Le Mont Plante renaît ! Oui, mais est-ce bien une renaissance ? Est-ce que la station fermée au début des années 80 était vraiment inaccessible durant toute cette période ? Pas du tout. Depuis la fin des années 80, je m’intéresse aux stations de ski du Québec. J’ai entendu parler du Mont Plante pour la première fois au milieu des années 90, même s’il était fermé à cette époque depuis 10 ans. Du temps de son opération, la station était redoutée par bien des skieurs, en raison de son inclinaison impressionnante. Des pistes mythiques y étaient présentes, telles que l’International. La station bénéficiait également d’un bon enneigement naturel, étant située dans la ceinture de neige des Laurentides.
Au tournant des années 2000, en consultant le blogue d’un membre du McGill Outdoor Club, j’ai aperçu des photos d’une expédition de ski à la station, le tout mentionnant que quelques pistes étaient entretenues depuis 15 ans par des bénévoles afin de pouvoir continuer de skier la montagne. Une fois mon permis de conduire en poche, j’ai visité la montagne pour la première fois durant l’automne 2002 et je suis resté bouche bée ! Les pistes, étroites, étaient entretenues à la perfection.
C’est finalement en janvier 2004, en compagnie de Christophe Deschamps (Président et fondateur de ZoneSki) que mes skis ont foulé pour la première fois les pistes de l’ancienne station. C’est là que nous avons fait la connaissance de Mike, à l’époque le responsable officieux du club de télémark (souvent appelé « les amis du Mont Plante »), qui nous a indiqué par où monter, puisque nous n’avions pas de peaux de phoques. Il a aussi insisté sur la nécessité de rester discret sur l’existence de ces pistes de ski, surtout qu’un promoteur avait débuté un projet domiciliaire juste au pied de la montagne et qu’il appréhendait des difficultés au niveau de la cohabitation entre les futurs résidents et les skieurs.
Devenu accro à l’ancienne station en quelques semaines, j’ai rapidement découvert les huit magnifiques pistes entretenues, incluant un sous-bois. J’ai aussi commencé à m’impliquer dans le défrichage et l’entretien des pistes et à l’automne 2004, nous avons défriché un sentier étroit permettant de monter à pied la montagne tout près du t-bar. Notre but était d’éviter que des promeneurs marchent à pied dans les pistes de ski, ce qui affectait énormément les conditions. Il faut dire que le développement résidentiel avait rendu l’accès à la montagne beaucoup plus facile qu’autrefois. Aussi, durant l’été 2004, une piste de ski de fond a été ouverte, ce qui a eu pour effet de couper les pistes de ski en deux, près de la base de la station, et d’amener encore plus de clientèle. Les fondeurs pouvaient ainsi rejoindre l’ancienne piste Césaire, qui était déjà la piste utilisée par les Amis du Mont Plante pour monter en peaux de phoques.
Bien que le quartier résidentiel n’ait jamais été entièrement terminé, bon nombre de maisons ont été construites aux abords de la base. Plusieurs résidents étaient des accros de longue date du Mont Plante. D’autres ne connaissaient qu’à peine l’existence de la mythique station. Les relations avec le promoteur étaient assez bonnes, les amis du mont Plante se cotisaient chaque année pour payer le déneigement d’un petit stationnement près de l’ancien chalet et pour payer la location de débroussailleuses.
Toutefois, suite à la faillite du projet immobilier, les relations se sont corsées avec les créanciers et après quelques années, le stationnement dans le développement immobilier est devenu interdit. Au même moment, des tractations avaient lieu entre la ville, des membres des Amis du Mont Plante et les créanciers, afin que la montagne soit annexée au parc régional Val-David/Val-Morin. C’est finalement devenu le cas durant l’été 2014, ce qui devrait garantir l’accessibilité de la montagne pour les années à venir ! Il ne sera toutefois plus permis de se stationner dans le quartier résidentiel au pied de la station. Il faudra se stationner à Val-David près du parc linéaire et un sentier de ski de fond (1,8km de long) permettra aux skieurs de se rendre au pied des pistes. Une tarification devrait également être en vigueur pour entrer sur le site, lequel sera patrouillé.
Compte tenu du contexte actuel du ski alpin au Québec et de l’engouement pour le ski hors piste, la montagne va sûrement être bien garnie de skieurs et planchistes cet hiver, lorsque la neige sera au rendez-vous !