Pour bien comprendre les origines de la station Monts Plante, il faut remonter à 1938 quand Jean-Louis Dufresne a pris la gérance d’une propriété appartenant à son père, Léonidas, et l’a nommée Hôtel La Sapinière. Pour attirer les clients à l’année longue, dès l’hiver 1939-1940, on a installé près de l’hôtel un fil-neige d’une longueur de 450 pieds. On a également fondé le Club de ski La Sapinière. On proposait aussi aux clients de se rendre sur une propriété située pas très loin de l’hôtel, connue sous le nom de mont Saint-Aubin, pour profiter de pistes d’une longueur de plus de 2 000 pieds (610 mètres).
En novembre 1940, Roland Plante a acheté une propriété à Val-David, qui incluait le mont Saint-Aubin ainsi qu’une bonne partie d’un autre endroit nommé le mont Césaire. Je ne connais pas les arrangements entre Jean-Louis Dufresne et Roland Plante, mais dès l’hiver 1940-1941, on avait enlevé le fil-neige situé près de l’Hôtel La Sapinière pour l’installer au mont Saint-Aubin. Le fil-neige avait maintenant une longueur de 800 pieds pour un dénivelé de 150 pieds. Il n’allait donc pas au sommet du mont Saint-Aubin.
Cette photo d’une compétition au mont Saint-Aubin en 1947 est la seule que je connaisse montrant cet endroit avant 1960. Pour ce qui est de la vue aérienne, elle date des années 1970.
Voici 2 photos montrant l’Hôtel La Sapinière, celle avec les skieurs date de 1944, et l’autre est de 1949. On constate que l’équipement pour skier a beaucoup évolué quand on regarde cette publicité de 1939 offrant un ensemble complet de ski pour hommes. Un fait rare dans les années 1940 est qu’une femme, Germaine Plante, l’épouse de Roland, était membre de la Canadian Ski Instructors Alliance et la directrice de l’école de ski au mont Condor.
Le premier article de journal que j’ai trouvé parlant du ski au mont Césaire est pour l’hiver 1946-1947. Une nouvelle piste avait été déboisée et une remontée installée. De plus, on avait commencé la construction d’un chalet. Comme le marketing a toujours été important, en mai 1947, on a fait venir Beno Rybizka, un réputé instructeur autrichien qui était connu dans les Laurentides, pour tracer au mont Césaire une nouvelle piste de slalom, la Beno Rybizka avec 100 pieds de largeur. Cette piste a été inaugurée à l’hiver 1947-1948 et a immédiatement été utilisée pour des compétitions, comme pour la partie slalom lors du championnat féminin de la province de Québec.
La photo principale de cet article a été prise à partir du mont Saint-Aubin et montre au loin le mont Césaire. Dans le bas de la photo, on peut voir la maison construite en 1944 par Roland Plante. Une rallonge a par la suite été ajoutée quand la maison a été transformée en chalet pour les skieurs
On remarquera que je n’ai pas encore parlé de la station de ski Mont Plante, et avec raison, car la station comme telle n’existe pas encore. Dans les journaux on parle seulement des conditions de ski à Val-David ou au mont Saint-Aubin et au mont Césaire, c’est tout.
La première fois que j’ai trouvé dans un journal le nom Mont Plante, c’est à l’hiver 1949-1950, en même temps que l’embauche d’un célèbre instructeur autrichien, Toni Walch. Fait très particulier, on dit que c’est la première école de ski organisée par une municipalité des Laurentides, soit celle de Val-David. Il ne faut pas se surprendre si pour l’hiver 1950-1951, la publicité indique que Toni Walch est maintenant l’instructeur-chef au Mont Plante, à La Sapinière et au Mont Condor. La célébrité de l’instructeur-chef d’une station de ski étant un important point de vente, même sa continuation comme instructeur méritait un article de journal en décembre 1952.
Pour l’hiver 1953-1954, on a installé au mont Césaire le nouveau téléski ‘Rocket’ importé d’Autriche, avec des arbalètes munies d’un câble au lieu d’un simple ressort, ce qui permettait de faire fonctionner la remontée plus rapidement. Le mot ‘Rocket’ était certainement un clin d’œil à Maurice ‘Rocket’ Richard.
Ce plan de 1954 est très intéressant. On y voit le mont Saint-Aubin et son fil-neige, le mont Césaire et son arbalète, et l’Hôtel La Sapinière. La description de ces remontées montre que le mont Césaire est plus abrupt que le mont Saint-Aubin. Au mont Saint-Aubin, on indique que le fil-neige a une longueur de 1 500 pieds pour un dénivelé de 350 pieds (107 mètres), alors qu’au mont Césaire, on indique que l’arbalète a une longueur de 1 400 pieds pour un dénivelé de 435 pieds (133 mètres).
Roland Plante a vendu le Mont Plante en novembre 1973 à une compagnie qui était la propriété d’Yvan Lapointe et de Jean Lemonde. Je me demande si quelqu’un a des photos du Mont Plante durant la longue période pendant laquelle Roland Plante en était propriétaire.
La station offrait 2 secteurs distincts, soit le Mont Plante # 1 situé sur le mont Césaire avec 8 pistes, et le Mont Plante # 2 situé sur le mont Saint-Aubin avec 4 pistes. Au mont Saint-Aubin, on fabriquait de la neige artificielle et on offrait du ski de soirée. Comme il y avait une certaine distance entre les deux, une calèche faisait la navette entre les deux secteurs. Les pistes sur le mont Césaire étaient plus difficiles que celles sur le mont Saint-Aubin.
Pour l’hiver 1974-1975, on changea le nom de la station à Monts Plante, certainement pour souligner le fait que la station comportait deux monts. Le bar-restaurant a été agrandi, ce qui a permis d’y tenir des activités durant toute l’année. Cette magnifique publicité montre ce qu’était la station Monts Plante et ce qu’on pouvait y faire.
Il y avait une école de ski alpin, mais aussi une école de ski de fond, ce qui était rare d’avoir dans une station de ski alpin. Mais ce qui est encore plus rare, c’est qu’il y eut une école de ski acrobatique. Au meilleur de mes connaissances, cette école a existé durant 4 hivers. Michel Globensky était responsable de l’école pour les hivers 1975-1976 et 1976-1977. Puis Daniel Deslongchamps a pris en charge l’école pour les hivers 1977-1978 et 1978-1979. Le ski acrobatique comportait alors 3 disciplines, soit le ballet à ski, le ski de bosses et le saut acrobatique. On pratiquait le ballet à ski au mont Saint-Aubin et le ski de bosses au mont Césaire, sur la piste International, en face du chalet. À l’époque, les bosses étaient formées par les skieurs, et non par une machine.
Le saut acrobatique se pratiquait aussi sur la piste Internationale. Si on regarde vers le bas de la piste, les bosses étaient sur la gauche et les sauts complètement sur la droite. C’est Michel Globensky qui a construit les sauts. Il y a des skieurs qui ne savent pas pourquoi une des pistes du versant Nord à Tremblant s’appelle la Marie-Claude Asselin. La raison est fort simple. Celle-ci a été de 1981 à 1983, la championne mondiale en saut acrobatique, tandis qu’en 1981 et 1982, elle fut championne mondiale au combiné. Marie-Claude Asselin est venue s’entraîner à la station Monts Plante alors que Michel Globensky était le responsable de l’école. La dernière photo montre Daniel Deslongchamps exécutant un saut.
C’est grâce à la collaboration d’Yvan Lapointe et de son épouse Reine qu’il m’est possible de montrer des photos de la station durant cette période. On a organisé plusieurs activités pour attirer les skieurs, comme des compétitions de ski, de saut à ski, le mercredi des femmes avec des gratuités (ce qui motivait les hommes à venir), un party costumé ou un tournoi de golf sur neige.
Mercredi des femmes, comme sur ces photos de février 1978.
Party costumé
Tournoi de golf sur neige au Mont Plante # 2 situé sur le mont Saint-Aubin.
Les 4 premières épinglettes étant au nom de Mont Plante, elles ont été fabriquées avant l’hiver 1974-1975. L’épinglette blanche, avec les mots Monts Plante, est une grosse épinglette qui était portée par les instructeurs de la station. Le billet de ski indique Monts Plante car j’ai skié la station en 1977. Pendant longtemps, les stations de ski se servaient des épinglettes comme moyen de publicité. Tous ces articles sont dans ma collection.
On ne manquait pas d’imagination pour attirer les skieurs, comme en faisant tirer en 1976 un voyage pour 2 à Nassau.
Je ne connais pas les raisons ni les détails de la transaction, mais pour l’hiver 1979-1980, Jean Lemonde est devenu le seul propriétaire de la station Monts Plante. Le dernier hiver d’opération de la station a été celui de 1981-1982. Dans une ultime tentative de sauver la station, Jean Lemonde a proposé sans succès à la municipalité de Val David d’être responsable de la gestion de la station, sans frais de location. La station sera mise en faillite au printemps 1983 et les actifs vendus.
La logique voulait que ce fût la fin du ski à cet endroit. Il y a eu du développement immobilier au mont Saint-Aubin, et dans la partie du bas du mont Césaire. Mais la partie du haut de ce mont était trop abrupte pour y construire des maisons. Plusieurs passionnés ont donc pris des arrangements pour pouvoir continuer à entretenir et skier les pistes du mont Césaire. Je remercie François Massicotte pour les photos suivantes.
Finalement, les astres se sont alignés, et en 2014, la montagne a été annexée au parc régional Val-David / Val-Morin. Pour plus d’informations, on peut consulter le site Internet du parc régional. On remarquera les similitudes entre le plan actuel des pistes et le plan quand il y avait une remontée mécanique.
Cet article remplace et englobe l’article publié en 2019. De longues recherches ont été faites dans la section numérique de la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec) pour mieux comprendre l’histoire de cette station. Je remercie le Dr Michel Allard, historien, pour sa collaboration. L’Index des immeubles a été consulté par Robert Miron pour s’assurer de la justesse de certaines dates. S’il m’a été possible de parler de ski acrobatique, c’est grâce à la collaboration de Daniel Deslongchamps.
Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com