Auparavant, lorsqu’on visualisait le ski hors-piste, la première image nous venant en tête était celle de l’homme de Cro-Magnon, guerrier faisant face aux intempéries de la nature en quête de terrain vierge.

Désormais, ce sport est somme toute démocratisé. L’équipement nécessaire pour le pratiquer est offert partout et les options d’ascension / descente se multiplient à vitesse grand V.

Au Saguenay, le secteur Haute-Route du Mont-Édouard à l’Anse-St-Jean fait toutefois figure de chef de file sur le marché. Ici, on ne parle pas simplement d’un sentier permettant d’accéder aux mêmes pistes qu’avec un remonte-pente. On est plutôt dans la catégorie croisière de luxe avec excursion. Il est possible de faire un séjour d’une journée aller-retour, mais on vous recommande très fortement d’y passer au minimum une nuit, idéalement deux.

Le départ du secteur se fait à partir de la piste #9

Comment ça fonctionne

Le type d’équipement pour affronter cette belle nature peut varier énormément et vous amener au même résultat. Notre groupe de 4 affichait une belle diversité :

  1. Bottes de ski alpin normales avec fixations à châssis.
  2. Bottes de randonnée classique avec fixations style Dynafit.
  3. Mode hybride avec la fixation Shift (nouveau venu développé conjointement par Salomon et Atomic).
  4. Le dernier et non le moindre, en mode Skimo. Bien que très léger pour la montée, les descentes plus techniques demandent une certaine adaptation.

Tous avaient leurs forces et faiblesses, mais sachez que le plaisir fut égal même si le Skimo était très osé !

Fixations à châssis fixes
Fixations Dynafit et Skimo

Ensuite, il faut comprendre qu’il y a 6 secteurs, tous reliés les uns par les autres.

On a tout sur cette carte en un coup d’oeil: les secteurs skiables, les sentiers d’ascension, les refuges, les distances

Pour découvrir ces endroits, un service de guide est d’une aide précieuse et vous fera sentir comme dans un tout inclus. Le cerveau tombe alors en mode gestation, le reste du corps puise dans toutes ses réserves pour franchir les ascensions, et explose de joie à la descente. Le niveau requis est d’avancé à expert. Il faut être capable de gérer les sous-bois, les obstacles. Les pentes plus raides se négocient aisément grâce à la neige profonde. Il n’est pas rare d’enfoncer après un virage ou un léger saut.

Notre guide au bas de la Grive, il s’amuse autant que nous

Les refuges

C’est un grand défi de performance que d’espérer tout faire en une journée. En skiant à l’aide de remontée mécanique, on oublie trop souvent une des raisons qui nous pousse à dévaler les pentes. Oui, il y a le côté sportif de la chose, mais de l’autre part il y a une des valeurs même de notre raison de vivre, soit le partage du bonheur. Il est à l’essence même du ski hors-piste, ne serait-ce que pour se séparer les éléments de sécurité nécessaires à une bonne excursion.

Si vous couchez dans un de ces refuges, les moments magiques partagés ne seront qu’accentués. Ces hébergements sont d’une excellente qualité compte tenu de l’endroit où ils sont offerts, soit complètement dans le bois, au sommet de trois secteurs sur six. Il y a l’eau, cuisinière au gaz, foyer, vaisselle de qualité, tout est pensé. Vous n’avez même pas besoin de transiter votre nourriture et effets personnels, un service de transport en motoneige déplacera tout ce que vous voulez sur place. Quand on vous dit tout inclus ! On juge que c’est un incontournable et on vous recommande de réserver très tôt.

Refuge du Grand Pic

Secteur de la Vallée des géants

La première ascension vers le Refuge des géants se fait relativement progressivement. Ensuite, quelques belles lignes s’ouvrent devant vous. Si vous prenez un guide, il vous montrera ses petits coins préférés du moment. Voilà un autre bon moyen de profiter pleinement de l’aventure.

Le haut de la Vallée des géants

Secteur de la Grive

La montée pour ce secteur est un peu plus technique et demandera de l’énergie. Elle testera vos capacités, mais un pas à la fois, on y arrive toujours. Nous avons préféré cette descente à celle de la Vallée des géants. C’est à partir de cet endroit qu’on apprivoise le domaine et comprend comment on peut s’amuser plus librement.

Le haut de la Grive
Les options de saut naturel sont infinies
C’est si simple de trouver des nouvelles lignes même si la veille il n’a pas neigé

Il y a énormément d’effort déployé afin d’avoir des espaces propres pour attaquer les descentes sans craintes et ça parait. Plus on dévale, moins on est gêné. Pour ceux qui aiment descendre plus fréquemment, on a même pensé à vous. Il est possible de faire une demie Grive, soit d’arrêter à la moitié de l’ascension et d’y descendre à nouveau. Un parcours qui s’adapte selon le croisiériste, finalement.

Secteur du Grand Pic

Il est le plus éloigné de tous et donc, offre des traces incroyables, même après une semaine sans neige. Vous ne verrez pas beaucoup d’adeptes à cet endroit. La vue sur le lac de la rivière (voir photo couverture) ajoute au spectacle. Bien qu’éloigné, le sentier pour revenir vers le bas de la Grive est presque plat.

Le bas du Grand Pic sur la droite

Secteur du Hibou

Il offre une montée assez abrupte et soutenue. Vous en aurez pour votre argent. La descente est magique.

Le haut du Hibou
Le bas du Hibou en Skimo

L’encadrement et la sécurité

On ne saurait passer sous le silence la logistique derrière ce projet. Chaque jour, des patrouilleurs parcourent les secteurs, les ouvrent et les ferment comme en station. Chacun des secteurs possède son heure de tombée. La signalisation sur place est incroyable. Bien sûr, il importe de faire un plan de match avant votre départ, mais selon votre humeur du moment, vous pourrez naviguer dans les sentiers et vous adaptez. Évidemment, vous devez former un petit groupe et avoir avec vous un kit de survie. Le confort que procure la gestion autour du domaine vous aidera à profiter tout simplement du moment, et non de préserver une inquiétude en tête.

Profiter du moment

Vous aurez compris, ceci n’est pas une chronique sur l’équipement, la poudreuse aux genoux, le défi du dénivelé ou encore les subtilités de la pratique du ski hors-piste. L’idée derrière une sortie dans ce terrain de jeu est simple : ne faire qu’un avec une forêt presque pas dénaturée, tout en effectuant des virages sur une neige fraîche garantie. Le secteur Haute-Route du Mont-Édouard permet de renouer véritablement avec ce sentiment.

Vue sur le lac Moreau. Il y a pire pour enlever ses peaux

Si vous êtes de l’extérieur de la région du Saguenay, il vous faudra impérativement dormir la nuit précédente ou suivante à l’excursion. Le site de la station offre un répertoire très large qui répond à tous les critères : de 2 personnes jusqu’à de très grand groupe.

N’oubliez pas, si vous couchez dans un refuge, en plus d’avoir une descente au petit matin, vous pourriez avoir ceci au lever du soleil:

6h48 au refuge du Grand Pic, la piste est juste devant
Article précédentMÀJ – 25 janvier 13h30 – Météo à la ZoneSki: sauve qui peut vers le nord et l’est!
Article suivantLe Valinouët, la douceur au naturel, 25 janvier 2020
Skieur de 35 années d’expérience et plus, le Valinouët a littéralement fait son éducation. Bonnes habitudes acquises au jeune âge, ce chasseur de neige bouillonne la veille d’une généreuse bordée. Donnez-lui le choix entre la montagne enneigée ou la plage ensoleillée, il optera pour le dénivelé boisé, vous suggérant au passage de prendre la même décision!