Juste à la bonne place

En voyage aux États-Unis quand un restaurant affiche en grosses lettres “Good Food”, il y a lieu de s’inquiéter! Qu’est-ce qui pousse un restaurateur à se sentir obligé de rassurer le client avant même qu’il n’entre? Cependant, quand la station Belle-Neige brandit son nom en grosses lettres face à la route, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Au contraire! L’assurance d’y trouver de bonnes, d’excellentes, conditions est presque toujours certaine. Située en une région particulièrement neigeuse, Val Morin, la station de ski est généralement bénie. Ce n’est pas pour rien qu’un secteur hors-piste a nouvellement été ajouté au domaine skiable.

Toi, tu mets quoi aujourd’hui?

Savoir quoi porter lors des sorties de ski est parfois un exercice d’équilibre entre trop peu et pas assez. La question est particulièrement délicate dans les cas des “skinneux” qui auront chaud en ascension et qui se refroidiront une fois au sommet et lors de la descente. D’abord, un rappel de base: le système multicouches a fait ses preuves: une succession de vêtements superposés en commençant par le vêtement le plus léger/mince porté directement sur la peau. Entre le manteau, qui est la couche finale, et la couche de base, on ajoute une ou deux autres couches progressivement plus épaisse. Cette couche intermédiaire est habituellement un polar. Plusieurs personnes ajoutent une coquille rigide (mal nommée, la pauvre a hérité du terme anglais hardshell). Un foulard autour du cou ainsi qu’un bonnet sous le casque ajoutent un degré de confort indéniable. Les mitaines sont préférables aux gants pour ceux qui ont facilement froid aux mains.

Depuis plusieurs années la laine mérinos a la cote. Si on tient absolument à afficher le logo des grandes marques, on sort son portefeuille. Si le logo nous importe peu, on trouve des vêtements en mérinos, souvent mélangés à des fibres synthétiques qui prolongent la vie du vêtement, à prix très raisonnable. Le manteau est quant à lui très souvent en duvet. Un peu de recherche en ligne permet de trouver un manteau qui respecte à la fois l’environnement et les oiseaux desquels proviennent l’isolant tant prisé. Bon à savoir: la quantité de duvet ainsi que son pouvoir gonflant (mesuré en pouces cube par once de duvet) sont garants du confort. Ainsi, une bourre de 800 cu.in (pouces cube) isole beaucoup mieux qu’une de 500 cu.in. Le prix reflétera cette différence! Le duvet demeure l’isolant numéro 1 dans des conditions sèches. Au final, c’est en explorant avec différentes combinaisons de vêtements qu’on trouve ce qui est optimal pour soi. Les commerces ayant pignon sur rue sont très sollicités, forçant le consommateur à se tourner vers les (très) nombreuses boutiques en ligne, qui font des promos alléchantes, de même que les sites prisés pour la revente de matériel d’occasion… mais attention, demeurez critique: la fraude, la contrefaçon et les prix gonflés sont légion.

Le son de la neige

Dans la forêt, loin des bruits issus de l’activité humaine, les sons de la nature sont omniprésents. Évidemment, faire une ascension à dix personnes exclut toute tentative d’écoute de l’environnement naturel. Et que dire, du gars qui fait jouer de la musique que tout le monde peut entendre à 500 mètres à la ronde… Pour peu qu’on y porte attention, la nature a une infinité de sons qui ne demandent qu’à être entendus, écoutés. Percevoir le bruissement des feuilles retardataires encore accrochées à un arbre, écouter le délicat son des flocons qui tombent au sol ou sur le manteau, ou s’écouter respirer lors d’une pause quand notre souffle gelé monte lentement devant nos yeux sont autant d’occasion d’apprécier la nature. Même sur les pistes, entouré de skieurs, on peut apprécier le son de la neige. Le froid nous y aide. En effet, plus il fait froid, plus la neige s’assèche et se transforme, délaissant progressivement la forme de flocons à six branches pour devenir des agrégats compacts et durs. Une neige très froide se fait entendre lorsqu’on marche dessus, car la pression des bottes est insuffisante pour produire une très fine pellicule d’eau. Dans une neige moins froide, cette eau lubrifie en quelque sorte la neige qui produit ainsi moins de bruit. Le même phénomène microscopique explique la lenteur prononcée des skis sur une neige très froide. L’absence de pellicule d’eau entre les skis et la neige prive ces derniers de la lubrification qui optimise la glisse.

Popularité exponentielle

Le ski a connu dans les années 80 et 90 une disette qui laissait craindre le pire. Comme on a changé de direction depuis! Les sports de glisse sont immensément populaires, sur pistes et encore davantage hors de celles-ci. Entre autres, la pandémie a forcé les gens à pratiquer des loisirs près de chez-eux. Un grand nombre d’adultes se sont mis au ski, sous toutes ses formes. En témoigne le nombre de passes saisonnières vendues rapidement par les stations, et inversement, le faible nombre de billets journaliers disponibles partout en province. Là où il semble que la croissance soit la plus marquée, c’est dans le bois! Les amateurs de ski hors-piste profitent d’un nombre sans cesse croissant de stations qui offrent dorénavant des sentiers d’ascension. C’est le cas de Belle-Neige. S’ajoute à cela un club de moins en moins sélect et de plus en plus vaste de stations qui ouvrent des secteurs skiables hors pistes. Comme Belle-Neige, encore une fois. Pour trouver la solitude en forêt, il faut maintenant être créatif. La très grande popularité du ski de randonnée impose des choix pour ceux qui recherchent solitude et tranquillité. Des pistes de solution: éviter les heures de grande affluence en station (donc s’y rendre dès l’ouverture ou privilégier les fins d’après-midi), choisir des destinations éloignées des grandes villes, visiter des stations moins populaires/plus modestes, sortir lors des journées froides ou maussades, parler aux autres adeptes, explorer en dehors des stations proprement dites (en toute légalité)… Au final, une fois un trésor de glisse découvert il faudra peut-être emporter votre secret dans la tombe et ne pas chercher à le divulguer sur les médias sociaux! Et dans tous les cas, respecter la propriété privée.

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Patrick Teasdale aime beaucoup jouer dehors. Télémarkeur depuis longtemps, il explore maintenant les possibilités du ski de randonnée alpine. Il troque volontiers sa pagaie groenlandaise ou ses skis pour une tasse d'excellent thé vert japonais. Un brin poète et idéaliste, il ne demande qu'à être émerveillé par une trouée de lumière, un chant d'oiseau ou une lame de neige. Il aime soigner ses chroniques et ses photos.