La comparaison est frappante : le printemps dernier, nous nous trouvions au Mont Orford, en pleine semaine, pour une journée semblable à celle qu’on vit aujourd’hui, telle que présentée dans cette chronique, et la station de ski était pleine. On voyait des files d’attente dignes des fins de semaine parmi les plus achalandées : retraités, travailleurs, étudiants de tout âge profitaient du meilleur du ski de printemps dans la joie. Mais en ce jour du 5 avril 2022, malgré le plein soleil sur la montagne et les conditions de rêve sur les pistes, on aperçoit seulement quelques âmes qui sillonnent entre les grosses bosses molles.
La désertion des pistes de ski est telle en cette fin de saison que plusieurs stations ont tout simplement jeté la serviette et fermé durant la semaine, voire même pour la saison.
Mais qu’est-ce qui se passe?
Le printemps oublié
Le constat d’aujourd’hui est aussi un peu celui des dernières semaines : les skieurs ont déserté les stations de ski malgré les belles conditions, parfois printanières, parfois encore hivernales avec des précipitations neigeuses tardives. Si les hypothèses sont multiples, la réponse reste floue…
Est-ce l’inflation qui pousse les gens à délaisser un sport toujours de plus en plus onéreux? Est-ce qu’en augmentant leurs tarifs, les stations se sont en quelque sorte tiré dans le pied, ce qui fait en sorte que les skieurs ont délaissé le ski précocement, même en l’absence d’un printemps précoce? C’est peut-être une partie de la réponse, mais on peut arguer, au moins pour une partie de la clientèle, que l’achat d’une passe de saison pour l’hiver 2022-2023 permet généralement aux détenteurs de profiter des dernières journées avant la fermeture des montagnes.
Ou encore : est-ce que la levée des restrictions quant aux rassemblements et l’ouverture des activités intérieures, comme les cinémas, les restaurants, les bars, etc. auraient un impact sur la baisse de fréquentation des stations de ski? Possible, mais ça serait oublier le plaisir d’être à l’extérieur, de pratiquer une activité physique saine et, surtout, fuir les lieux de contamination qui nous amène vers une sixième vague. On l’a bien vu l’hiver passé : les stations de ski étaient pleines, la population pas encore vaccinée, et le fait d’être dehors, même en masse, n’a pas généré d’événements majeurs de contamination.
Et c’est sans compter le plaisir de skier au printemps : soleil, lunettes fumées, ambiance relaxe, gros sel, après-ski endiablés… Bref, les skieurs auraient-ils oublié le bonheur du ski de printemps, faute d’opportunités?
L’oubli du printemps
Question opportunités, on pourrait peut-être aussi dire que le printemps a oublié les skieurs. Comparativement à la saison passée, où les 20 degrés se multipliaient dès la fin mars, ce printemps 2022 apporte froid, neige, pluie, grisaille et, souvent de concert avec ces éléments, des surfaces durcies. Cela est d’autant vrai les fins de semaines, moment où la majorité des gens peuvent sortir et profiter de leur sport préféré.
Il faut effectivement être agile pour profiter de vraies conditions de printemps comme celles que nous avons vécues à Orford : bien choisir sa journée, pouvoir se libérer du travail et des obligations familiales en pleine semaine… si l’on compare avec l’année passée, ces libérations semblaient plus faciles, les travailleurs étant majoritairement en télétravail et les enfants à la maison; il était donc plus facile de faire l’école buissonnière et de gérer ses dossiers dans le télésiège.
Il reste que si le printemps oublie les skieurs, les skieurs finissent par oublier le ski, et le cercle est vicieux : à défaut d’opérer à perte, les stations de ski décident de fermer plus tôt ou de réduire substantiellement leurs activités.
Et pourtant…
Et pourtant, autant les stations de ski que les skieurs y perdent parce qu’au final, quoi de plus revitalisant que d’offrir/de profiter de cette opportunité d’être au grand air et de skier dans des conditions propices à l’éclosion du plaisir. On dira, comme mentionné plus haut, que Dame nature ne nous aide pas beaucoup ce printemps : les belles journées se retrouvent la semaine alors qu’en grand partie, les weekends apportent des conditions météorologiques variables.
Cela dit, on a vu l’hiver passé que les skieurs ont fait preuve de créativité, skinusites et grippes alpines à la clé, pour profiter des conditions optimales pour pratiquer leur sport favori en semaine.
Alors, qu’est-ce qui a changé cette année?