Nous avons d’abord visité Portillo et Los Penitentes. Après avoir fait le voyage en autobus entre Los Penitentes et Mendoza, la voiture s’avère l’option la plus rentable en temps pour rejoindre Las Lenas, et ensuite pour circuler entre la station de ski et les endroits où nous logeons (d’abord Malague, ensuite Los Molles).
Le voyage à travers la pampa est d’une beauté aride. Sur la route 40, dont un long segment reste encore à paver, les Andes ne quittent jamais nos yeux. Et en même temps que nous roulons, nous pouvons apercevoir une perturbation neigeuse envahir le ciel andin, préparant la montagne pour les prochains jours…
Las Lenas, Argentine
À notre arrivée à Las Lenas le 22 août au matin, nous constatons avec bonheur les centimètres de neige légère tombée la nuit précédente, qui rafraîchissent le terrain de cette station de 1230 mètres de dénivelé dont la réputation n’est plus à faire. Située davantage dans les Andes Centrales malgré son altitude élevée (3500 mètres au sommet), Las Lenas offre un des terrains les plus challengeant au monde à l’intérieur d’un domaine skiable, en plus d’un bon nombre d’itinéraires en ski de randonnée dans les parages.
Le beau terrain de jeu de la station de ski, fait de couloirs et de champs de neige très inclinés, est seulement accessible à partir d’un seul et unique télésiège nommé Marte, et ce dernier est très rarement ouvert la journée après une importante chute de neige. De fait, ce terrain très prompt aux avalanches doit être sécurisé.
Même si notre première journée se passe dans la partie inférieure du centre de ski – un 600 mètres de dénivelé pour skieurs débutants et intermédiaires – les options ne manquent pas. Nous skions un large champ de neige, où s’imprègnent nos traces dans 50 centimètres de poudreuse légère. Nous trouvons aussi un secteur hors-piste intéressant à droite du télésiège Vulcano; il s’agit d’un long et profond canyon dont les parois sont skiables. Après une petite traverse, nous nous élançons pour une descente sur l’une de ces parois inclinées qui, sous l’effet du vent, s’est remplie de poudreuse. Aveuglés par la neige qui nous vole au visage, nous enfonçons jusqu’à la taille dans le creux de nos virages. Une autre journée parfaite dans les Andes!
En après-midi, un fort vent se lève, obligeant la fermeture des télésièges. Cependant, loin de nous l’idée d’arrêter; nous décidons alors d’enfiler les peaux d’ascension et de nous faire plaisir avec une autre descente. Après une bonne montée contre un vent intense, dont les rafales atteignent plus de 80 km/h, nous trouvons refuge derrière une grosse roche pour enlever les peaux et s’éclater avec une belle descente dans la poudreuse, terminant ainsi la journée au son des détonations qui proviennent du secteur Marte.
Pour ouvrir le télésiège Marte, il doit y avoir beaucoup de neige et peu de vent. C’est donc à la fois un coup de chance et un privilège pour quiconque de pouvoir skier ce terrain dans de bonnes conditions. Et mine de rien, le seul télésiège Marte augmente le dénivelé skiable de Las Lenas de près de 700 mètres. C’est énorme!
Étant seul aujourd’hui, ma première descente s’effectue dans le bol sous le télésiège. Après plusieurs virages, le bol se divise ensuite en deux couloirs; je choisis celui de droite où je suis – comble du bonheur – le premier à m’élancer. La surface présente une croûte windpack soyeuse qui ne défonce pas, recouverte de quelques millimètres de poudreuse fine. C’est, selon moi, la condition hivernale idéale pour descendre ce couloir de 40-45 degrés sur 400 mètres de dénivelé; ce n’est pas durci, la surface est douce et les carres répondent bien, permettant un contrôle optimal des skis. Descente sublime que je répète, cette fois, dans le couloir de gauche!
Au sommet du Marte, on peut aussi choisir de skier la partie supérieure de la montagne qui s’élève au-delà des pistes principales. Les options sont multiples, que ce soit des couloirs ou des champs de neige parsemés de grosses roches. Trois types de conditions simultanées caractérisent mes descentes sur cette face: surface windpack soyeuse en haut, poudreuse légère d’une vingtaine de centimètres dans la partie médiane, et neige humide de printemps un peu croûtée vers le bas. Et 1200 mètres plus bas, on se retourne, impressionné, pour regarder l’ampleur de la descente!
Las Lenas nous a bien choyés pendant trois jours, mais malheureusement le voyage tire à sa fin. Nous devons tranquillement revenir sur nos pas, laisser l’auto à Mendoza et reprendre l’autobus pour le Chili…
Valle Nevado, Chili
De retour en terre chilienne, après une journée de déplacement en autobus teintée par de multiples péripéties typiques de l’Amérique latine, nous décidons de découvrir une des trois grosses stations situées près de Santiago. Nous choisissons de visiter Valle Nevado, surtout pour le plaisir de profiter d’une onzième journée de ski la veille de notre départ, prévu le 27 août. De notre expérience, il y a peu à raconter sur cette station prisée par les touristes et les voyagistes pour sa proximité avec Santiago.
Contrairement à Las Lenas, il n’est pas tombé de neige ici depuis plus de deux semaines. Le soleil et le vent, tous les deux bien présents dans cette partie des Andes, ont opéré un bon travail de durcissement de la neige. Les pistes damées sont dures et le terrain entre celles-ci, quoique recouvert d’une légère couche de poudrerie, ne se présente pas sous son meilleur jour.
Cela ne nous empêche pas de faire des virages en profitant de l’air pur des montagnes et du paysage à couper le souffle, en plus de constater l’étendue du terrain de cette station qui, par ailleurs, s’adresse davantage à un public de skieurs intermédiaires. Il reste qu’après une bonne tempête, il est facile d’imaginer Valle Nevado se transformer en un immense champ de poudreuse, ce qui, ma foi, ne doit pas être désagréable du tout.
L’itinéraire des Hautes Andes, tel que présenté ici, n’est à convoiter que par les bonnes années de neige afin d’en profiter pleinement. L’hiver austral 2015 a été généreux pour ces destinations, ce qui n’a pas été le cas les quelques années précédentes. Lors d’une année sèche dans cette région, il vaut mieux se rabattre sur les destinations du sud du Chili (par exemple, Nevados de Chillan, Corralco et Las Araucarias), qui bénéficient d’un enneigement plus stable d’un hiver à l’autre.
Cependant, lorsque tous les éléments sont regroupés comme en 2015, les Hautes Andes deviennent un paradis hivernal, particulièrement pour la qualité de la neige – le meilleur ski s’effectue entre 2500 et 4000 mètres – et les longues périodes de beau temps. Vous aurez alors la chance, comme nous, de skier dans les meilleures conditions que l’Amérique du Sud peut offrir!