Jusqu’à tout récemment, lorsque l’on portait attention aux discussions entre les skieurs habitués du Mont Sainte-Anne, il était souvent question de souhaits pour le développement de nouvelles remontées rapides. Plusieurs ont spéculé sur divers projets permettant de desservir plus efficacement les pistes que l’on surnomme celles du secteur « expert ». À notre grande surprise, un télésiège quadruple a été annoncé au début de l’été 2013, faisant tourner tous les regards vers la station de la côte de Beaupré.
Le secteur sud-ouest: un bref historique
Tout a débuté par la création d’un long sentier qui longe le sommet, légèrement à son aval. En partant de la télécabine, on peut donc se rendre, sans trop d’efforts, jusqu’à la piste la Crête. Dans un second temps, un téléski simple débrayable a été aménagé tout spécialement pour ce lieu. Ce dernier était réputé pour être rapide, mais destiné aux experts avec sa forte pente, ses ponts et ses deux virages. Il suivait le tracé de l’actuelle piste Canyon et on pouvait y accéder via la base par le téléski double la Connexion. Ce fut suivi du premier grand chantier dans ce secteur, lors de la construction du télésiège triple en 1983, par les Industries Samson. Celui-ci amena la création d’un nouvelle piste, la Saint-Laurent, en plus de permettre aux skieurs d’accéder plus directement aux pistes les plus éloignées du centre de la station sans être obligé d’utiliser le sentier vers le sommet. En 1989, un second grand chantier allait amener le développement d’une nouvelle piste, la Sept-Chutes, grâce au déménagement et au raccourcissement du télésiège double de la Gondoleuse, la Sainte-Paix. Ce télésiège a remplacé le téléski débrayable, qui causait des maux de têtes aux skieurs non-avertis; son retrait a également dégagé le tracé, créant l’actuelle piste Le Canyon.
La planification
Depuis deux saisons, le terrain était préparé en vue d’un grand changement. Premièrement, lors de l’été 2012, le télésiège double la Sainte-Paix fut démonté, libérant l’accès à la future ligne de montée. Deuxièmement, suite à la grande annonce, le télésiège triple le Trip, à la suite de 30 années de service, est à son tour entièrement démonté. Ceci libère donc l’espace pour aménager la gare aval du futur télésiège quadruple débrayable.
Une fois ces deux étapes préparatoires réalisées, le grand projet pouvait maintenant aller de l’avant. Amélie Leclerc, coordonnatrice aux communications pour le Mont-Sainte-Anne, nous a expliqué que l’objectif premier de cette nouvelle remontée à l’efficacité supérieure est de desservir un terrain plus vaste que celui qui était couvert par le Trip. La zone qui sera couverte se délimite, à l’ouest, par la piste la Crête, avec en son centre les pistes du secteur expert et se rendant à l’est jusqu’à la Gros Vallon (haut) et tout ce qui s’y déverse. Par ce tracé en diagonale, ceci permet de combiner les zones de dessertes des deux anciennes remontées qui y étaient présentes.
Concernant l’accès à la Crête et à l’Espoir, la distance à parcourir en provenant du sommet de la télécabine demeurera bien entendu inchangée, mais la promenade sera grandement facilitée par deux nouveaux aménagements, comme l’explique Mme Leclerc: en plus du sentier d’origine, le tracé du sommet sera modifié afin de pouvoir glisser sur une pente ascendante, jusqu’à son extrémité. À l’origine, le chemin du sommet, ayant son point le plus élevé au niveau du débarcadère du téléski la Corde-Raide, n’avait pas été prévu pour servir de site de transition entre les diverses zones. Il y a donc une butte qui constituait jusqu’à nos jours un obstacle à franchir. Ainsi, le débarcadère du nouveau télésiège sera rehaussé par rapport à celui de la Sainte-Paix, et l’élévation du sommet sera aplanie, le tout permettant une circulation plus fluide vers les pistes les plus à l’ouest.
Un investissement attendu depuis longtemps
Ce qui ajoute un aspect grandiose à ce projet est le fait qu’il s’agit du premier chantier majeur en terme d’investissement relié aux remontées mécaniques au Mont-Sainte-Anne depuis 1989, année de l’inauguration de la télécabine huit passagers. Celle-ci a bien entendu été rénovée depuis mais la création d’une nouvelle remontée se faisait attendre; aux dires des skieurs fidèles de l’endroit. L’annonce de la création d’un nouveau télésiège rassure donc les habitués de la station, qui voyaient le parc de remontées vieillir et s’interrogeait un tantinet quant au démantèlement des plus anciens télésièges. Pourquoi ne pas avoir simplement déplacé l’actuel Triple? Mme Leclerc nous informe que bien que celui-ci était encore en parfait état de marche et très fiable; son déplacement vers l’ouest aurait malheureusement créé des coûts supérieurs au démantèlement et à la construction d’un nouveau venu, sans compter que sa durée de vie aurait été bien entendu moins longue que celle d’un télésiège récent.
Quelques détails techniques
Aux yeux de certains observateurs, la question de l’efficacité du nouveau télésiège demeure en ce qui a trait au flot des skieurs qui convergeront vers cette vaste zone. Mme Leclerc se fait rassurante: les calculs ont été réalisés et l’augmentation de capacité de chargement des sièges et de même que la vitesse du télésiège diminueront assurément le temps de remontée, offrant donc un débit supérieur.
L’appareil est confectionné au Québec, à l’usine Doppelmayr de Saint-Jérôme, dans la région des Laurentides. Il sera muni de gares Uni G Vision classique, ainsi que de sièges de dernière génération (sans bulles). Il aura une longueur de 2442 mètres pour gravir une dénivellation de 530 mètres. La base sera localisée à une altitude de 270 mètres, à la gauche de la base de l’ancien Trip. Le sommet, s’élevant à 800 mètres d’altitude, se trouvera entre le débarcadère et la station motrice de l’ancienne Sainte-Paix. La vitesse de montée sera de 5 mètres/seconde, ce qui est la vitesses standard maximale pour ce type de télésiège. La durée de montée prévue est de 6 minutes. En guise de comparaison, le temps de montée du Trip était de 12 minutes, la Sainte-Paix de 9 minutes, l’ancien téléski de la pistes Canyon 7 minutes et la télécabine l’Étoile-Filante gravit la montagne en 9 minutes.
En conclusion, cette nouvelle acquisition apportera tout un vent de fraîcheur à l’ambiance qui règne au Mont-Sainte-Anne. Le rajeunissement du parc de remontées et des pistes mieux desservies raviveront sans doute l’engouement pour cette montagne, que certains sceptiques regardaient d’un oeil un peu morose. Souhaitons que ce chantier soit le prélude à d’autres investissements au cours des prochaines années!