Chaque année, c’est la même ritournelle. La température augmente un peu, les circulaires de pneus d’été sortent, les boutiques remplacent les skis par les vélos… et le ski se meurt. Les rues sont sales, les accotements sont des appels aux crevaisons, les bordées-surprises de neige sont encore au menu, mais le ski se meurt. On se gèle les mains à sortir le BBQ, le terrain est couvert de feuilles mortes, on est encore loin du travail dans les plate-bandes et de l’ouverture de la piscine… mais le ski se meurt.
Toi, le skieur qui a déjà rangé tes skis, je t’interpelle: pourquoi!? Même les fans finis de damé durci en ont pour leur argent ces temps-ci!
Toi, le skieur qui refuse les invitations à la glisse depuis deux semaines, dis-moi, de quoi as-tu peur? Certainement pas des foules, il n’y a personne au tourniquet. Ton casque bluetooth pourra jouer ta musique sans interruption sociale.
Crains-tu les mauvaises conditions? D’abord, qu’est-ce que c’est, des mauvaises conditions? Des pistes fermées à cause du manque de neige? Des plaques de glace ici et là, ou des endroits dégarnis? Effectivement, si pour toi le ski ça ne se fait que sur un grand tapis blanc immaculé… tu ne dois pas en faire souvent.
Les stations de ski ne sont pas stupides: si les conditions ne sont pas belles, elles l’affichent. Si les pistes ne sont pas praticables, l’équipe de patrouille en place se charge de les fermer, pour ensuite les ouvrir graduellement si les conditions le permettent. Aucun skieur n’est tenu d’aller skier là où c’est désagréable ou dangereux. Mais quand ça dégèle… c’est plus que du bonbon.
Le ski de printemps, on en a fait l’éloge à plusieurs reprises, sur toutes les tribunes possibles: c’est le meilleur du ski, après un gros powder day bien sale rempli de face shots. J’entends les climato-sceptiques me rappeler qu’en ce moment, ce n’est pas exactement le printemps… Justement, profitez-en, on a de l’hiver en prolongation, après l’avoir cherché de décembre à février!
J’ai déjà parlé d’un télésiège comme d’un autobus: « c’est un moyen de transport collectif, qui nous amène d’un point A à un point B. On le prend en attendant notre tour, on remplit les sièges libres et on partage l’espace (message ici aux skieurs égoïstes…), bref, on bénéficie tous d’un transport pour lequel on a chacun un petit peu payé. » Je maintiens mon idée.
Voyons les pistes comme des boutiques dans un centre commercial. L’analogie n’est pas parfaite, les boutiques n’étant pas tributaires de la météo pour la livraison et la vente de leur marchandise… mais ironiquement, les skieurs ont le comportement inverse: quand c’est la vente de fin de saison, le consommateur moyen se précipite dans les boutiques pour profiter des soldes… où sont les skieurs quand les stations bradent leur billet journalier et se décarcassent en promotions pour inciter les skieurs à venir? Quand les boutiques ne sont plus populaires… le centre commercial ferme. Et ceux qui continuaient à le fréquenter se pètent le nez sur une porte barrée.
Je pourrais vous faire une liste de répliques à balancer aux skieurs-déserteurs… mais non, je n’ai pas envie de m’acharner sur les absents, qui ont tort de toute façon. Je me contente de lever mon chapeau à ceux qui sont encore sur les pistes, à travers le Québec, à profiter d’un ski relax, sous un soleil qui tape plus fort qu’en janvier, avec des journées plus longues. Et je lève mon deuxième chapeau à toutes les stations qui se dépassent en créativité et en travail malgré le souffle qui leur manque depuis janvier. Comme chaque année, bon-hiver-mauvais-hiver, le skis en avril ne tient qu’à un fil. Faisons en sorte qu’il ne casse pas prématurément… bon ski à tous!
C’est pas parce que votre piscine de banlieue a « calé » qu’il n’y a plus de neige en montagne. Vous cherchez une station de ski encore ouverte? Il y en a une vingtaine en opération en fin de semaine. Notre tableau des conditions peut vous donner un aperçu… mais certaines stations mettent leur Facebook pas mal plus à jour! Renseignez-vous, et sortez en ski!