Il y a plus d’une vingtaine d’années, j’étais un jeune qui adorait faire du ski. Descendre les pentes à vive allure en faisant quelques folies au passage me permettait de m’évader. J’en mangeais, du ski. Même si la station que je fréquentais était de taille plutôt modeste, j’y trouvais amplement mon compte. J’y avais appris les bases et je m’étais amélioré très vite. Le plaisir dura quelques années, puis sont venues les douleurs aux pieds et au dos. Une poussée de croissance irrésistible débutait, et mon corps me criait AÏE à chaque virage. J’étais très triste, mais je n’y pouvais rien. Malgré de multiples essais de bottes, il n’y avait rien à faire. J’ai alors dû me résigner, et arrêter complètement le ski à l’âge de 13 ans. Je ne le réalisais pas encore, mais ce sport d’hiver occupait une place importante dans ma vie. 

Le vide

Les années ont passé, et voilà que je me retrouve chaque hiver à regarder la neige tomber, avec la même pensée qui me traverse l’esprit… serais-je encore capable? Les sensations de glisse semblent bien ancrées dans mon esprit, et j’ai l’impression que je retomberais sur mes skis sans le moindre effort. Chaque année, le même manège se répète, mais je trouve toujours une bonne raison pour remettre le projet à plus tard.

L’éveil

C’est après une quinzaine d’années que finalement je me décide: ça passe ou ça casse. Je me dis que je devrais probablement commencer petit, histoire de tester mes capacités. Maintenant c’est décidé, le samedi suivant, je file vers une station familiale pour tester mes capacités. Mon choix s’arrête sur le Mont Rigaud. Comme je sors d’un état d’hibernation prolongé, je réalise qu’il me manque quelques éléments essentiels: des vêtements pour aller dans la neige… Quelques dépenses plus tard, me voilà prêt pour la sortie.

Le déclic

Au réveil, un peu fébrile, je saute dans la voiture et je prends la route vers Rigaud.  À l’arrivée, je me dirige vers le comptoir de location. Après avoir réglé les détails administratifs, un préposé me présente une paire de bottes. Premier constat : enfiler des bottes de ski requiert un certain effort, j’avais oublié cela! Deuxième constat : marcher avec ces bottes demande aussi un certain ajustement! Une fois ces détails passés je me retrouve à l’extérieur, mes deux skis bien à plat au sol. Je crois que c’est à ce moment que le déclic s’est effectué. Dans les deux sens du terme. Dès que mes pieds sont attachés aux skis, je me sens tout de suite dans mon élément. Je ne descends pas encore de pente, mais je connais ces sensations! J’embarque dans une chaise de façon toute naturelle, autant que j’en descends une fois au sommet. C’est maintenant le moment de vérité : dévaler une pente, pour la première fois en plus de 15 ans.

La renaissance

Alors, nous y voilà. C’est le moment de vérité. Je dois choisir une pente. Elles sont toutes relativement modestes, mais la logique me dicte de débuter par une verte. Quelques mouvements de jambes, deux ou trois piqués de bâtons et la gravité fait son œuvre. Ça y est, je glisse! J’amorce les virages aussi naturellement que dans mes souvenirs, et c’est toute une sensation. Je me sens tout de suite en terrain connu et c’est dans un état d’exaltation évident que je me retrouve au pied du télésiège, prêt à reprendre le manège. À partir de ce moment les descentes s’enfilent durant quatre heures. Je me risque même dans un coin plus pentu qui me semble un peu hasardeux. Je m’en sors sans mal, avec une petite poussée d’adrénaline en prime. C’est déjà l’heure de rapporter l’équipement de location et de rentrer à la maison…

Le constat

Sur le chemin du retour, j’ai un grand sourire accroché aux lèvres, et je suis songeur. Pourquoi ai-je attendu si longtemps? Était-ce par peur? Par paresse? Par crainte de je ne sais quoi? Sans trouver la réponse exacte, c’était probablement un peu de tout ça. Maintenant tous mes doutes sont dissipés, je suis de retour en ski! Dès la semaine suivante, je me lance dans l’achat d’un équipement complet. Skis, bottes, bâtons et casque, tout y passe. La facture est salée car l’achat est un peu impulsif, mais il n’y a pas de place pour les regrets.

Conclusion

Les différentes avancées technologiques dans l’équipement a fait de ce retour sur les planches un pur plaisir. Les virages s’enchaînent sans effort ou presque, alors il n’y a pas de crainte à avoir sur vos capacités. J’ai vite retrouvé l’instinct du skieur. Si vous avez déjà une bonne base et que vous rêvez d’un retour sur les pentes, allez-y sans hésiter. Vous ne le regretterez pas! L’expression est cliché mais si elle s’applique au vélo, elle convient tout aussi bien au ski : la glisse, ça ne se perd pas!

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Alexandre aime skier sur tous les types de terrains, que ce soit les pistes damées, les sous-bois ou les bosses. Skieur à son jeune âge, il est retombé sur les planches il y a 5 ans après une longue pause. Sa devise: tant qu'il y a de la neige, il y a de l'espoir!