C’est sur un coup de tête de dernière minute que Gabriel Tétreault et moi décidons de modifier notre itinéraire pour effectuer la randonnée jusqu’au Mon Logan et ce, en pleine semaine de relâche. Nous étions fin prêts pour une excursion de plusieurs jours au Mont Lyall en camping d’hiver,  mais l’appel du mythique Mont Logan, juché profondément dans le Parc de la Gaspésie, était plus fort que moi. C’est donc à 16h00 la veille de notre départ que je donne le coup de fil à la SEPAQ et BINGO ! Une annulation de groupe nous permet de vivre un court séjour sur le circuit de Logan à notre grand bonheur.

Le circuit Logan

Ce qu’il faut savoir c’est qu’il faut compter plus de 30km de randonnée à ski avant d’avoir accès au Logan de sorte que très peu de skieurs s’y aventurent, donnant l’effet d’être seul au monde dans un paysage absolument pittoresque. La SEPAQ propose un circuit en partant de Saint-Octave de l’Avenir où se situe le village Grande-Nature. De là, 13km de randonnée vous sépare du refuge le Huard avec 170m de dénivelé positif. Ensuite, du Huard au refuge le Nyctale, c’est 18km avec tout près de 500m de dénivelé à grimper. Après une nuitée au Nyctale, vous êtes à 3,3km du sommet de Logan où plusieurs descentes vierges vous attendent. Le retour se fait en 29km avec un arrêt au refuge le Carouge. La majorité des skieurs sont en ski nordique ou carrément en ski de fond, ce qui allège le poids sur autant de distance. Mais nous, on est en ski de randonnée alpine large avec toute l’artillerie lourde. Disons qu’à l’occasion, et je dis bien à l’occasion, j’aurais aimé être en 3 pins au lieu de deux !

Les profondeurs du Parc

Excités à l’idée de s’infiltrer aussi profondément dans le parc, nous entamons notre première journée de randonnée du village Grande Nature avec une superbe vue sur la chaîne de montagnes nous séparant du mythique Mont Logan. Un pas à la fois, nous pénétrons dans la solitude et la quiétude que la nature nous procure.

Les refuges

Après une bonne journée de randonnée, quoi de mieux que d’apercevoir pour la première fois le toit sous lequel vous allez pouvoir enfin vous reposer. C’est la joie qui jaillit de notre âme et d’une  façon incontrôlée, les rires et délires se font entendre dans les profondeurs du parc. C’est l’endroit où vous passez une bonne partie de votre séjour, c’est le refuge de vos histoires racontées et c’est surtout le lieu où vous y faites de belles rencontres de gens aussi passionnés que vous. Je ne sais pas pourquoi, mais il s’y passe quelque chose en refuge que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. On se raconte toute toute toute ! Même mes histoires de marde que je raconte à personne sauf à ma famille pis là, vient un petit couple à qui je dis tout, à qui je me dévoile comme un grand livre ouvert. Mais je ne rentrerai pas dans le fond du sujet, ça risque de salir le reportage ! Le point est que l’on fait toujours de belles rencontres qui ne peuvent nous laisser indifférent. Merci à Jérémie, Cora et David.

Le Logan

Imprévisible, le Logan nous réserve de belles surprises, mais attention, le temps n’est pas toujours clément. Au lever, le ciel est couvert. De plus, il vente à écorner les bœufs, la bruine et le grésil s’en mêlent, mais nous sommes heureux. Nous sommes au Mont Logan ! Plus de 30km dans le fond du Parc, c’est malade ! Peu importe la température, nous sommes euphoriques. Nous profitons d’un aperçu de 30 sec pour déclutcher la caméra et prendre un cliché avant d’entamer la rando vers le sommet.

Dans la brouillard et le grésil, nous bravons les conditions. Seulement 3,3km nous séparent du sommet…

Au sommet, c’est la fête bien méritée.

Compte tenu des conditions et du brouillard, nous étions plutôt timides à explorer et s’aventurer dans l’inconnu et ce malgré le téléphone satellite, le gps, et les cartes topographiques. Nous avons donc opté pour le versant sud et la cuve de la lune, des descentes qui varient entre 200m et 340m de dénivelé. Du sommet, nous plongeons dans la “pleine” (Guide des itinéraires de randonnée alpine des Chic-Chocs), une descente parsemée de quelques conifères qui se termine dans un ruisseau. Le grésil est prédominant à un point tel que les lunettes de ski nous sont d’aucune utilité.

La demie

Une deuxième descente dans “la demie”, une genre de demie lune naturelle sculptée dans l’une des artères du Mont Logan nous fait saliver. À la montée, même si notre intuition nous dit d’amblé que la neige est stable, nous prenons tout de même la sage décision d’effectuer les tests de stabilité qui nous confirment le GO. Et quel joyau nous avons trouvé ! Gabriel s’éclate dans cette demie lune et se permet même quelques pirouettes.

Nous terminons la journée sur un versant ouest, dans du sous-bois plus serré, où la neige est mieux préservée.

Le retour

Au lendemain, un 5 à 10cm de nouvelle neige nous laisse entrevoir de belles descentes sur un tapis soyeux. Nous prenons donc la boucle du lac des îles qui nous offrent une multitudes de paysages à couper le souffle les uns après les autres pour ensuite enfiler quelques descentes au travers des forets de conifères espacés.

C’est ainsi que se termine notre incursion au Mont Logan dans le Parc de la Gaspésie, mais l’aventure est loin d’être terminée. Nous retournons à notre plan A pour terminer notre voyage: Ski hors-piste et Tombo dans les Chic-Chocs. À suivre…

Article précédentOn a trouvé l’Eldorado de la poudreuse!
Article suivantCampton Mountain, NH Station très peu connue – 18 mars 2018
Jean-Philippe Desrochers
Avec plus de 40 ans de ski derrière la cravate dont 20 ans de compétition, 12 ans de coaching et 20 ans d'expérience dans le backcountry, on peut dire qu'il a plus d'un truc dans son sac à dos. Kinésiologue de formation, il partage sa passion pour le ski et vous fera sortir de votre divan pour profiter des magnifiques terrains hors-piste du Québec et de la Nouvelle-Angleterre.