L’annonce de fermeture temporaire de la « petite » station de ski de Saint-Pâcome a ébranlé le milieu du ski alpin. Forcément, personne ne se réjouit de cette situation, et tout le monde ne connait que trop bien les raisons qui ont mené à la prise de cette décision. Infrastructures vétustes, manque de financement, clientèle fidèle mais peu volumineuse, normes de sécurité et standards divers à suivre… le milieu des sports de glisse est un milieu très réglementé -je pourrais en faire un papier avec ce seul sujet. Mais là n’est pas mon propos.

Vous n’avez peut-être jamais entendu parler de Saint-Pacôme avant. Je vous dresse un bref portrait: Saint-Pacôme, ce n’est pas si « petit » que ça. On ne parle pas d’une butte à glissade sur tubes sur laquelle on donne quelques cours de ski ici et là! Cette station affiche 150m de dénivelé, soit sept mètres de moins que Belle-Neige, dix de plus que Ski Montcalm et 16 de plus que Saint-Bruno! C’est la seule station de ski dans un rayon de plus de 100km. Lors de la prochaine saison, les habitants de La Pocatière et des environs devront rouler une heure pour accéder aux pistes du Centre de Plein-Air de Lévis, une heure et demie pour arriver au Massif du Sud ou à Cabano, ou étirer à 1h45 pour skier les pistes du Parc du Mont-Saint-Mathieu. Non, il n’y a rien d’autre. C’est donc dire que la fermeture de cette station, aussi « temporaire » soit-elle, prive la population d’un service unique, abordable, à proximité…

Comme bien des stations un peu plus éloignées des centres urbains, ou de petite/moyenne taille, Saint-Pâcome en arrache depuis plusieurs années déjà. En 2009, la station avait déjà des plans  de rénovations, un scénario pour passer en mode « opération 4 saisons », des gens intéressés à procéder au développement… mais pour tout un tas de raisons, ça ne s’est de toute évidence pas fait, puisque cinq ans plus tard, un communiqué-fleuve nous apprend la triste nouvelle de ce hiatus, qui se veut porteur d’espoir.

Cette station du Bas-Saint-Laurent n’est évidemment pas la seule à être en difficulté. Plusieurs stations de ski du Québec, souvent sous l’égide d’une gestion municipale, souffrent d’un manque de clientèle ou peinent à trouver du financement, quelle qu’en soit la provenance. Je n’énumèrerai pas la liste des stations qui ont fermé boutique au cours des 20 dernières années (vous pouvez le faire dans les commentaires si vous voulez « agrémenter » ce texte), mais la tendance n’est pas à la création de nouvelles stations, bien au contraire.

La grande question à se poser: peut-on réellement espérer une relance viable et réaliste pour une station qui s’est vue dans l’obligation de mettre ses opérations sur pause? En bonne optimiste, je veux dire oui. Si les plans sont solides, si les moyens sont mis en oeuvre, si la population locale se mobilise, si… il y a malheureusement beaucoup de « si ». Mais ce n’est pas impossible. Cependant, bien peu de stations de ski peuvent se targuer d’avoir vécu un renouveau après avoir dû fermer leurs pistes, ne serait-ce que pour une saison! Je croise évidemment les doigts, les orteils… j’ai beaucoup de pensées pour les gestionnaires, administrateurs et organisateurs de l’endroit. Mais j’ai encore plus de pensées pour les familles de skieurs qui fréquentaient l’endroit. J’espère qu’ils ne feront pas faux bond à leur station lorsqu’elle rouvrira, j’espère qu’ils s’impliqueront, à la hauteur de leur capacité.

S’il vous arrive un jour de passer devant une station de ski « en région », ou de taille « moyenne », que vous ne connaissez pas, et qui est en opération… faites-donc l’effort de vous y arrêter, au lieu de dire « Faudrait bien qu’on aille skier là, un jour! » Parce que si ça se trouve… vous n’en aurez pas l’occasion. Et vous regretterez, lorsque vous lirez l’annonce de la fermeture de l’endroit, de ne pas l’avoir visité plus tôt.

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Adepte de plusieurs sports de glisse, Geneviève sépare son temps entre le plein-air, le tourisme, la production de contenu écrit et les photos de chats. En station, vous la retrouverez dans un sous-bois, occupée à contempler le paysage entre deux virages.