D’une autre époque et contemporaine à la fois
Fondée à une époque où les concepts de neige fabriquée et de damage n’existaient même pas, le Mont Habitant peut se targuer de chevaucher les grandes époques du développement du ski au Québec. En fait, la station est née tout juste avant la Révolution Tranquille. Alors que les deux remontées mécaniques et le chalet ne sont pas d’origine (bonne nouvelle!), l’ambiance de la station est définitivement vintage. Et qu’on prenne garde: vintage ne signifie pas vieux. Il s’agit de ce qu’une époque révolue avait à offrir de mieux. Ainsi, Mont Habitant honore ses origines en ayant su conserver une dynamique où le skieur est un invité qui est au coeur des préoccupations de la direction et des employés. Comme à une autre époque, je vous dis. Ici, personne de pressé. Malgré ses origines bien assumées, la station des Laurentides, voisine de Sommet St-Sauveur, offre une expérience de glisse actuelle. Pour une visite en images de l’historique de Mont Habitant, il n’y a qu’à se promener dans le chalet et prendre le temps de regarder les multiples photos d’époque. Pour une visite en vrai de la station, il n’y a qu’à prendre une remontée et dévaler les pistes tracées à l’époque où le skieur était plus important que la dameuse.
Peu c’est parfois mieux
Les visiteurs fidèles à la station sont légion. D’ailleurs en semaine, les matinées sont plutôt achalandées. Et pas que depuis la pandémie. De très nombreux retraités détenteurs de passes de saison s’y donnent rendez-vous depuis toujours pour une matinée à leur goût. Vers 11:30, une bonne partie de ces visiteurs lève-tôt retourne à ses affaires. La place se dégage quelque peu et le domaine skiable s’offre au visiteur d’occasion, dont je suis. Sur papier, le nombre de pistes laisse perplexe: 11. Par contre, une fois engagé sur celles-ci, le visiteur découvre un univers de glisse insoupçonné. Le tracé et le relief des pistes constituent les meilleurs atouts de la station. Une seule piste verte, La Cabane, caresse le flanc droit. Le flanc gauche vous précipite dans deux pitchs honorables qui savent mettre au défi la technique du skieur: La Tuque, et sa voisine tout aussi audacieuse, W’Ski. La station, toujours encline à honorer les tendances courantes, permet la remontée en peaux d’ascension. On aurait souhaité y trouver un sentier dédié. Malheureusement, les chalets privés qui bordent La Cabane forcent le randonneur alpin à monter en bordure de piste. Dommage. Ailleurs sur la montagne, de belles et honnêtes pistes bleues offrent un beau terrain ondulé où travailler sa technique.
Rencontres bohèmes
Ponctuée de rencontres marquantes, ma vie se racontera un jour en anecdotes de moments privilégiés. Mes deux visites en une semaine au Mont Habitant ne font pas exception. De plus, elles renforcent en moi ce sentiment d’être ici comme à la maison. À preuve, ces deux veufs en couple depuis peu qui mangent dehors sous une légère neige qui n’embarrasse pas le moins du monde leur complicité. Mon arrivée marque une pause dans leur bulle; ils m’accueillent chaleureusement. On parle de l’amour, du ski, de la mort. Et de la vie qui continue après le départ de celle que l’on a épousée 45 ans plus tôt. Plus tôt, à mon arrivée, je fais la connaissance de Vicky et de Stéphanie. Enjouées et très sympathiques, les deux employées assignées à l’atelier et à la location me parlent de leur boulot et du quotidien à la station. Pas de game, pas de prétention, pas de hauteur. Juste une rencontre chaleureuse qui, encore une fois, accentue le sentiment d’être bienvenu au sein de la famille du Mont Habitant. En visite avec mon frère aîné et mon épouse, la compagnie est bonne. Dans sa simplicité et à travers son accueil cordial, la station nous rapproche. Durant les remontées, on jase de tout et de rien. On se remémore des souvenirs. En descente, on met notre chapeau de skieurs individualistes; on fonce et on se défonce. À l’image du Mont Habitant lui-même, c’est une visite entre le passé et le présent qui nous berce et nous traverse. On aurait voulu trouver meilleure destination pour faire un à trois qu’on n’y serait pas parvenu. Tel des cajuns à la bohème inspirée, nous pensons qu’il est digne de laisser le bon temps rouler!