Sélectionner une destination pour un voyage inaugural dans les Alpes françaises n’est pas forcément une tâche facile pour un skieur américain. On cherche tous des choses qui sont hors du commun chez nous: des montagnes dramatiques avec des dénivelés étourdissants, des espaces grandioses où on peut skier une semaine entière sans devoir descendre la même pente deux fois, des villages charmants que l’on peut visiter un après l’autre sans déchausser tout en mangeant des repas somptueux. Cependant, puisqu’il y a pas mal de stations qui offrent ces attributs, on se rend compte vite que parfois la seule chose plus ardue que de ne pas avoir assez de choix est d’en avoir trop.

Afin de réduire les options, j’ai ajouté un autre critère qui est très désirable pour quelqu’un qui ne veut pas passer des heures dans les transports après un vol transatlantique pendant la nuit: l’accessibilité. J’ai donc fini par choisir les Portes du Soleil, le domaine franco-suisse situé seulement à une heure de route de l’aéroport de Genève. Même avec un retard la veille en décollant de Newark, j’étais assis à 10h30 le lendemain dans la télécabine Chavannes Express. On n’est donc pas obligé de gaspiller la première journée du séjour en transit. Bien sûr, à cause du décalage horaire, on risque un peu la fatigue, mais au diable le jet lag – le but de ce voyage est de skier! 

830 mètres verticaux plus tard, le panorama du sommet de Chamoissière donne le premier aperçu de l’immense étendue des Portes du Soleil. Même les gens qui ont visité les fameuses stations de l’ouest de notre continent seront bouleversés par l’échelle: un circuit énorme qu’on peut entreprendre dans les deux sens: 425 kilomètres de pistes (le deuxième plus grand domaine du ski du monde après Les 3 Vallées). Bien que j’aie parcouru des douzaines de kilomètres chaque jour, au bout d’une semaine c’était évident que je n’ai skié qu’une petite partie du domaine. 

Ceci dit, les Portes du Soleil ne se démarquent pas seulement par la grandeur et la hauteur, mais également par la variété impressionnante du terrain. Il y a vraiment tout – à basse altitude, toutes sortes de pentes larges, ondoyantes, bien damées, et bordées d’arbres qui se prêtent bien aux journées orageuses ainsi que des champs gigantesques au-dessus de la limite des arbres, des prés vastes avec des inclinations douces où des skieurs de niveau moyen peuvent tranquillement pratiquer leur technique dans la poudreuse, des couloirs étroits et des ravins raides, etc.

Quoique les pistes balisées en général ne soient pas très abruptes, il suffit de regarder autour de soi pour identifier de nombreux défis hors-piste. Si on a envie du ski ensoleillé, on se dirige vers les versants suisses qui sont exposés au sud, tandis que la plupart des pentes françaises donnent plutôt sur le nord, ce qui préserve mieux la neige évidemment.

De plus, comme trois des douze stations ne sont pas reliées au grand domaine par les remontées, mais plutôt par des trajets brefs en bus, on a l’occasion de s’échapper facilement des foules pendant les périodes chargées. J’ai passé une journée sur une de ces montagnes satellites, Mont Chéry, qui se trouve d’ailleurs au centre du village Les Gets. Avec à peine une cinquantaine d’autres skieurs, c’était comme une station privée: des pentes vides, de très bonnes conditions sur le versant orienté nord par rapport au circuit principal, et une vue imprenable sur le Mont Blanc.

Et voilà ma motivation principale pour faire un séjour de ski dans un domaine géant comme les Portes du Soleil: l’extraordinaire quantité de neige vierge ou au pire légèrement tracée. On pourrait prétendre que ceci est le résultat de trois éléments: du hors-piste apparemment inépuisable, un bon enneigement record, et (une différence perceptible par rapport aux centres de ski nord-américains) une grande majorité de visiteurs qui ne quitte pas le damé. Même plusieurs jours après la dernière tempête, on arrive à trouver de la neige fraîche avec très peu d’exploration. Du coup, on n’a jamais l’impression de participer dans une cavalcade pour la poudreuse. Bien entendu, l’inverse –  que les pistes balisées sont normalement plus peuplées que chez nous – est aussi vrai, mais pour les mordus du hors-piste, le jeu en vaut la chandelle.

Puisque c’est la France, il faut tôt ou tard parler de la cuisine et avec 90 (!) restaurants offrant des plats français et savoyards – préparés souvent avec des produits du terroir, y compris beaucoup de reblochon, naturellement – et là les Portes du Soleil ne déçoivent pas. Même les restos plus modestes offrent typiquement un niveau de cuisine qui n’est disponible chez nous qu’aux quelques stations haut de gamme. Pour des gens qui ont l’habitude de déjeuner sur le pouce avec le fast-food dans une cafeteria quelconque, c’est un vrai plaisir de pouvoir se détendre un peu, de pratiquer la gourmandise en pleine montagne, et tant pis pour le portefeuille!

En ce qui concerne le logement près des remontées, on a des tas d’options attirantes et variées. À mi-montagne il y a Avoriaz, conçue pendant les années 60 spécialement pour accéder facilement à l’immensité des Portes du Soleil incluant toutes les stations suisses. En plus, grâce à sa position en haut du domaine à la périphérie de l’ouest des Alpes, Avoriaz reçoit plus de neige naturelle (8 mètres en moyenne annuellement) que n’importe quelle autre station en France.

Bien entendu, il y a un prix pour le bel emplacement et ça c’est l’ambiance. Quoiqu’Avoriaz ne fasse pas HLM alpin comme les Arcs ou les Ménuires, l’agglomération n’est pas exactement chargée d’ambiance hivernale que l’on attend dans les Alpes non plus. Personnellement, je préfère sacrifier un peu de commodité pour un endroit traditionnel avec une atmosphère plus chaleureuse, donc j’ai décidé de me baser dans deux villages mignons nichés au pied des montagnes.

Les trois premiers jours du séjour, mon QG était Les Gets, une belle station à l’extrémité sud-ouest du domaine qui est particulièrement bien adaptée aux familles avec beaucoup de terrain intermédiaire, pleins d’activités pour les enfants, et un joli centre-ville détendu avec pas mal de restaurants, hôtels, et bars. Les trois derniers  jours, j’étais basé à Morzine, littéralement à deux pas de la télécabine principale. Pour ceux qui ont envie de découvrir tout ce que les Portes du Soleil offrent au niveau de terrain, Morzine est un point de départ plus pratique que Les Gets et de ce que j’ai vu, c’est sans question le village le plus animé dans les Portes du Soleil.

Typique pour les Alpes, Les Gets et Morzine fournissent un grand choix d’options en plus du ski: la luge nocturne (fortement recommandé et plus difficile que l’on avait prévu!), des tours en raquette ou en Segway, le patinage, des visites de fromageries, le musée de la Musique Mécanique (très intéressant), et à la fin de mars un grand festival de musique en plein air, “Rock The Pistes,” pour n’en citer que quelques-unes.

Liens Utiles

Portes du Soleil

Hôtel Alpina (Les Gets)

Hôtel Équipe (Morzine)

Article précédentLe pari de Nakiska
Article suivantVisage du ski: JP Auclair
Spécialiste de marketing, James est un skieur américain qui a vécu un peu partout: Berlin, Nice, Boulder, Albuquerque, Chicago, Montréal, New York City/New Jersey. Il parcourt l'Amérique du Nord et les Alpes en quête d'expériences montagnardes uniques, surtout les stations de ski loin des sentiers battus. Il se passionne non seulement pour la poudreuse, mais aussi pour la culture des endroits qu'il visite.