On l’avait vu venir

Ça faisait plus de 72 heures que les oracles virtuels des super ordinateurs d’Environnement Canada le prédisaient. On aurait finalement une tempête. Tardive, certes, mais on ne se formalise plus des premières chutes de neige abondantes qui arrivent longtemps après le départ du Père Noël. C’est ainsi armé de fébrilité que j’ai loué une chambre d’hôtel à 5 minutes de la station et en arrivant la veille de mon épopée de chevalier des neiges. Au réveil, il y a déjà… 1 centimètre sur mon auto. Enfer et damnation! Une heure plus tard, cependant, ça grouille, ça virevolte et ça s’accumule abondamment. Mes premières descentes me voient tracer des courbes silencieuses et longues. Seul au monde, je crie (de bonheur!) comme un damné. Ciel et bénédiction, cette fois! Sommet Saint-Sauveur est encore bien tranquille en cette heure hâtive. Mais, bam! la tragédie frappe vers 10:00: il ne neige plus! Enfer et damnation, bis. La promesse d’une tempête miraculeuse avait si bien débuté. Patience dans la ouate, la neige se remet à tomber après une accalmie pas bienvenue du tout. À mon départ, vers 14:00, SSS peut se vanter d’avoir reçu une quinzaine de centimètres de neige. Et il neige toujours. Moi, je n’ai plus de jambes!

J’y viens pour…

Dans la remontée, un couple ayant adopté le même stratagème que moi (dormir à l’hôtel pour éviter d’avoir à prendre la route durant la tempête) me raconte pourquoi ils viennent à Sommet Saint-Sauveur les jours de tempête. D’abord, la proximité avec Montréal rend l’accès (relativement) rapide. Si près de la ville, le déneigement est habituellement convenable et ce, assez tôt en matinée. Quoique j’ai déjà mis trois heures pour parcourir les 95 km… Par ailleurs, la variété de terrain et de pistes fait en sorte que le couple aura de quoi le mettre au défi, tout en offrant la possibilité de ralentir une fois fatigué en fin de journée. Mais la raison principale qui amène ce couple ici lors des tempêtes c’est que la station sait garder des sections et des pistes non damées. Ça, ça vaut son pesant d’or pour les amoureux de poudreuse.

Ailleurs, je croise une famille venue d’Ontario pour profiter de la manne blanche (“To get the goods”, dit une des dames). Bof! À cinq dans l’auto et après 2,5 heures de route, il n’y a pas de quoi se stresser. Vraiment? Sommet Saint-Sauveur est leur destination ski préférée. Ils y viennent parce qu’ils… y viennent depuis toujours, plusieurs fois par année. Les enfants aiment les pistes vertes qui sont, selon eux, les plus belles au Canada (la mère me fait un clin d’oeil). L’autre mère préfère les pistes situées entre les remontées, surtout en direction de Sommet Avila, les moins achalandées selon elle (je seconde). Autant de petits secteurs “secrets” qui conservent leur poudreuse plus longtemps que les boulevards dans l’axe des remontées mécaniques. Le cadeau du jour: le petit dernier qui me dit qu’il a deux mères, afin de s’assurer que j’avais compris!

Ça tourne rond à SSS

Si il y a une station qui est bien rodée, c’est bien Sommet Saint-Sauveur! En opération depuis avant la naissance de la plupart d’entre nous, elle offre une expérience de ski très variée, dans un cadre devenu le symbole du ski au Québec. Les habitués l’appellent encore St-Sau. Son domaine skiable est vaste, et ses points d’accès, multiples. Pour ma part, quand une tempête frappe le secteur des Laurentides c’est presque toujours ici que je me dirige. Je suis assuré d’y trouver de la poudreuse qu’un opérateur de dameuse aura laissé pour nous. La station ne cesse de se transformer et de s’améliorer. N’est-elle pas le porte étendard du groupe Les Sommets? On retrouve à la base un nouveau bâtiment parfaitement intégré dans son environnement, la “shop” de ski et de location. Comme dans certaines grosses stations américaines, SSS possède un revêtement chauffant à l’entrée du chalet. Au même endroit, on peut se restaurer dehors (Covid oblige) sous une structure possédant un toit et donnant sur la classique et vénérable Côte 70 Ouest. Longtemps, et à tort, considérée par plusieurs comme une destination snob, m’as-tu-vu, la station a su démontrer à ses très nombreux et loyaux visiteurs qu’elle est bel et bien une destination pour tous.

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Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.