À chaque versant son type de skieur: dites-moi où vous skiez, je vous dirai quelle neige vous aimez! Au cours des prochaines lignes vous serez amenés à explorer les différentes facettes de la montagne, décortiqués à l’aide de ce que les manuels de géomorphologie et de bioclimatologie peuvent nous raconter.
Le nord: une question de longévité!
Aussi nommés Ubac, ces versants sont généralement les premiers ainsi que les derniers à être skiés au cours de la saison. Pourquoi? Parce que le soleil n’y plombe pas directement. Ce dernier a une très forte influence par rapport à l’augmentation de la température au cours de la journée. Cette situation favorise les précipitations sous forme de flocons, permet d’y fabriquer plus rapidement de la neige artificielle, ralentit considérablement la fonte et le ramollissement de la neige.
Les amateurs de conditions printanières vont souvent y trouver le fond très ferme voire glacé. Au printemps, il faut généralement attendre le milieu de l’après-midi pour observer un certain ramollissement de la surface de glisse. Les skieurs frileux y grelottent lorsque le noroît soufflera allègrement. Par contre, les mordus du ski y trouvent leur compte car ils peuvent s’y amuser dès novembre jusqu’au mois d’avril ou mai. Ce versant fait bien évidemment le bonheur des amateurs de conditions de glisse hivernales et rapides. De plus, les très grands mordus grimpent ces versants aux mois d’octobre et de juin, afin d’y skier les traces de neige en attente de la prochaine saison.
Le sud : une question de chaleur et de luminosité
Aussi nommés Adret, ces versants ouvrent tardivement et ferment en premier au cours de la saison. Ils sont le plus à la merci des effets chauffants du soleil. Celui-ci y plombe dès le milieu de l’avant-midi jusqu’à la fin de l’après-midi. C’est à ce moment où ses rayons tombent le plus directement sur la neige et la font ramollir à son maximum.
Les stations ne pouvant pas ouvrir ces versant hâtivement en saison car la neige y arrive tardivement, les mordus du ski vont se retrouver ailleurs. Les gens qui n’aiment pas les conditions de ski de printemps ou le ski dans le gros sel en souffrent. Par contre, en plein cœur de l’hiver les chauds rayons du soleil vous réconfortent par un -30°C, sans compter que c’est à cet endroit où l’on retrouve le meilleur éclairage et la plus belle luminosité en cours de journée. En cette saison, il est utile d’y faire le plein de vitamine D.
L’ouest : une question de découverte et d’exploration
Souvent relégués au second plan, les versants ouest offrent un bon compromis entre le nord et le sud. Bien que le soleil ne s’y pointe qu’au milieu de l’après-midi, la surface de glisse ramollit modérément au printemps. La neige y offre donc un bon mordant sans être dans le gros sel. Bien que la température y soit tempérée, le vent lui souffle sans répit. C’est le grand défaut de ces versants qui font face au courant-jet dominant du vent, celui-ci soufflant d’ouest en est par beau temps. Cette situation a pour effet de dénuder les sommets de leur couvert neigeux, la neige fabriquée est donc de rigueur. Par contre, une fois passé le premier quart de l’amont de la piste, vous allez arriver à un endroit à l’abri du vent et la neige s’y fera plus abondante. Sans compter que grâce à son vent dominant, il s’agit de l’endroit pour observer dans le ciel les gens y pratiquer le parapente.
L’est : une question de matinée et d’opportunisme
Il s’agit du versant presque parfait à skier car côté température, il offre un bon compromis entre le sud et le nord. Par beau temps, il est à l’abri du vent dominant venant de l’ouest. On y souffre moins du refroidissement éolien. De plus, la neige qui provient du versant ouest s’y dépose naturellement. Par mauvais temps, le vent y souffle, c’est donc là qu’on va y observer les plus belles rafales de neige. Les rayons du soleil s’y font sentir très tôt au cours de la journée, soit de l’ouverture de la station jusqu’au milieu de l’avant midi. Au printemps, la neige s’y ramollit en premier. Cependant, étant à l’ombre presque tout l’après-midi, la neige y durcit plus rapidement. Par un matin très froid, c’est l’endroit où il faut se tenir avant que l’ensemble du domaine skiable ne se réchauffe en entier.
Dans le cas des très hautes montagnes, il est possible d’observer une différence moyenne pour aller jusqu’à 10°C entre les versants nord et sud. Dans le cas de plus petites montagnes ou collines, il faut modérer ces écarts. Il est à noter que ces quelques degrés peuvent bien sûr faire la différence entre des chutes de pluie ou de neige. Finalement, des facteurs tels que l’altitude, la latitude, la végétation ainsi que la proximité de grandes étendues d’eau peuvent modifier la climatologie des divers versants peu importe leur orientation.