Le Mont Écho est une station de ski dont plusieurs connaissent le nom, mais peu en ont des souvenirs. C’est normal, la station ayant fermé il y a plus de 40 ans.

Le début de cette station remonte à 1963 quand 5 hommes d’affaire de Waterloo ont formé la société du Mont Écho pour exploiter une station de ski. Le nom de la station vient certainement du fait que la terre sur laquelle la station a été construite était connue sous le nom d’Echo Valley.

La première saison d’exploitation a été l’hiver 1963-1964. Contrairement à plusieurs stations qui ont commencé modestement, on aurait investi 500 000 $ dans la construction et l’équipement pour cette station. Le premier hiver d’opération, un petit chalet temporaire avait été construit, puis démoli l’hiver suivant quand le chalet que l’on peut voir sur certaines photos eu été construit. Ces chiffres sont les chiffres originaux, mais il n’est pas rare que dans le temps, ceux-ci varient un peu d’un document à un autre.
-chaise double de 7 200 pieds de long, dénivelé de 1 500 pieds (457 mètres)
-débarcadère à mi-chemin à 4 100 pieds
-chaise double de 4 200 pieds de long, dénivelé de 1 100 pieds (335 mètres)
-poma de 800 pieds de long, dénivelé de 150 pieds (46 mètres)
-un grand chalet de 3 étages à la base des pistes, qui a été construit en partie en usine à Waterloo.

Plusieurs photos et informations de cet article proviennent du site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Les photos suivantes montrent le chalet et le départ de la chaise double principale, ainsi que le débarcadère à mi-chemin.

En plus d’être l’instructeur chef lors de l’ouverture de la station, M. Eric Schiller a été consultant pour l’élaboration du plan des pistes. Il a recommandé que le chalet soit construit plus haut sur la montagne, afin de réduire la longueur du plat au bas des pistes. Cette idée a été écartée par les propriétaires. Ceux-ci voulaient utiliser dans la publicité le fait que la chaise double avec ses 7 200 pieds de long était la plus longue de l’Est du Canada. De plus, on voulait éviter de devoir construire le chalet assez loin de la route d’accès à la station.

Les brochures suivantes couvrent la période durant laquelle la station a été en opération. On y retrouve le plan des 15 pistes ainsi que le nom de ces pistes. Ce qui peut surprendre, c’est le prix pour un billet de ski, tout comme le prix pour une heure de leçon privée. C’était très différent des prix d’aujourd’hui.

Une photo très spéciale a été publiée dans un journal en janvier 1966. On indique que la chaise a fonctionné pour permettre le ski au clair de lune. Ceci a possiblement été fait une seule fois, lors de circonstances particulières. En débarquant de la chaise à mi-montagne, et si les pistes du bas étaient en belles conditions, il était certainement possible de les skier en sécurité au clair de lune.

Voici l’épinglette, l’écusson et la médaille de bronze de l’école de ski. Ces items sont tous rares, mais ce qui est unique, c’est l’épinglette au nom d’André Pagé, qui a été gérant de la station de l’hiver 1966-1967 à l’hiver 1971-1972.

Un artiste européen de passage au Québec a fait cette belle peinture du chalet du Mont Écho.

La station a connu de bonnes années comme à l’hiver 1965-1966 avec 100 000 skieurs. Mais la réalité est que la compétition était forte. Ce plan montre le grand nombre de stations de ski dans la région en janvier 1966. Il y avait beaucoup de stations pour le nombre de skieurs, et la construction de l’autoroute 10 a favorisé certaines stations plus que d’autres.

Si dans les faits la station est située à Sutton, dans presque toutes les publicités, on parle de Knowlton. On ne voulait pas créer de confusion, la majorité des skieurs devant passer par Knowlton et utiliser le chemin du Mont Écho pour se rendre à la station. Lorsque l’on se rapprochait de la station, il y avait des panneaux pour indiquer le chemin.

Pour attirer les skieurs, on possédait l’équipement pour bien travailler les pistes, le stationnement de la station était grand et le restaurant du chalet pouvait accueillir jusqu’à 600 personnes. Il y a eu une garderie. On faisait un effort pour que les membres des clubs de ski y viennent en autobus. Une grande rareté, pendant plusieurs années, la station possédait une machine à Rayons-X, et un médecin de la région venait s’occuper des skieurs blessés plus sérieusement. Pour une fracture sans complication, celui-ci faisait un plâtre sur place. Pour les cas plus compliqués, il faisait parfois un plâtre temporaire pour permettre aux blessés de se rendre dans un hôpital.

Je pense que la station avait 2 faiblesses. On n’a jamais fabriqué de neige, et à cause des caprices de la météo, certaines saisons ont été mauvaises financièrement. Mais le plus gros problème a probablement été le long plat entre le sommet de la montagne et le chalet. Les journées froides, se rendre au sommet de la montagne ne devait pas être très agréable pour les skieurs. L’administration était consciente de ce fait, et au besoin, on prêtait des ponchos aux skieurs à l’embarcadère de la chaise principale. Et pour revenir au chalet, ceux-ci devaient faire un peu de ski de fond. De plus, certaines journées, offrir de bonnes conditions sur un aussi long plat exposé au soleil n’était pas facile. Un petit calcul indique que dans le haut de la montagne, 4 200 pieds de long de chaise procurent un dénivelé de 335 mètres, alors que dans le bas, 3 000 pieds de long procurent seulement un dénivelé additionnel de 122 mètres.

La première photo montre que le sommet de la montagne offrait des défis aux skieurs, alors que sur la deuxième photo, on peut constater une pente encore intéressante à skier. Mais en regardant les deux dernières photos, il est facile de comprendre pourquoi M. Schiller avait recommandé de construire le chalet plus haut sur la montagne.

À l’hiver 1967-1968, la station a éprouvé de graves problèmes financiers. En mai 1968, la station a été mise en vente par le Trust Général du Canada agissant comme fiduciaire. En juillet 1969, la station était contrôlée par le Trust Général du Canada et la Compagnie Montreal Trust. Grâce à une gestion serrée, la station est restée en opération pour encore plusieurs années. Au moins pour les hivers 1975-1976 et 1976-1977, il y a eu une cantine au sommet de la montagne. La dernière saison d’opération de la station a été l’hiver 1977-1978. Le Mont Écho est alors devenu la station avec le plus important dénivelé à fermer au Québec. Les derniers propriétaires de la station ont été en 1979 reconnus coupables de l’avoir achetée frauduleusement pour un montant de 375 000 $. L’argent devait être utilisé pour financer une mine.

Un fait inusité, le Mont Sutton a acheté 25 des 29 pylônes de la station, et à l’automne 1978, ils ont été transportés par hélicoptère et installés au Mont Sutton. On estimait que cela demanderait 2 jours de travail.

Le chalet a été loué par un club de chasse et de pêche jusque vers 2004 ou 2005, quand le chalet a été détruit par un incendie.

Le terrain où était situé le Mont Écho est maintenant une propriété privée. Comme le montre cette photo de Google, il ne reste qu’une très petite trace des pistes de ski.

J’ai eu l’information nécessaire pour écrire cet article grâce à la collaboration de M. André Pagé et de son épouse Denise. La Société d’histoire Héritage Sutton (HS) a aussi été d’une grande aide, me fournissant plusieurs documents, dont la photo principale et les brochures du Mont Écho.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Jacques Poulin
Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!