Pas de canons à neige, ni grand hôtel à ses pieds. Ce n’est pas son dénivelé (350m) ni son nombre de pistes (36) qui justifient son statut. Pas de télésièges débrayables. Pourtant, perché dans la chaine des Monts Valin, le Valinouet est une destination obligatoire pour tout skieur, une escapade toute naturelle.
La station de ski saguenéenne est un des secrets du ski les mieux gardés de tout l’est canadien. L’on se demande même si les « bleuets » (surnom donné aux habitants de la région) taisent volontairement tout le plaisir qu’ils éprouvent, visite après visite, à skier sans entendre leurs skis faire le moindre bruit pour garder jalousement pour eux l’extase, sans le partager avec autrui. Nous nous demandons si nous aurons des représailles de publier ceci! Voici cinq raisons de tomber amoureux de cette station…
1. Faites l’amour, pas la guerre des canons!
Ce n’est pas facile de décrire la sensation de sillonner les pentes d’une station de ski enneigée toute naturellement. Point de bruit, seulement un léger sifflement, une glisse bonifiée. Inutile d’affuter les carres de vos skis. Certains symptômes apparaissent rapidement: le haut des joues se contracte, chaque coin de la bouche esquissant un arc vers le haut. Amour instantané de l’endroit.
L’auteur de ce texte étant « de la place », il identifiera les pistes par leur numéro, car c’est la pratique au Saguenay-Lac-St-Jean, en prenant soin de mentionner le nom de la piste entre parenthèses pour les « étranges »…
Le skieur débutant doit dévaler les pentes 16 (Simard), 17 (Boulevard): douces, panoramiques.
Le skieur intermédiaire adorera les pentes 11 (Pedneault), 13 (Blackburn) et 14 (Bégin): larges, constantes, dynamiques.
L’expert raffolera des pentes à bosses naturellement formées. L’on ne parle pas ici de bosses formées à configuration constante mais plutôt de terrain de jeux à haut défi. Par exemple, 6 (Gagnon): comprend un bon cliff de 25 pieds, pour aventuriers seulement, à moins de le contourner sur la droite; 7 (Dufour): recommandée, la plus populaire, longue et constante; 8 (Perron): souvent empruntée pour se rendre à l’entrée du sous-bois 26 (La Fontaine) à ne pas manquer.
2. Versant Nord-Ouest
Ouvert en 1988, le versant Nord-Ouest est lieu d’un étrange culte. Les samedis matin, alors que son accès n’est pas encore ouvert, quantité de skieurs impatients se massent silencieusement à son entrée, les yeux grands ouverts, regardant constamment leurs montres, un peu « surexcités », certains grognant à la manière d’un yéti. Ceux-ci viennent cueillir la poudreuse dont on les a injustement privés depuis dimanche.
L’on accède au lieu mythique par la piste 17 (Desjardins), le samedi dès 9h00. À ce moment, le visiteur en quête de poudreuse repèrera facilement sur la gauche l’étrange attroupement qui attend frénétiquement à l’entrée de la piste d’accès dont l’emplacement est reconnaissable à un immense filet orange, lequel contrôle l’accès au Saint-Graal. Le versant Nord-Ouest n’est pas ouvert la semaine, et s’il a neigé durant les jours précédant la fin de semaine, il est très fréquent d’y rencontrer des conditions de poudreuse formidables, puisque pendant cinq jours, personne n’y a mis le ski (ou la planche)…
Coups de cœur: les pistes 20 (Clairval), superbe piste pour carver lorsque damée, 22 (Péribonka), 23 (Façade) belles bosses naturelles et la 30 (Bras-Louis), dont il est question plus bas. Intéressant : il y a un joli chalet assez grand à la base de ce sommet, doté d’un casse-croute. Demandez le chocolat chaud avec guimauves.
3. À l’ombre des conifères
L’on trouve maintenant sept sous-bois au Valinouet. Ceux-ci offrent un bel enneigement et un degré de difficulté convenant à la plupart des skieurs. Les skieurs intermédiaires aimeront la 29 (Yéti), notre coup de cœur, le sous-bois parfait pour faire progresser le skieur intermédiaire avec une pente constante. Les skieurs experts préfèreront la 26 (La Fontaine), que l’on emprunte par la 8 ou la 9, et la 30 (Bras-Louis), cette dernière offrant presque un kilomètre de longueur! Que du bonheur. Ceux qui en redemandent pourront aller du côté de La Machette…
4. Proximité de la ville
Le Valinouet est situé à 45 minutes seulement de la capitale régionale, Saguenay. Plusieurs établissements hôteliers offrent des forfaits sur mesure pour le skieur en quête d’escapade naturelle. Un détour à la Microbrasserie La Voie Maltée couronnera votre pèlerinage avec une table exceptionnelle sous le toit de cet établissement de plus en plus reconnu dans toute la province. Demandez des accords bière/repas.
5. Un paradis pour les débutants
Le skieur qui commence aura droit à 3 pistes desservies par un t-bar et tapis roulant au coût de 15 dollars. C’est l’un des plus beaux endroits que je connaisse pour celui qui débute; il est facile de se laisser imprégner de l’ambiance particulière et mystique du Valinouet. N’ayez crainte, après quelques descentes seulement dans ce secteur, vous êtes prêts pour la grande montagne.
BONUS
En télésiège, scrutez la cîme des conifères à la recherche de Lagopèdes des saules, qu’on a parfois la chance d’observer l’hiver au Valinouet. Il est très rare d’en observer au sud du 49ième parallèle.
Nul besoin de neige fabriquée sur les pentes du Mont Victor-Tremblay. Alors qu’en novembre de chaque année, l’industrie du ski travaille ardemment à faire cracher les canons, pas un seul employé ne se présente au Valinouet. Pendant que les stations ouvrent lentement et progressivement leurs domaines skiables en décembre, se livrant bataille entre elles, le Valinouet n’offre toujours rien… pour ouvrir tout son territoire en l’espace de 48 heures à la suite d’une bonne tempête : « Le Vali a encore frappé » entend-on partout.
Les bleuets se passent le mot, se mettent à dévaler les pentes dans un silence surprenant, pleinement conscients de leur chance. Que de la neige naturelle dans ce paradis des sports d’hiver, passage obligé pour tout amateur de sport de glisse.