niveau débutant. Ceux-ci y trouvent leur compte, mais s’ils veulent explorer d’autres vues et d’autres directions il leur faudra accepter le passage du vert au bleu. Les deux ados que j’accompagne réalisent à quel point leur calibre monterait en flèche s’ils étaient des habitués de La Réserve. Moi, je les trouve déjà pas mal assez fous!

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Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.