Des souvenirs d’enfance
Août 1984 : un avion de type Cessna s’écrase dans le champ devant chez-moi, à St-Albert-de-Warwick. Du haut de mes 5 ans, je le vois piquer du nez alors que je joue aux camions dans la cour de ma maison. Derrière le champ, je remarque pour la première fois une mystérieuse montagne au sommet arrondi.
Mars 1988 : c’est la répétition générale du grand concert des chorales d’enfants du coin. Pour l’occasion, nous sommes dans le local de musique de l’école secondaire à Warwick. Par la grande fenêtre, je vois la fameuse montagne de plus près, et je constate que de petits humains la sillonnent. Ça me fascine !
Janvier 1990 : c’est bientôt la classe neige, je suis en 4ème année, on est rendus grands, et un nouveau choix s’ajoute en plus de la glissade : le ski alpin. Je supplie ma mère. J’étais prêt à faire la vaisselle à tous les jours de l’hiver et j’ai même prié Jésus. Elle a dit oui.
Février 1990 : c’est le grand jour ! Accompagné de mon enseignante titulaire Gisèle et de quelques amis, je suis une rapide leçon d’initiation en groupe sur le plateau (aujourd’hui, c’est le bas de la piste Ling) et puis boum, nous voilà libres sur la montagne. Je me souviens de deux choses : une monumentale chute dans le téléski nous obligeant, mon ami Ti-Guy et moi, à descendre une piste difficile sur les fesses; et le bonheur de parcourir la piste familiale. J’étais vraiment heureux que chaque descente dure longtemps!
Février 1992 : à l’occasion de ma troisième sortie scolaire annuelle au Mont Gleason, je réfléchis… 1- Qui est assez fou pour sauter les roches situées dans la section du haut de la piste Ling ? Il y a des traces et j’aimerais bien voir ça ! (Les roches semblent d’ailleurs avoir été dynamitées dans les années 2000.) 2- Est-ce vrai que les planches à neige, ça brise les pistes de ski ? « C’est sûrement juste une mode et ça va passer », me dis-je alors. En attendant, on entend pas mal de skieurs chialer… 3- Pourquoi est-ce que la nourriture à la cafétéria coûte plus du double de celle de l’école ?
Des souvenirs d’adolescence
Je ne suis pas de ceux qui ont eu la chance d’avoir un abonnement de saison, ni même d’être encouragé à skier. Chaque sortie de ski à Gleason se faisait à l’arrachée, après avoir convaincu un ami de m’accompagner et mes parents de m’y reconduire. Alors que j’avais 14 ans, j’ai eu la chance d’être invité à Gleason par mon parrain Martial et mon cousin un peu plus vieux que moi. C’est la première fois que je suis guidé par des skieurs plus avancés que moi qui me poussent à descendre des pistes plus difficiles et plus rapidement. À la fin de la journée, il me donne les lunettes de ski qu’il m’avait prêtées. Ça peut sembler anodin, mais ça fait partie des plus beaux cadeaux que j’ai reçus, d’autant plus que les deux décèderont dans un tragique accident quelques années plus tard.
Deux ans plus tard, je me pose une grande question : ça veut dire quoi, parabolique ? Ça semble être très technologique, car c’est un mot savant et les skis de ce genre sont plus chers à louer que les longs trucs droits que j’ai aux pieds et qui me coûtent déjà une bonne partie de mon argent de poche mensuel. Méfiant, j’opte plutôt pour les mini-skis qui me semblent très amusants. Ce fut une belle lune de miel qui dura bien quelques années, jusqu’au jour où j’ai décidé de prendre mon ski en main et de m’équiper plus convenablement.
Les souvenirs de demain
Tel un pèlerin, je me fais à chaque hiver le devoir et le plaisir de revenir à ma station d’enfance. Je suis accompagné en skis de ma fille de 7 ans et de ma nièce de 12 ans. D’autres membres de ma famille ont plutôt choisi les glissades sur tubes. En arrivant, j’ai souvenir de l’incendie qui a eu lieu dans le bâtiment des opérations de la station un an plus tôt et dont on vient de terminer la nouvelle construction. Les gens du coin, reconnaissons-le, sont proactifs et ne se laissent pas facilement décourager!
C’est avec joie que j’accompagne les deux skieuses dans les pistes les plus faciles. Il faut savoir que les vertes à Gleason sont si douces et belles qu’elles ne peuvent que faire aimer la glisse. Je recommande chaudement cette station à quiconque veut initier un nouveau skieur ou planchiste. Entendre des « youppi ! » dans les petites bosses de la piste Pierre-Ling et dans le sous-bois la Secrète, ça n’a pas de prix et surtout, ça rend les jeunes vraiment fiers ! Ma seule déception est de ne pas avoir eu l’opportunité d’arrêter au chalet situé dans la Côte à Georges. Je regrette aussi d’habiter aussi loin de la station, puisque le camp de la relâche scolaire qui se tiendra en mars semble très attrayant pour les enfants.
Réunis dans un restaurant du coin pour le souper, les skieurs et glisseurs sur tubes sont unanimes : ce fut une très belle journée ! Que de belles images et sensations à placer dans le jardin de notre mémoire et ainsi constituer les souvenirs de demain…