Les avalanches sont bien présentes au Québec tout comme en Nouvelle-Angleterre et elles font malheureusement des victimes! Selon Avalanche Québec, au cours des quinze dernières années, on dénombre un total de 14 décès et 25 blessés dans six avalanches survenues à travers notre province. Dans tous les cas, environ 80 % des avalanches accidentelles sont déclenchées par les victimes elles-mêmes ou un membre de leur groupe (Avalanche Québec). Nous sommes de plus en plus nombreux à expérimenter le ski hors-piste, discipline riche en émotion, et ce, dans des milieux potentiellement dangereux, tout en étant souvent seuls à pouvoir intervenir rapidement en cas d’accident. Ces sources de danger sont multiples et nous ne sommes pas toujours au courant de ce qui nous guette, ni des moyens pour diminuer les risques auxquels nous faisons face. Nous sommes expérimentés sur nos skis, nous nous faisons confiance, parfois peut-être un peu trop.
Pour ma part, après avoir fait quelques sorties en milieu alpin dans les années passées, en regardant bon nombre de vidéos vidéos et en étant de plus en plus à l’écoute des messages préventifs autour de moi, j’ai voulu devenir plus conscient du danger et plus particulièrement des risques liés aux avalanches. C’est pourquoi j’ai décidé cette année de m’inscrire au cours CSA-1 donné par Expé-Aventures à Sherbrooke. J’ai suivi mon cours au début du mois de décembre, ce texte est donc un résumé des deux jours de formation… notez que je ne suis pas un expert dans le domaine! Simplement, un peu plus éclairé… Assis sur ma chaise, en écoutant attentivement le formateur, j’ai vite compris que devoir déterrer quelqu’un d’enseveli sous la neige sans avoir son équipement ou sans savoir s’en servir peut être un cauchemar. En réalisant mon insouciance du passé, je me suis senti rapidement satisfait d’être là, dans cette classe. Au cours des deux jours de formation, j’ai appris certaines notions qui auront une incidence sur le degré de risque que je vais prendre dans le futur. J’ai voulu transmettre ici un résumé de ces connaissances transmises lors de cette formation.
Avant le départ: la prévention
Pour commencer, j’ai retenu que c’est principalement avant de se rendre en montagne qu’il faut agir en prévention. C’est d’abord en choisissant notre terrain de jeux que la gestion du risque s’effectue. Effectivement, en se fiant aux cotes de terrain et aux indices du risque d’avalanche émis dans le bulletin régional d’avalanche, il sera possible de réfléchir au domaine skiable le plus judicieux. Pour la Gaspésie, ces informations sont disponibles sur le site d’Avalanche Québec. Aussi, il faut prendre le temps de penser aux éléments essentiels à intégrer dans votre sac à dos personnel pour une journée. On parle ici d’avoir une sonde, une pelle, un détecteur de victime d’avalanche (DVA), une trousse de premiers soins, de l’eau (chauffée préalablement), de la nourriture, une bonne lampe frontale, une «doudoune», des mitaines de rechange, un petit matelas bleu coupé en deux (servant d’isolant), de la corde, un couteau de poche (suisse ou Leatherman), du duct tape, une boussole, des hot pads et bien sûr, s’assurer d’avoir la carte du terrain exploré avec soi. Cette liste peut varier beaucoup selon le type de sortie et le nombre de personnes dans votre groupe, mais elle résume bien l’essentiel. Donc, une fois le terrain choisi en fonction du bulletin régional et votre sac à dos bien rempli, vous pouvez vous rendre avec vos partenaires, idéalement en groupe minimum de trois, vers l’entrée des sentiers d’ascension.
Sur place: l’observation
Ensuite, une fois rendu à proximité de votre première descente, j’ai appris qu’il fallait évaluer le terrain à l’aide de l’Avaluateur. Ceci est une petite carte incluant un graphique simple créé par le Centre canadien des avalanches qui nous aide à évaluer les risques selon deux axes: la cote des conditions d’avalanche et la cote des caractéristiques du terrain. Cette évaluation se fait sur le terrain, mais pour bien la compléter, l’utilisation des informations recueillies dans le bulletin régional sera importante. Elle doit également être faite en notant les caractéristiques affectant le manteau neigeux. On parle ici de l’inclinaison de la pente, de l’exposition au vent et des pièges naturels qui s’observent en grande partie sur place. Une fois l’évaluation faite et que vous obtenez des résultats satisfaisants, vous êtes prêt à vous aventurer vers la poudreuse attendue. Cette fois, en étant conscient du terrain sur lequel vous vous trouvez tout en prenant des risques raisonnables.
La prise en charge d’une situation d’urgence
En plus des précautions à prendre lors de nos sorties en zone avalancheuse, on nous apprend à effectuer un sauvetage après le passage d’une avalanche. Nous avons 15 minutes pour agir avant que les chances de survie de la victime ne diminuent trop. La rapidité à laquelle les voies respiratoires de la victime seront dégagées est donc l’aspect le plus important du sauvetage. Les bonnes procédures à suivre sont garantes de l’efficacité des opérations. J’ai compris qu’une bonne utilisation du DVA est l’aspect qui influencera le plus la rapidité de l’opération, il faut alors être à l’aise avec le fonctionnement de son propre appareil pour maximiser nos gestes! Ensuite, ce sera la capacité à utiliser la sonde (longue tige en aluminium) qui permettra de repérer rapidement l’endroit exact d’enfouissement de la victime. Pour finir, on nous apprend la technique de pelletage en «V» qui vous aidera à atteindre efficacement les voies respiratoires de la victime. L’opération devra être dirigée par un leader qui sera capable de garder son sang-froid et d’avoir une vue d’ensemble sur l’opération. Si la victime n’est toujours pas retrouvée après 15 minutes de recherche, l’appel au secours doit être fait. Dans le cas d’un grand groupe, cet appel peut être fait avant, mais on apprend qu’on doit prioriser tous nos efforts sur la recherche pendant les 15 premières minutes. Une fois la victime dégagée on espère qu’elle puisse se déplacer par elle-même, sinon on devra procéder à son évacuation avec le matériel disponible sur place, ce qui peut être laborieux. Bref, j’ai senti que cette section pratique de la formation doit être prise au sérieux, car les connaissances qui y sont transmises pourront peut-être servir à sauver la vie d’un de nos amis enseveli.
Après mes deux jours de formation je peux dire que la formation CSA-1 m’a permis de :
- Mieux comprendre les signes qui indiquent des risques d’avalanches potentielles.
- Vivre une belle expérience de groupe qui m’a mis au défi, qui a testé mon leadership.
- Acquérir une vision plus juste du danger et des responsabilités qui sont liés à la pratique du ski hors piste en terrain avalancheux.
- Comprendre qu’un sauvetage lié à un avalanche est complexe et que le CSA-1 n’est pas suffisant pour effectuer une évacuation complète.
- Échanger sur mes expériences et évaluer les risques auxquels j’ai fait face dans le passé.
- Apprendre divers trucs et astuces liés au plein air général.
- Avoir envie de suivre la formation de secourisme en milieu éloigné et de suivre CSA-2 l’année prochaine.
J’ai quitté cette formation avec un grand sentiment d’accomplissement, beaucoup de nouvelles connaissances et avec l’impression que ce cours est un incontournable pour toute personne pensant aller skier par elle-même dans des milieux avalancheux comme dans les Chic-Chocs, dans Charlevoix, en Nouvelle-Angleterre ou encore sur la côte ouest. Je le conseille fortement aux skieurs et planchistes qui se reconnaissent ici de vivre cette belle expérience de formation. J’aimerais souligner la qualité de la formation donnée par Jérôme Dumais de Expé-Aventures. Sa manière très humaine d’aborder le sujet et son expérience en ski hors piste et en plein air général m’a clairement convaincu de l’importance de se former pour devenir un modèle dans le sport à haut risque que nous aimons tant.
Cet article a été initialement publié le 27 décembre 2015 mais son contenu est toujours d’actualité!