Il a neigé toute la nuit. Dans mon petit Airbnb à Ottawa, j’attends impatiemment que le jour se lève pour pouvoir filer vers le Mont Ste-Marie, à 1:30 de route d’ici. Quand ce moment arrive, il fait encore très sombre dehors. L’auto est recouverte de plus de 20 centimètres de neige légère. Il neige toujours. Fébrile comme un p’tit gars devant la vitrine d’un magasin de bonbons, je prends la route.

Mes efforts sont récompensés

Entre le déneigement de l’auto, la sortie du minuscule stationnement dans le fond d’une cour pas déneigée et la conduite dans la “slush” et la neige jusqu’au MSM il a fallu pas mal plus de temps que ce qu’annonçait Google Map. Je dois mener une bonne vie parce que j’arrive quand même 30 minutes avant l’ouverture de la station. Tous ces efforts se révéleront fort bien récompensés par une journée de ski fantastique. Je découvre MSM sous près d’une vingtaine de centimètres de nouvelle neige. Rien n’a été damé! On est bénis! Par endroits, des poches de neige atteignent plus d’un pied. Le domaine skiable est vaste et réparti sur deux versants: Vanier et Cheval Blanc. Le dénivelé atteint un très respectable 405 mètres (altitude de 588 mètres). Il n’y a presque personne sur la montagne et je fais des nouvelles traces jusqu’à mon départ, à 14:30. Je ne suis pas venu en vain. Cependant, je retourne au Airbnb essoufflé!

Les versants

Le versant Cheval Blanc offre des pistes hallucinantes! Ainsi, Betsy (double noire) est un méga “pitch”! Avec la neige abondante et sèche sous mes pieds, j’en prends plein les jambes. Et la gueule! La Dustin Cook, classée diamant noir, est très large; les bosses molles qui s’y forment au fil de la journée rendent le ski de plus en plus technique. Du côté du versant Vanier, l’intensité de mes descentes est toute aussi forte. Les Yodel, Radar et Bellevue sont autant de pistes intermédiaires qui demandent à être redescendues fréquemment. En fait, partout sur cette montagne le tracé des pistes est celui d’une époque surannée où le plaisir du skieur était plus important que le déplacement de la machinerie d’entretien. Dit autrement, les pistes suivent ce que la montagne a de mieux à offrir au skieur/planchiste. Les Sérénade et Tornade (intermédiaires) sont deux parfaits exemples de cela. Le tracé y est sinueux et suit le contour et les vallées de la ligne de pente. Fabuleux! Mais tout n’est pas parfait; c’est ici qu’on retrouve le “presque” du titre de cette chronique. En effet, la montagne est constituée de plusieurs faux plats à travers lesquels on perd beaucoup de vitesse. Au point même de devoir “pôler” assez fréquemment. C’est ainsi que je me contente d’une seule descente dans ce qui aurait pu être mon terrain de jeu privilégié pour 4 ou 5 descentes: la Crescendo commence magnifiquement, s’enfile dans un “pitch” pentu, étroit et soutenu dans lequel des plateformes à saut ont été aménagées, et se termine par une longue enfilade moche de “pôlage”… La poudreuse y est pourtant tellement irrésistible.

Rustique

La station en entier respire le ski d’une autre époque. J’adore ce caractère rustique empreint de simplicité et de personnalité. Tiens, le chalet par exemple. Pas ancien, mais certainement pas le plus moderne non plus. Le bois domine, les boiseries ont la patine que confèrent des années de frottement par les manteaux des skieurs. Réparties sur deux étages, les différentes sections du chalet donnent une sensation de petitesse, qui n’est pas fidèle à ce qu’est véritablement le bâtiment. On n’y manque pas d’espace, sauf que la succession d’espaces et de paliers crée une sorte d’intimité feutrée. En somme, on s’y sent comme chez soi. Sur la montagne, là aussi le caractère vieillot se fait sentir et c’est très agréable. On constate ainsi que l’hiver 2023 qui n’a pas encore lâché tout son fou, n’a pas été supplanté par une injection massive de neige fabriquée. Plusieurs pistes sont encore fermées. Certes on enneige mécaniquement, mais on ne fait pas dans la démesure que l’on retrouve si souvent ailleurs. On skie dans la nature, au naturel. Avec un p’tit coup de pouce bien entendu. Et tant qu’à parler de caractéristiques peu communes, je souligne (et adore) le recours à une navette à l’ancienne pour mener les skieurs d’un versant à l’autre: un petit train constitué de wagons ouverts. Trop cool!

Ici on ne craint pas les voleurs.

Quand on a “trop” hâte

Cette visite à Mont Ste-Marie, notre première à vie, nous l’avions prévue depuis une semaine. Nous ne savions pas encore qu’il allait neiger et que nous serions accueillis par la “poudre du jour”. Quel menu! MSM est une station de ski québécoise qu’il faut visiter au moins une fois dans sa vie. Préférablement, plus d’une fois. Elle est unique et elle pousse le skieur sérieux à surmonter des défis dignes du nom. Même sans une chute de neige récente, il est clair que la station saurait me plaire. Dorénavant, le Mont Ste-Marie figure très haut dans ma liste de stations de ski préférées. Je vous invite à venir voir pourquoi. Pour reprendre une expression populaire, j’ai “trop” hâte de revenir!

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Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.