Il y eu l’âge de pierre, l’âge de bronze, l’époque médiévale et plus récemment l’industrialisation. Les historiens de demain nommeront peut-être les années dans lesquelles nous vivons l’ère énergétique. L’exploitation, le prix, l’utilisation et l’impact écologique des différentes sources d’énergie constitue l’un des principaux enjeux mondiaux actuels touchant le développement humain.
Le ski en station tel que pratiqué depuis une trentaine d’années nécessite beaucoup d’énergie. Souvent pointée du doigt par les écologistes, on accuse cette activité d’être peu respectueuse de la faune et de la flore, de polluer l’air avec la machinerie lourde, de gaspiller de l’eau pour fabriquer de la neige et d’utiliser beaucoup d’électricité pour les remontées mécaniques ainsi que pour le ski de soirée.
Tout comme les écologistes, les administrateurs ont eux aussi intérêt à voir la consommation d’énergie des stations de ski diminuer vu son coût élevé. Heureusement, le génie humain est au service du ski. Des gens s’affairent à rendre notre sport favori plus écologique et plus rentable sur le plan énergétique et économique. Le ski vert, c’est déjà commencé!
L’exemple de Lanzerheide, Suisse
En Europe, l’électricité coûte très cher et l’eau est plus rare qu’en Amérique du Nord. La station de ski Lenzerheide, située près de Davos en Suisse, a fait de l’économie d’énergie son cheval de bataille. Soucieuse de répondre à la demande des skieurs les plus exigeants, un système informatisé très moderne y a été mis en place afin d’être en mesure d’offrir des pistes parfaitement enneigées et entretenues en utilisant le moins de neige fabriquée possible. Pour ce faire, une modélisation précise de l’ensemble des pistes de la station a été réalisée grâce à une technologie de pointe utilisant des scanner 3D, des GPS et des appareils photo haute définition.
Ensuite, les dameuses sont munies de GPS reliés au système informatique de la station permettant de fournir en temps réel la hauteur de neige des différentes sections des pistes afin d’optimiser le travail d’entretien. S’il n’y a pas assez de neige à un endroit et trop à un autre, inutile de partir les canons, il n’y a qu’à déplacer le précieux or blanc.
On y a aussi installé un système entièrement automatisé qui permet de ralentir l’une de ses principale remontée mécanique lorsque l’achalandage est bas. Cela est rendu possible grâce à l’utilisation de la technologie RFID (similaire à celle que l’on retrouve dans les stations du groupe MSSI et au Massif) dont le point d’entrée a été judicieusement placé avant l’aire d’attente des skieurs. La remontée est programmée pour répondre à l’achalandage sans qu’aucune intervention humaine ne soit nécessaire.
Faire passer la vitesse de la remontée de 5 à 4 mètres par secondes lors des moments plus tranquilles permet une réduction de la consommation d’électricité d’environ 20%. Ce système permet à la station d’économiser 10 000 francs suisses par année ainsi que quelques tonnes de rejets de CO2.
L’utilisation des énergies renouvelables
Solaire
Plutôt que d’utiliser de l’électricité en grande partie produite par des centrales thermiques et nucléaires, la station Tenna en Suisse a inauguré en décembre 2011 le premier téléski totalement solaire au monde. Puisque la remontée produit plus d’électricité que ce qu’elle consomme, les surplus sont vendus afin de financer l’acquisition des panneaux solaires. D’autres stations, telles Schmittenhöhebahn en Autriche, ont opté pour l’utilisation de panneaux solaires sur ses édifices. En 2012, 6000 mètres carrés d’installations photovoltaïques y ont été apposés afin de couvrir 10% de ses besoins énergétiques.
Éolienne
Bien que l’esthétique des éoliennes ne soit pas toujours appréciée dans les campagnes, celles-ci sont de plus en plus utilisées à travers le monde afin de produire de l’électricité verte. Le sommet des montagnes, lorsque suffisamment accessibles et venteux, constitue un emplacement de choix pour leur installation.
En 2007, Jiminy Peak Ski Resort (Massachusetts, États-Unis) a construit une éolienne de 77 mètres et 1500 kW à son sommet. Celle-ci permet d’alimenter une partie de son parc de 350 canons à neige ainsi que l’éclairage en soirée. La moitié de l’électricité produite est injectée dans le réseau local ce qui permet à la station d’engranger des revenus supplémentaires et de rentabiliser son investissement. Depuis, d’autres stations nord-américaines dont Berkshire East (Massachusetts), Burke (Vermont) et Grouse Mountain (Colombie-Britannique) ont emboîté le pas.
En Europe, la station Salzstiegl (Autriche) possède une installation similaire qui est suffisante pour alimenter ses 5 remonte-pentes, l’hôtel et les chalets de ski.
Véhicules électriques
Puisque le marché de la voiture électrique est en pleine expansion partout au monde, il est permis de penser qu’un jour l’ensemble des véhicules utilisées en montagne tels les motoneiges et les dameuses seront électriques. Certaines stations européennes ont déjà fait l’acquisition de ce type de véhicule; sans oublier le village entier de Zermatt (Suisse), qui n’accepte que des voitures électriques sur son territoire (sauf exception d’urgences). En attendant, les constructeurs de moteurs travaillent à rendre ceux-ci de plus en plus économiques en essence et par le fait même moins polluants.
Et au Québec?
Notre hiver particulièrement rigoureux est en soi une grande source de dépenses énergétiques, ne serait-ce qu’en raison du chauffage. Bien que l’eau soit abondante et que l’électricité provienne de sources renouvelables, l’environnement y prend une place de plus en plus importante lorsqu’il est question d’investissements dans les stations de ski.