Ce récit est le troisième de trois sorties effectuées dans les Alpes françaises en janvier 2025. Nous avons choisi Bourg-Saint-Maurice comme “camp de base” et nous avons effectué nos déplacements à l’aide d’une voiture de location. Ces récits se veulent des recommandations sur les manières de découvrir des domaines skiables moins connus hors de la région, ou pour jeter un regard nouveau sur des stations d’envergure fort populaires. Lors de ce séjour, nous avons également skié à La Plagne, et à Sainte Foy Tarentaise.
À partir de notre logement à Bourg-Saint-Maurice, nous mettons environ 40 minutes pour rejoindre Tignes 2100 en voiture. La route emprunte une montée sinueuse et spectaculaire qui traverse des paysages alpins à couper le souffle. On longe d’abord les rives de l’Isère en direction de Sainte-Foy-Tarentaise, puis, on attaque les premiers lacets en montant vers la station. L’ascension devient plus impressionnante à partir de Tignes 1550, où les virages en épingle offrent des vues dégagées sur la vallée. On traverse même l’Isère en empruntant une route aménagée directement sur un barrage. Tignes 2100 surgit au détour d’un dernier virage, nichée dans un décor grandiose, qui dévoile toute l’étendue de son domaine skiable.
Le domaine skiable de Tignes prend forme autour d’un fond de vallée entouré de montagnes, avec comme point central le village de Tignes 2100. Au total, la station se compose de trois autres villages: Val Claret, Tignes 1800 et Tignes 1550, chacun offrant une ambiance distincte.
Arrivée et première impression
Le village de Tignes 2100 est compact, les infrastructures modernes et les stationnements sont souterrains et payants. Nous avons opté pour le Parking du Lac 1, ce qui nous a permis d’enfiler nos bottes directement au chaud dans le stationnement. Quelques pas plus tard, nous nous retrouvons à la Maison de Tignes Le Lac, où se regroupent les services principaux comme l’Office de Tourisme et la billetterie.
Contrairement aux stations québécoises où l’accès en voiture est la norme, ici, la plupart des skieurs arrivent en bus et logent directement sur place, rendant l’expérience bien différente. L’organisation est fluide, pas de traffic, et trouver un stationnement pour la voiture ne pose aucun problème.
Exploration du domaine skiable
De par son point central, et son domaine skiable qui s’étale dans toutes les directions, Tignes 2100 offre une liberté totale pour explorer la montagne selon vos intérêts et priorités, avec des possibilités infinies. Il n’y a pas de mauvais itinéraire.
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Pour profiter des meilleures conditions, nous décidons de suivre le déplacement du soleil et débutons notre ascension par la télécabine Tovière, qui nous mène à 2704 mètres. Ce sommet est un carrefour important reliant le domaine skiable avec celui de Val d’Isère et constituant un point stratégique de la station. C’est de là que nous débutons notre « ski-o-thon » pour parcourir le maximum du domaine skiable, en alternant descentes et remontées sans jamais emprunter deux fois la même piste ou la même remontée mécanique (à une exception près!).
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Notre principal objectif du matin était de monter jusqu’à La Grande Motte, point culminant du domaine à 3456 mètres. Malheureusement, le dernier téléphérique tout en haut qui y mène est fermé, mais nous avons tout de même pu rejoindre la gare aval de ce dernier, à 3032 mètres, en empruntant les télésièges Les Lanches et Vanoise. La montée est impressionnante, traversant un environnement quasi-lunaire spectaculaire. Peu de skieurs fréquentent ce secteur, ce qui renforce l’impression d’être seul au monde. La descente par la piste Génépy, complètement isolée et dépaysante, restera l’une des plus belles de la journée.
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Des membres de ZoneSki ont eu la chance d’y skier à l’été 2010, voyez leur reportage de l’époque dans nos archives!
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De retour à Val Claret, nous poursuivons notre exploration du domaine skiable en suivant un itinéraire dans le sens horaire. À tour de rôle, nous empruntons plusieurs remontées mécaniques, dont même un téléski, une rareté de nos jours, qui nous mène jusqu’au sommet du Col du Palet. Ce passage offre une belle occasion de faire découvrir à ma fille ces installations plus anciennes, vestiges d’une autre époque du ski.
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Après quelques descentes et traversées, nous atteignons finalement le sommet emblématique de l’Aiguille Percée. C’est évidemment cette formation rocheuse spectaculaire qui attire tous les regards. Impossible de passer à côté d’une photo devant le célèbre trou naturel de l’aiguille, un véritable symbole du domaine skiable de Tignes.
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Ici, à 2 748 mètres d’altitude, nous nous apprêtons à entamer le plus grand dénivelé skiable de la journée: une longue descente jusqu’à Tignes 1550. Nous suivons la piste Corniche, puis Poney, avant d’enchaîner sur Rhododendron, Mélèzes et enfin Myrtilles, qui n’est autre qu’une route carrossable en été, connue sous le nom de Route des Ruines. Dans sa partie inférieure, cette descente, en douceur et en lacets, est idéale pour les débutants et se déroule dans un décor enchanteur dans les bois, nous menant jusqu’au bord du cours d’eau de l’Isère. L’ambiance y est paisible, loin de l’agitation des stations plus en altitude.
C’est d’ailleurs ici, à Tignes 1550, que nous choisirons de nous garer pour notre deuxième journée de ski à Tignes. Un petit pont piéton permet de relier facilement le parking à la remontée mécanique, rendant l’accès rapide et pratique, tout en évitant le trajet en voiture jusqu’à Tignes 2100.
Le contraste entre Tignes 1550 et Tignes 2100 est saisissant: ici, pas de grands immeubles modernes ni d’effervescence permanente. L’ancien village a su conserver tout son charme et son authenticité. C’est l’endroit parfait pour terminer une journée de ski en profitant du soleil en bas des pistes, dans une ambiance sereine. La descente depuis l’Aiguille Percée prend environ 45 minutes à un rythme modéré avec plusieurs pauses, ce qui en fait l’une des plus longues de la station, à l’exception de celle partant du sommet de la Grande Motte, lorsque son téléphérique est ouvert.
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Fait intéressant: les secteurs les moins fréquentés du domaine sont aussi les plus extrêmes en altitude. Le sommet de la Grande Motte et sa piste Genepyd’un côté, et la partie la plus basse menant à Tignes 1550 de l’autre, offrent une quiétude rare par rapport aux versants plus fréquentés desservant Val Claret et Tignes 2100.
L’heure du lunch approche et l’appel d’un bon repas se fait sentir. Nous empruntons les télécabines des Brévières, puis celles des Boisses, avant de prendre le télésiège de l’Aiguille Rouge. À quelques mètres seulement du débarcadère se trouve notre destination: le restaurant Le Soli – L’Alpage des Chaudannes.
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Nous y découvrons un menu varié, proposant des plats savoureux et joliment présentés, avec une mention spéciale pour les desserts qui occupent une place de choix. Notre coup de cœur: des crêpes sucrées au Nutella, servies au bar extérieur. Un vrai régal, parfait pour reprendre des forces avant l’après-midi.
Pour conclure cette journée de ski, nous avons un dernier objectif: découvrir l’ambiance légendaire de La Folie Douce. Depuis le restaurant Le Soli, il nous suffit de descendre jusqu’à Tignes 2100, de remonter par la télécabine de Tovière et de basculer sur le versant de Val d’Isère en empruntant la piste Edelweiss jusqu’au pied du télésiège Tommeuses. La suite promet une fin de journée festive et mémorable au cœur de l’un des meilleurs après-skis des Alpes !
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L’expérience La Folie Douce
Après une journée bien remplie, impossible de passer à côté de La Folie Douce, un incontournable pour une fin d’après-midi festive. Situé du côté de Val d’Isère, cet établissement emblématique allie musique live, DJs et performances en plein air, le tout dans une ambiance électrisante. L’énergie qui se dégage de ce lieu est unique, transformant une simple pause en une véritable expérience après-ski.
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D’ailleurs, La Folie Douce ne cesse d’évoluer. Une expansion est en cours, avec l’acquisition d’une ancienne gare de télécabine voisine qui permettra d’agrandir le site et d’en faire un véritable petit village de fête en altitude. Même si l’endroit se trouve à Val d’Isère, il est accessible avec un forfait ski Tignes en reprenant simplement le télésiège Tommeuse pour revenir vers Tovière et redescendre sur Tignes. Attention toutefois, les pistes pour redescendre de Tovière à Tignes deviennent plus techniques en fin de journée, après le passage répété des skieurs. Pour éviter une dernière descente trop exigeante, nous avons préféré reprendre la télécabine jusqu’à Tignes 2100.
Un regard sur l’impact du changement climatique
Le changement climatique est une réalité incontournable pour les stations alpines, et Tignes n’échappe pas à cette transformation. Autrefois symbole de l’enneigement abondant et du ski toute l’année, la station voit son paysage évoluer sous l’effet du réchauffement. La fonte du glacier de la Grande Motte est particulièrement préoccupante: ce qui était autrefois une immense étendue de glace accessible même en été se réduit inexorablement, forçant la station à limiter progressivement le ski d’été. À court terme, la station essaie de ralentir la fonte. C’est la technique du “snow farming”. La station conserve la neige d’une saison à l’autre en constituant des tas de neige fabriquée qui sont ensuite protégés par des bâches.
Face à ces défis, Tignes s’adapte. L’investissement dans la neige de culture est devenu indispensable pour assurer un enneigement fiable en début et en fin de saison. Les infrastructures évoluent aussi, avec une approche plus durable: optimisation des remontées mécaniques pour limiter leur impact énergétique, préservation des ressources en eau pour la production de neige et diversification des activités pour réduire la dépendance au ski.
Conclusion
Cette première journée de découverte de Tignes a été une expérience inoubliable. Entre paysages à couper le souffle, descentes variées, et ambiance unique, la station a su nous séduire immédiatement. Au total, sur deux jours de ski à Tignes, nous avons exploré pratiquement tous les secteurs de la station, en nous aventurant même dans quelques recoins méconnus. Si votre séjour dure plus de deux jours, pensez à prendre un forfait incluant aussi l’accès au domaine de Val d’Isère. Vous doublerez ainsi votre terrain de jeu, idéal pour skier 5 à 6 jours sans jamais vous lasser.