N’avez-vous jamais rêvé de skier partout ? Pas juste les montagnes de votre cour ou juste celles de votre région, mais d’aller vraiment partout ? De découvrir de nouveaux paysages et de nouvelles stations de ski ? De tracer de la belle poudreuse fraiche plus longtemps que le temps de 2 descentes ? De passer une journée sans voir l’ombre d’une plaque de glace, ni d’une file d’attente ?

C’est le type de scénario que nos rêves les plus fous nous présentent lorsque notre quotidien de skieur se déroule dans une station à proximité d’un grand centre urbain, ou encore victime de son succès. La qualité en ski dépend avant tout de la météo, mais également d’un facteur encore plus destructeur pour les pistes, et j’ai nommé: l’achalandage.

Soyons honnêtes: l’an dernier, lorsque nous avons décidé de parcourir le Québec en entier*, nous ne pensions pas avoir autant de plaisir dans notre aventure. Certes, il ne faut pas avoir peur de conduire longtemps… Aucune civilisation à plus d’une centaine de kilomètres à la ronde, pas de réseau cellulaire, des petites affiches rouges « Téléphone d’urgence – 20km », juste nous et un seul et unique poste de radio à portée d’antenne, qui nous rappelle que les orignaux du coin n’ont pas besoin des téléphones rouges, eux !

Bien entendu, les kilomètres à parcourir sont la clé du succès dans ce genre d’entreprise… je ne me tromperai pas en vous disant que plus vous passez de temps sur la route, plus vous découvrez des endroits qui vont vous offrir un produit hors du commun! Ce fut le cas entre autres lors de notre voyage au mont Chalco en mars 2013. 237 km à travers la Réserve faunique Ashuapmushuan, à partir de St-Félicien au Lac-Saint-Jean, pour skier 80m de dénivelé. Je vous avoue que rendu là-bas, chaque mètre prend son sens et son importance! Mais avec une attente nulle aux remontées, moins de 50 skieurs dans la station et des pistes encore superbes à 14h30, il ne nous en fallait pas plus pour adopter la station tout de go!

Cette journée-là, nous avons confirmé cette folle théorie qui stipule que la taille d’un objet n’est pas garante du plaisir qu’il procure… dans les p’tits pots, les meilleurs onguents! Ainsi, la hauteur d’une montagne n’a en fait rien à voir avec le plaisir qu’on peut avoir à la dévaler. Plusieurs d’entre vous serez étonnés d’apprendre que le versant sud du mont Chalco (oui! il y a un versant sud…) offre un ski à l’ancienne, avec des pistes aussi sinueuses qu’accidentées! Comme quoi parfois, un 80m de dénivelé stimulant vaut mieux qu’un 200m trop fréquenté…

Au cours du même périple, nous nous sommes arrêtés à ToBoSki. Cette petite station en retrait de St-Félicien appartient à la même catégorie que le mont Chalco: 70m de dénivelé, du défi, des pistes abruptes, et un sous-bois à ne pas sous-estimer. La gare de départ du télésiège semble dans un trou, en contre-bas du chalet de ski, comme si la météorite qui a creusé le Lac St-Jean en avait profité pour fabriquer le centre de ski il y a quelques millions d’années. Certes, on n’y descend pas longtemps… mais on socialise beaucoup dans les remontées, surtout quand les gens de la place se demandent quelle mouche nous a piqués pour qu’on soit venus jusqu’ici… la curiosité ! 

Toujours lors du même voyage, nous étions de passage à La Tuque et nous en avons profité pour visiter la station de ski. La capacité du stationnement déjà presque plein avec 15 voitures nous a donné un indice sur les habitudes de fréquentation de cette station unique: à Ski La Tuque, on peut se garer dans les rues avoisinantes! Et même mieux… les voisins peuvent parcourir les quelques mètres qui séparent leur cour de la montagne à pied! Moins long qu’une navette entre un P4 et un chalet… D’ailleurs, le sentiment de descendre une piste de ski avec vue sur des maisons et une usine à ses pieds donne un effet assez spécial. Il y a de quoi s’amuser avec les 11 pistes de la station, dont certaines sont laissées vierges après une tempête. On s’adapte ici aux gouts des gens plus facilement. D’ailleurs, les heures d’ouverture de la station suivent souvent les heures d’école, de quoi vous décourager d’avoir une skinusite! Sans compter le fait que la polyvalente se trouve à un jet de pierre de la montagne… et que la salle des profs donne sur la ligne de télésiège!

Le ski en région est donc un signe de dépaysement autant par sa philosophie que par sa culture. La vocation y est souvent plus d’ordre communautaire et municipal et les gens sont très attachés à leur montagne. Les entreprises du coin commanditent les bâtiments, d’une simple table à pique-nique jusqu’au pylône de remontée mécanique. Les skieurs réguliers parlent de leur place avec une grande fierté et sont toujours présents pour vous la faire découvrir dans ses moindres recoins. Personne n’est là pour faire de l’argent, mais plutôt pour faire sortir les gens de chez eux, en famille ou entre amis. Tous s’y retrouvent saison après saison afin de garder la station en vie et d’écrire quelques pages d’histoire.

En conclusion, je serai franc. Ce texte a un objectif clair: vous faire sortir de vos habitudes… Lors de vos prochaines vacances, que vous soyez entre amis, en amoureux ou en famille, planifiez-vous un petit circuit de 3 ou 4 montagnes à quelques centaines de kilomètres de chez vous. De Chibougamau à Gaspé ou de Val-d’Or à Baie-Comeau, chaque endroit vous fera vivre une aventure très spéciale au coeur de nos régions pas-si-éloignées-qu’elles-en-ont-l’air. L’arrêt dans le temps y est inévitable, la frustration deviendra un plaisir. Vous aurez le bonheur de goûter au ski sans artifice, celui que l’on a tendance à oublier.

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