Lors de ma tendre enfance à St-Albert-de-Warwick, j’apercevais au loin une montagne avec des lignes sinueuses qui devenaient blanches en hiver. J’étais curieux et je me demandais bien de quoi il s’agissait. “C’est une montagne de ski, et ça coûte cher d’y aller!”, m’a un jour répondu ma mère, caissière à temps partiel et mère monoparentale. J’étais déçu, car j’aurais bien aimé aller y faire un tour, juste pour voir…
C’est à l’âge de 9 ans dans le cadre d’une sortie scolaire au Mont Gleason que j’ai enfin eu la chance d’aller toucher à ces lignes blanches qui m’avaient tant fasciné. À partir de ce moment et pendant une vingtaine d’années, j’ai été ce qu’il convient d’appeler un skieur du dimanche. En raison des études, du travail et du manque de moyens, je skiais entre 1 et 5 fois par année et je crois même avoir sauté quelques hivers… l’assiduité, ce n’est pas donné!
Comme je ne fréquentais pas si souvent les pistes, mes vêtements et mon équipement n’étaient pas toujours très bien agencés. Pour économiser sur les frais de location, j’ai acheté une horrible paire de bottes de ski bleues de marque inconnue (lire ici effacée par l’usure!) au “recyclo vesto”, un genre de Village des Valeurs un peu pire. Par la suite, recherchant à la fois l’économie et la facilité, j’ai déniché une paire de mini-skis rouges, en vente finale. Comme je tournais en donnant des coups de fesses, autant vous dire que mon style était tout sauf gracieux! Mais qu’à cela ne tienne, le plaisir de la glisse était présent à chacune de mes (trop peu nombreuses) sorties.
Un jour de l’hiver 2008, je skiais au Relais le lendemain d’une grosse tempête. Il y avait beaucoup de skieurs, tous fous de joie en raison de la belle poudreuse qui recouvrait les pistes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je n’avais jamais connu de journée de vraie poudreuse. Assis dans le télésiège, fébrile, j’avais hâte d’être rendu en haut de la montagne et de m’élancer dans une piste. J’avais tellement entendu parler de ces journées magiques! Ça allait certainement être la plus belle sortie de ski de ma vie!
À peine sorti du débarcadère, je me lance! J’y vais!! Yahouuu!!! Yé!!! …Et BANG!!! Je pique du nez, je tombe, je me relève, je reste pris, je me bats contre la neige, je m’essouffle… si bien qu’après seulement 4 ou 5 descentes, je suis tellement découragé que je quitte la station. C’est à ce moment précis que j’ai décidé de prendre mon ski en main! Quelques semaines plus tard, je me suis acheté un bon équipement (exit les mini-skis!) et l’année suivante, je prenais des leçons de ski.
Graduellement, j’ai pu augmenter la fréquence de mes sorties. Ce n’est pas toujours facile de trouver l’équilibre et de le garder, tant sur les pistes que dans la régularité de la pratique! Pas assez de jours de ski, et on régresse. Trop de jours de ski… le budget ne le permet pas. Vous devinez donc que ces skieurs et planchistes occasionnels dont j’ai longtemps fait partie ont des besoins spécifiques. Mais quels sont-ils réellement?
Cette tranche de la population de skieurs est, à mon humble avis, trop souvent oubliée des décideurs, qu’il soit question de marketing ou de développement de produits et services. On s’adressera toujours en premier à une clientèle d’habitués, les fameux convertis à qui on n’a pas vraiment besoin de prêcher, puis à une clientèle de débutants, de non-initiés, qu’on cherche à appeler avec l’attrait du nouveau. Mais les skieurs occasionnels, eux? Ils sont déjà gagnés par l’envie de la glisse, ils sont déjà convaincus, mais ne se sentent aucunement «sollicités» par les différents messages que les stations de ski envoient. Et croyez-moi, ils sont bien plus nombreux qu’on ne le pense!
Notez bien que tout ce que j’écris ici n’a rien de scientifique! Il suffit de regarder un peu autour de nous, et d’analyser… Dépendant de divers facteurs tels l’âge, les moyens financiers, le lieu de résidence et le niveau d’habileté, les besoins de chaque skieur varient -gageons que je ne vous apprends rien! Voici cependant quelques facteurs qui feront qu’un skieur occasionnel aura une bonne expérience de glisse, et aura envie de remettre ça plus souvent!
1- Des bons prix. Tout le monde cherche des bons prix, me direz-vous… Certes. Mais les skieurs ne skiant pas assez souvent pour rentabiliser les cartes et forfaits offerts et encore moins une passe de saison, doivent payer le plein tarif, à moins d’être ultra renseignés! (Voir prochain point) S’il faut en plus ajouter le déplacement, la location d’équipement et le repas, on dépasse rapidement 100$ par jour de ski dans une station de taille moyenne située à une heure de voiture du domicile, ce qui est considérable. Les spéciaux visant les skieurs occasionnels sont rares et c’est bien dommage.
2- Une communication adéquate. Lorsque l’on parle avec les gestionnaires de stations de ski, tous s’entendent pour nous dire (chiffres à l’appui) que 90% des ventes de billets journaliers ne se font pas au plein prix. Cartes étudiantes, Air Miles, rabais CAA, rabais du mardi soir, deux pour 1 le mercredi et que sais-je encore… Oui, bravo! Toutes ces initiatives sont effectivement à applaudir. Mais le skieur occasionnel les connait-elles? Si certains des skieurs paient le plein tarif sans s’objecter, tous seront ravis de pouvoir économiser un 10% ici et là! Les préposés aux billetteries gagneraient un client encore plus souriant, et les stations gagneraient un skieur qui reviendrait plus souvent… un skieur averti est un skieur qui convertit! Ne sous-estimez pas le pouvoir de l’effet d’entrainement…
3- Une meilleure attitude de la part des autres:
a) Patience et respect en piste! Pour l’avoir vécu lors de presque chacune de mes sorties, il n’y a rien de plus désagréable que de se faire frôler par un skieur ou planchiste descendant à toute vitesse. Sans compter l’impatience dans les files d’attente lorsqu’on oublie de retirer une dragonne, ou qu’on enfile un ski du mauvais côté d’un poteau délimitateur… Mesdames et messieurs, un peu de retenue, s’il-vous-plaît!
b) Pas de snobisme! Il arrive parfois que des skieurs fréquents ou des employés adoptent une attitude condescendante à l’égard des skieurs moins bien équipés, moins bien habillés ou moins habiles. C’est très dommage car en plus de démontrer un manque de savoir-vivre, cette façon d’agir nuit au maintien de la clientèle des stations, et par le fait même à la survie de celles-ci. Comme le dit l’adage : si le chapeau vous fait, mettez-le, et par la même occasion, prière de baisser un peu le menton…
4- Une plus grande présence du ski loisir dans les médias d’information et de divertissement. Les revues et les reportages télévisés montrant des planchistes professionnels ridant des bols très inclinés en Colombie-Britannique, une aventure en héli-ski en Norvège ou une compétition de bosses à Tremblant, tout cela nous fait rêver et c’est bien ainsi. Mais peut-être en faudrait-il aussi un peu plus qui informent et fassent la promotion des sports de glisse tels que pratiqués par la majorité de la clientèle? Question de donner encore plus le goût! (Notez bien que je n’inclus pas ici mon média internet préféré, ZoneSki.com, car je m’y retrouve totalement!)
Allez, bon ski ! …et n’oubliez pas que la neige, ça se partage !