J’ai parlé dans un autre article de Lucien Parent qui a ouvert la Côte Parent à Saint-Jérôme à l’hiver 1943-1944. Il a alors réalisé le potentiel économique d’une station de ski. Un ami lui avait parlé d’un emplacement propice pour construire une station, et l’ayant visité, Lucien Parent a acheté une partie du terrain à la fin de 1946 et une autre partie au début de 1947. La station de ski Côte Lesage ouvrira pour l’hiver 1947-1948. Dans les faits, on passait par Lesage pour se rendre à la station de ski, mais celle-ci était située de l’autre côté de la rivière dans ce qu’on appelle aujourd’hui le Vieux-Prévost.

Une facture de 1948 montre l’achat de 3 câbles. Pour les hivers 1948-1949 et 1949-1950, la station sera connue sous le nom de Côtes Parent à Lesage, avec maintenant non plus une, mais 4 remontées de type fil-neige. À partir de l’hiver 1950-1951, Lucien Parent a changé le nom de la station à Sommet Parent. Sur cette carte, on peut voir en bas la Côte Parent à Saint-Jérôme, et vers le haut, le Sommet Parent ainsi que la Côte du Lac Parent, dont je vais parler brièvement à la fin de cet article.

On voit sur les photos que l’endroit était bien déboisé et que les options pour descendre étaient nombreuses. Je n’ai pas trouvé de documents indiquant le dénivelé de la station, mais une estimation de 80 mètres est raisonnable.

Ces photos pourraient dater de la fin des années 1940, car le chalet est dans son apparence initiale. On peut aussi voir une des remontées. Je me demande si le haut-parleur était utilisé uniquement pour communiquer avec les skieurs, ou si comme c’est souvent le cas aujourd’hui, aussi pour jouer de la musique.

Le nombre impressionnant d’automobiles et d’autobus prouve que la station a connu des jours de gloire. On constate que de nombreux skieurs délaissent le train comme moyen de transport.

Dans le Québec des années 1940 et 1950, il était normal d’assister à la messe du dimanche avant d’aller faire du ski. Ces photos ont été prises à l’église de Lesage, possiblement lors d’une cérémonie de bénédiction des skieurs, une tradition qui a disparu dans les années 1960.

Je pense que les rénovations extérieures du chalet ont été faites pour souligner le changement de nom à Sommet Parent. La première photo montre le chalet partiellement rénové, alors que le chalet est complètement rénové sur les deux autres photos. La dernière photo a été utilisée dans un article de journal de mars 1952. Les informations que je possède concordent pour indiquer que l’hiver 1951-1952 a été le dernier pour lequel Lucien Parent a opéré lui-même la station de ski. La gestion de ses autres projets ne lui laissant plus le temps pour s’occuper de Sommet Parent, la station a été fermée pendant 4 hivers, soit ceux de 1952-1953 à 1955-1956.

Durant les 2 saisons d’opération de la station sous le nom de Sommet Parent, Lucien Parent avait demandé à un cousin, René Hachey, de s’occuper du restaurant de la station. Comme celui-ci était garçon de table à Montréal, ce travail était parfait pour lui, tout comme travailler dans les Laurentides. C’est donc à regret qu’il est retourné travailler à Montréal. Mais il n’avait pas oublié la station de ski. Il a économisé son argent pendant quelques années, puis il a loué celle-ci de Lucien Parent pour une période de 10 ans.

Après 4 ans fermée, on peut facilement comprendre que de remettre la station en état lui ait demandé 2 bons mois de travail. Sommet Parent a rouvert le 16 décembre 1956. La station avait maintenant 3 monte-pentes, deux avec un câble de 2 000 pieds de long, et un autre faisant 1 200 pieds de long. Un instructeur a été engagé. On estimait que pour pouvoir se débrouiller, un nouveau skieur avait besoin d’un minimum de 8 heures de cours. Pour assurer la sécurité des skieurs blessés, des ambulanciers Saint-Jean étaient présents toute la journée. Le prix d’un billet journalier était de 1,50 $. La photo suivante est la seule que je possède qui pourrait être de cette période, à cause du stationnement situé près du chalet et qui n’existe pas sur les photos précédentes.

Mes recherches indiquent que le dernier hiver d’opération de Sommet Parent a été celui de 1958-1959. Je ne possède pas d’information sur les causes de la fermeture, mais je sais que dans les Laurentides, la compétition était forte. Pour construire cette section de l’autoroute des Laurentides, le bas de la station a été exproprié en 1961-1962. Un des arguments utilisés pour offrir moins pour le terrain exproprié a été que la station était déjà fermée. Aujourd’hui, il ne reste plus de traces de la station, même le chalet a été démoli.

Je dois remercier Luc Parent, petit-fils de Lucien Parent, pour sa collaboration à cet article et m’avoir donné accès aux archives de la famille. Je remercie aussi Guy Thibeault, un passionné d’histoire, qui a partagé avec moi l’information qu’il possédait sur cette station. La carte montrant les 3 stations Parent a été extraite du géo-répertoire des sites de ski du Québec, qui a été fait par Pierre Dumas. Ce géo-répertoire peut être consulté sur le site Internet du Musée du ski des Laurentides. La station ayant ouverte à l’hiver 1947-1948, pour bien comprendre son évolution dans le temps, il a été essentiel de faire de longues recherches dans la section numérique de la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec).

Côte du Lac Parent

Il y en a qui font une patinoire pour le plus grand plaisir des membres de leur famille et des amis, et il y en a d’autres qui réalisent leur rêve en construisant une petite station de ski pour les mêmes raisons. Claude, fils de Lucien Parent, a fait cela à Bellefeuille, un secteur aujourd’hui annexé à Sainte-Anne-des-Lacs. Cette station semi-privée a été en opération de l’hiver 1961-1962 à celui de 1983-1984. Son dénivelé était dans les 50 mètres. On y retrouvait un fil-neige, et il y avait même un petit chalet. On y faisait aussi du toboggan. L’entretien de la côte devait parfois être fait en utilisant des raquettes, mais on préférait le faire avec une motoneige, à laquelle on pouvait attacher un genre de tapis, fait d’une bande de clôture ‘Frost’ en mailles de chaînes. La 3e photo montre la côte et Luc Parent, fils de Claude.

Claude Parent était un passionné de ski, et il a eu la piqûre du ski très jeune. On le voit avec sa sœur Madeleine devant la maison des grands-parents. Il était membre du club de ski Épervier de Saint-Jérôme, club fondé en 1945. Il a gagné ces 2 médailles en 1953. L’endroit est aujourd’hui devenu le Parc Parent, pour le plus grand plaisir des familles, été comme hiver.

Il m’a été possible de parler de cette station grâce à la collaboration de Luc et de Guy Parent, fils de Claude Parent, et petit-fils de Lucien Parent.

Cet article fait partie de la section sur les stations de ski du Québec qui sont aujourd’hui fermées. Comme la grande difficulté d’un tel travail est de trouver des photos et de l’information sur ces stations, si vous détenez des perles concernant une station oubliée ou fermée et que vous souhaitez les partager avec l’auteur, vous êtes invité à communiquer avec lui par courriel afin de lui permettre d’ajouter de l’information à un dossier existant, ou d’inclure une autre station à cette section à l’adresse suivante: stations.fermees.qc@gmail.com

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Skieur depuis plus de 50 ans, il a toujours aimé découvrir de nouvelles stations, ayant skié dans plus de 100 stations au Québec, dans l’Ouest canadien et en Nouvelle-Angleterre. Aujourd’hui, il préfère descendre en ligne de pente les pistes damées, mais il ne dira pas non à un peu de poudreuse!