Nous arrivons avec notre voiture dans le stationnement de la station du glacier de Pitztal. Il est relativement facile de se stationner près de la billetterie, puisqu’une bonne partie des skieurs arrivent à la station par le bus (gratuit) qui sillonne toute la vallée. Contrairement aux stations de ski du Québec, ici l’automobile n’est pas l’unique moyen pour rallier la station de ski.

Sitôt sortis de la voiture, nous prenons notre billet de ski et empruntons le funiculaire souterrain qui nous fera passer de l’altitude 1740 à l’altitude 2840 en seulement 8 minutes. Ce type de remontée est totalement inusité pour les skieurs Nord-américains. Malgré sa capacité de 1600 skieurs/heure (200 skieurs par voyage), l’attente pour la montée avec le funiculaire peut être longue. C’est le goulot d’étranglement par lequel tous les skieurs doivent nécessairement passer une fois, avant d’atteindre les pistes en altitude. On y est plutôt tassé pendant la montée, mais on se console en se disant qu’à la fin de la journée, la descente à bord du funiculaire sera moins pénible, car les skieurs quitteront le domaine skiable graduellement.

Dès la sortie du funiculaire à 2840 mètres d’altitude, presque toutes les remontées du glacier sont visibles. Il y a 2 télécabines (8 passagers chacune), un très long T-bar et un télésiège 6 passagers. Il n’y aura aucune attente à ces remontées pendant toute la journée. Le domaine skiable est vaste et permet aux skieurs de se disperser… on aura souvent l’impression d’être seuls sur les pistes pendant la journée.

Nous chaussons les skis et débutons immédiatement par une petite descente vers la base du domaine skiable… une toute petite descente d’environ 100 mètres de dénivelé pour apprivoiser les conditions de neige en altitude et se mettre en appétit.

Nous arrivons à la gare aval des remontées Mittelbergbahn (télécabines) et Gletscherseebahn (télésiège 6 passagers). Nous enlevons les skis et choisissons les télécabines Mittelbergbahn pour aller rejoindre à environ 3200 mètres d’altitude, l’un des trois sommets principaux de la station. À l’embarquement de cette télécabine, on indique 6 personnes maximum par télécabine… on comprend que c’est pour laisser quelques places libres qui pourront être occupées par les skieurs embarquant à la mi-station, un peu plus haut.

Pendant la montée, nous apercevons les dameuses qui continuent de préparer de nouvelles pistes, qui semblent sortir tout droit de nulle part. Après la nouvelle neige reçue hier, les pistes semblent complètement effacées ce matin… tout est blanc sur le glacier. Les dameuses délimitent et tracent de nouveau les pistes, ce qui nous redonne en quelque sorte nos points de repère. 

Nous attaquons la piste #36. Une belle piste intermédiaire, qui donne aussi accès au parcours de ski-cross et au parc à neige un peu plus bas. Peu de temps après le départ du haut de cette piste, nous apercevons un petit col un peu plus élevé à notre droite. C’est le point de passage pour ceux qui veulent rejoindre un autre versant (hors du domaine skiable officiel) dans le secteur du Wildspitze. Été comme hiver, c’est aussi à partir de ce col que partent ceux qui désirent gravir le deuxième plus haut sommet de l’Autriche. Nous continuons sur la piste #36, littéralement dans la vallée glaciaire, avec les sommets plus élevés à notre droite qui forment maintenant une palissade infranchissable. La piste est large, probablement l’une des plus larges de tout le glacier, et elle nous ramène finalement à la base des télécabines Mittelbergbahn.

Nous reprenons les télécabines Mittelbergbahn et la piste #36, mais cette fois, à environ 1/3 de la descente, nous bifurquons vers la gauche dans la piste #34, qui passe tout près d’une petite caverne de glace. Nous laissons les skis, et continuons à pied pour nous approcher et entrer dans la caverne. Nous sommes sous le glacier… la glace a des teintes bleutées… l’endroit est irréel.

De retour sur la piste #34, nous filons à la base du télésiège Gletscherseebahn que nous empruntons. Pendant la montée, un étrange bâtiment apparaît à notre gauche. C’est un entrepôt réfrigéré dans lequel un système de fabrication de neige artificielle est installé. On peut y fabriquer de la neige à l’intérieur jusqu’à une température de +9C. Une fois cette neige produite, elle est poussée hors du réfrigérateur, sur un convoyeur à rouleaux, et s’entasse dans la piste #25. De là, les dameuses se chargent du reste du travail et peuvent l’étendre sur cette piste.

La production de neige

Avec les changements climatiques, la fabrication de neige artificielle et la gestion de la neige sont de réels enjeux sur le glacier de Pitztal. D’immenses amoncellements de neige sont fabriqués pendant la saison froide et sont recouverts d’une pellicule de plastique pendant tout l’été pour mieux préserver les réserves de neige. Grâce à cette technique, seulement 1/3 du volume de neige est perdu sous les toiles. Au mois de septembre, pour l’ouverture de la saison de ski, les toiles sont enlevées et les réserves de neige sont étendues. Cette neige conservée, permet d’assurer une quantité de neige suffisante pour couvrir le bas des pistes, jusqu’à l’embarquement des remontées.

Les services sur place

Le télésiège Gletscherseebahn nous ramène à l’altitude 2740, là où tous les services (cafétérias, boutique de location, etc.) de la station se trouvent. Nous nous arrêtons au restaurant « Kristall Glacier » pour le lunch. C’est aussi dans ce bâtiment que se trouve une pâtisserie où l’on prépare sur place des spécialités autrichiennes, telles que les sachertorte et les apfelstrudel. La particularité de cet endroit est que les pâtissiers sont totalement dépendants des conditions météorologiques pour opérer les fourneaux. À cause de l’altitude, si la pression atmosphérique est jugée adéquate, les pâtissiers en profitent et opèrent les fourneaux au maximum, car il pourrait s’écouler plusieurs jours avant la prochaine opportunité de cuisiner dans des conditions favorables.

Le lunch terminé, nous empruntons les télécabines Wildspitzbahn pour atteindre le point culminant de la station, soit l’altitude 3440. La station amont des télécabines est agrippée sur un pic rocheux. À l’intérieur, on y a construit le Café 3440, endroit idéal pour savourer un dessert ou un café. Ici aussi, l’altitude vient causer quelques problèmes. Par exemple, toutes les cafetières doivent régulièrement être réajustées, de même que les pompes à bière. Pour les journées ensoleillées, il y a une petite terrasse extérieure qui est littéralement juchée au dessus du vide. Une simple vitre la sépare du gouffre. À travers cette vitre, nous distinguons la gare amont des télécabines Mittelbergbahn qui se trouve littéralement sous nos pieds… environ 200 mètres plus bas. Qualifier cette vue de « plongeante » serait un euphémisme.

Nous ne chaussons pas les skis tout de suite, car il est possible de monter encore quelques mètres à pied pour atteindre un petit belvédère circulaire offrant un magnifique panorama à 360 degrés sur toutes les montagnes du Tyrol autrichien. Si vous adhérez à la théorie des « vortex d’énergie », ce lieu précis en est surement un. Lors de notre visite, le temps était clair, et en direction nord, nous avons même aperçu les plaines de l’Allemagne, situées au-delà du Zugspitze.

Nous entamons la descente en ski en suivant la piste étroite qui emprunte le sommet de l’arête de la montagne… probablement la section de piste la plus panoramique de toute la station. Par moment, elle a des petits airs de « La Crête » au Mont-Sainte-Anne. Nous poursuivons cette descente et avons maintenant le choix de continuer sur trois pistes. Nous passons à notre droite les pistes #26 et #27, les deux pistes les plus inclinées de la station et optons pour la piste #28 à cause de son orientation particulière (orientée à 45 degrés, par rapport aux 2 autres) qui lui garantit plus de soleil et une belle luminosité, même en après-midi. Un peu plus bas, nous décidons de faire durer le plaisir et d’étirer la descente jusqu’à la base du télésiège Gletscherseebahn en joignant la piste #24. Cette longue descente représente le plus grand dénivelé skiable à l’intérieur de la vallée glaciaire, soit environ 750 mètres… sans aucun faux plat.

Nous terminons la journée à bord du télésiège Gletscherseebahn qui nous ramène au point névralgique de la station, à 2840 mètres d’altitude.

Avant d’entreprendre le voyage de retour vers la vallée à bord du funiculaire, il nous reste encore un peu d’énergie dans les jambes, et décidons de grimper quelques mètres à pieds pour aller visiter une petite chapelle d’architecture moderne, appelée « White Light ». Elle est située à 2900 mètres d’altitude et elle a été construite avec 180 pierres de granit. On prend un moment pour se demander si skier parmi tant de beauté et d’endroits divins à découvrir sur le glacier de Pitztal, relève du miracle… peut-être, mais ici le miracle se répète tous les jours.

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Skieur autodidacte depuis le début des années 80, il slalome les stations en solo, entre amis ou en famille en quête de pur plaisir. Amateur de premières traces, il est habituellement sur les pistes de bonne heure pour savourer les meilleures descentes de la journée : "Rien ne sert de courir; il faut partir à point!"