Les diamants
Si j’avais des diamants (ne serait-ce qu’un seul), je les mettrais dans un écrin. J’aurais assez peur de les perdre que je prendrais beaucoup de moyens pour m’assurer de les préserver. Si j’avais des diamants, je voudrais en parler à tout le monde et ne rien en révéler à la fois. J’aurais assez peur de me les faire voler que je resterais muet tout en en parlant. Si j’avais des diamants, j’en scruterais chaque facette afin d’y voir l’éclat de la lumière danser au coin de mon oeil. J’aurais assez peur de manquer ça que je n’oserais plus fermer les yeux. C’est exactement comment je me sens ce matin à Sommet Saint-Sauveur! Mes diamants sont autant de fins cristaux de givre iridescents enroulés autour des branches d’arbres. Un spectacle que j’ai rarement vu cette saison. Avec le calme qui règne et le peu d’achalandage sur les pistes à l’ouverture, la lumière éclatante du soleil et ces milliards de diamants crient : « Bienvenue! »
Faire la paix avec les canons
La saison 2020-2021 a débuté timidement et lentement, si lentement. Entre COVID et précipitations très faibles, la grâce du skieur lui provient de la fabrication de neige. N’eût été cette technologie, tout skieur s’aventurant sur pistes avec ses bons skis en ferait des skis de roche en moins de deux! Car en dehors des pistes enneigées artificiellement, il est présentement hors de question de se risquer (oui, je sais quelques personnes téméraires le font…). C’est grâce aux canons à neige et aux puissants systèmes d’enneigement que Sommet Saint-Sauveur tire son épingle du jeu. À mon arrivée dans le stationnement, je vois les canons qui crachent leur trésor. Je ne les ai jamais aimés. Pourtant, cette année, plus que jamais, je fais la paix avec eux. Ils sauvent la donne. D’ailleurs à en juger par le nombre très rapidement croissant de visiteurs, je ne suis pas le seul à honorer la fusion cristalline de l’air comprimé et de l’eau glacée! Il n’y a pas que dans l’air que cette neige fabriquée se manifeste. Sous mes skis aussi! Vers midi, les surfaces durcies et glacées sont légion. S’en offusquer serait de mauvaise foi. La station a su damer les pistes pour une glisse parfaite à l’ouverture. Le polissage des surfaces, c’est nous skieurs qui le faisons!
Le couvre-feu qui découvre les gens
Est-ce le confinement, le couvre-feu ou le sentiment d’isolement qui en découle? Je ne saurais le dire avec assurance, mais les très nombreux skieurs et planchistes présents sur les pistes témoignent de la vigueur de notre sport et du profond désir de tous de sortir de la torpeur virale. Pour moi, c’est une excellente nouvelle. Ce très fort achalandage démontre à quel point nous tenons à défier l’ennui et l’isolement. Que nous soyons si nombreux et que nous ayons à attendre, parfois d’assez longues minutes, aux remontées assure la pérennité de l’industrie de la glisse. Tant d’industries et de domaines économiques souffrent des conséquences de la COVID. Au moins, les stations de ski survivent grâce à notre présence. Alors, surfaces dures, attentes longues, habillement à l’auto, stationnements remplis, nombre de billets journaliers limités sont autant de compromis que je considère comme acceptables et que j’accueille avec bienveillance cet hiver. Que la glisse soit avec vous. Et avec votre masque. Amènes-en!