1932

Début d’une nouvelle ère pour le ski alpin

Première remontée mécanique du monde
C’est le long de la Big Hill de Shawbridge que le premier remonte-pente fait son apparition. The Foster’s Folly, du nom de son propriétaire, Alex Foster, un jeune champion sauteur de Montréal, est en fait un câble sans fin actionné par la jante arrière d’une voiture montée sur des blocs, au pied de la pente. Le câble est relié à une autre jante fixée à un poteau, au sommet de la pente. Pour la somme de 25 cents, un skieur peut monter et descendre la Big Hill toute une demi-journée. Il lui suffit de s’accrocher au câble et de se laisser tirer au haut de la pente, en subissant quelques contrecoups. Le skieur qui se respecte refuse cependant d’être vu agrippé à la patente à Foster. Et par-dessus le marché, il faut payer pour faire du ski…
incroyable! En Europe, d’après le Ski’s Magazine Encyclopedia of Skiing, le premier remonte-pente aurait été construit par un jeune ingénieur suisse, Gerhard Müller, en 1932. C’est en 1934 que le remonte-pente fait son apparition aux États-Unis, à Woodstock, au Vermont. Son invention représente une étape importante dans l’histoire du ski: c’est elle qui a en effet incité la grande majorité des skieurs à préférer le ski alpin au ski nordique et qui a entraîné la naissance de nombreux centres de ski. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

Dès 1934

Fred Pabst, un homme d’affaires de la Nouvelle-Angleterre fit installer sur la Big Hill de St-Sauveur (il y avait 2 « Big Hill ») la première remontée fixe au monde. En 1934, la Big Hill changea de nom pour devenir la Hill 70, en l’honneur d’une bataille de la première guerre mondiale. Elle devint plus tard la Côte 70, piste encore très populaire de nos jours. La mécanisation du sport a amené une révolution du ski. Fini les dures labeurs pour pratiquer le sport, on ne devait plus monter à pied.

La Côte 70, dans les années 30. Source Les Sommets

Si l’arrivée des trains de neige avait révolutionné le sport, la remontée mécanique allait changer le ski à tout jamais. À partir de ce moment, les disciplines du ski de fond et de ski alpin se sont séparées définitivement. De plus, la fixation Kandahar (1935) pouvait permettre de retenir le talon de chaussure sur le ski pour une meilleure stabilité pour les descentes.

1935

Premier championnat provincial féminin de ski alpin
Le Penguin Ski Club s’affilie à la Canadien Amateur Ski Association, fait l’achat d’un chronomètre à déclic et de fanions de slalom et organise la première du Quebec Ladies’ Championship de ski alpin. La compétition a lieu le 16 février à Saint-Sauveur-des-Monts, pour la descente, et à Piedmont, pour le slalom. Une cinquantaine de skieuses s’y inscrivent. Alice MacFarlane, du Ski Club of Montreal, remporte le combiné. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

Beaucoup de stations de ski ouvrirent leurs portes dans les Laurentides au milieu des années 30, grâce au train et du côté de Québec, Le Relais fut la première station à ouvrir en 1935-36, suivie par le Mont Saint-Castin en 1939. La même année que le Relais, au New Hampshire, Cannon Mountain installait une remontée bien spéciale, un tramway aérien (téléphérique), qui permettait de monter et de skier un dénivelé de plus de 650 mètres ! Toujours en 1935-36, à Sun Valley (Idaho), 1ère mondiale : 3 remontées d’un nouveau genre furent installées, soit des télésièges à une place.

1939

Création de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada. La Canadian Amateur Ski Association décida pour le bien du sport, de regrouper les moniteurs et d’uniformiser l’enseignement. Dans les premières années, la plupart des instructeurs au Québec, comme dans le reste de l’Amérique du Nord étaient Suisses ou Autrichiens. Il y avait des exceptions avec Louis Cochand (fils d’Émile) (un des membres fondateurs et examinateur en chef), Ernie McCulloch, Harvey Clifford (frère de John), John Fripp et Réal Charette.

Premier télésiège au Canada
C’est en février 1939 que fut inauguré le premier télésiège au Canada, au mont Tremblant. En plus de la coupe Kandahar, la montagne avait accueilli la coupe Taschereau au milieu des années 30 et maintenant, un jeune millionnaire de Philadelphie, Joe Ryan avait pris la décision d’investir dans la station et d’en faire la première grande station de ski au Canada. 1 télésiège simple fut installé pour la saison 1938-39 dans la portion inférieure de la montagne, alors que les skieurs devaient monter à pied pour atteindre les pistes supérieures de la montagne. La station ciblait les gens riches et célèbres, avec son village de style « Vieux Québec » au pied des pentes. C’est lors de cette même année que la classique Québec-Kandahar accueillit pour la première fois des skieuses.

En 1939-40, les pistes du mont Tremblant étaient les suivantes :

– Nansen (de haut en bas)
– Wiggs trail (maintenant appelée « Mi-chemin »)
– Taschereau (maintenant appelée « Grand-Prix »)
– Kandahar (maintenant appelée « McCulloch »)
– Père Deslauriers (maintenant appelée « Passe »)
– Prud’homme (maintenant appelée « Standard »)
– Simon Cooper (cette piste existait déjà mais fut abandonnée par la suite)
– Sir Edward Beatty (maintenant appelée « Curé Deslauriers »)
– Flying Mile
– Standard (maintenant appelée « Bière en bas »)
– Kandahar/Taschereau (maintenant appelée « Beauvallon bas »)
– The Dam slope (petite piste où est maintenant le grand garage au bas de la Nansen)
– The Bondurant (ancienne piste très longue et facile au bas de la Nansen)
Dans les Cantons de l’Est, les premières stations de l’époque furent Hillcrest (maintenant Montjoye) et le mont Orford, qui ont été développées dès les années 30. Le ski dans les années 30 se pratiquait aussi dans les collines de la Gatineau.

Les années 40

1941

Création de la Patrouille canadienne de ski en 1941.

Du côté de Mont-Rolland, 4 américains achètent la Marquise au sommet du Mt Gabriel et le rebaptisent le Mont Gabriel Club. Une remontée de 1200pi et une école de ski furent ouvertes.

À Saint-Sauveur, les stations Côte 69 et Côte 71 voient le jour, chacune avec un rope-tow. Plusieurs autres écoles de ski voyaient le jour dans la région, qui était définitivement en train de devenir une grande destination pour le ski alpin. Ce n’est que beaucoup plus tard que toutes les stations du mont Saint-Sauveur furent fusionnées pour devenir « Up-Hill ».

Tremblant:
Après les Erling Strom, Hans Falkner, Benno Rybizko, tous européens, John Fripp fut le premier directeur d’école de ski canadien de la station dans les années 40. En 1952, Ernie McCulloch, originaire de Trois-Rivières devint directeur de l’école de ski par excellence. Superbe coureur, qui malheureusement n’a jamais pu participer aux Olympiques à cause de son statut de professionnel, ce dernier battit toute l’équipe olympique française, dans une course ouverte aux professionnels au Mont Tremblant.

McCulloch remporta plusieurs courses prestigieuses comme la Harriman Cup dans l’ouest américain. Lui qui fut vainqueur aux Championnats Américains en slalom et au combiné en 1950, en descente et au combiné en 1951 et en descente en 1952 est, selon les Américains eux-mêmes, le skieur du demi-siècle. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

À deux pas du mont Tremblant, une autre station de ski légendaire avait ouvert ses portes au début du siècle : Gray Rocks. L’hôtel fut inauguré en 1905, mais sa vocation 4 saisons ne vint qu’avec l’ouverture des premières pistes de ski en 1920. La première école de ski à y voir le jour fut dirigée par Herman Gadner en 1938. Réal Charette fut par la suite le premier canadien-français à diriger une école de ski en 1948.

1946

Première Canadienne à devenir championne des États-Unis
Rhona Wurtele, du Penguin Ski Club, remporte le slalom et le combiné alpin au Championnat des États-Unis. L’année suivante, ce sera au tour de sa jumelle, Rhoda, de gagner la descente et le combiné. Les deux soeurs natives de Montréal sont les seules jumelles à faire partie du U.S. National Ski Hall of Fame à Ishpeming, au Michigan. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

1953

Première de la Classique Ryan au Mont-Tremblant
La Classique Ryan est une épreuve annuelle de slalom géant pour laquelle Mary Ryan a donné une coupe d’argent en mémoire de son mari, bâtisseur du Mont Tremblant Lodge. La première fut remportée par Lucille Wheeler et Ernie
McCulloch le 1er février 1953. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

Bill Corcoran (père de Patrick), moniteur de ski dans les années 50. Source : Patrick Corcoran

1955

Apparition des skis de métal
Des skis de métal sont lancés aux États-Unis par l’ingénieur Howard Head. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

1956

Première médaille olympique pour le Canada
Au VIIe Jeux olympiques d’hiver tenus à Cortina d’Ampezzo, en Italie, la Canadienne Lucille Wheeler de St-Jovite, fille du propriétaire de Gray Rocks remporte une médaille de bronze. C’est la première médaille que le Canada remporte en ski aux Jeux olympiques d’hiver.

1958

Premiers championnats du monde pour le Canada
Lucille Wheeler gagne, en deux jours, le slalom géant et la descente sur la piste Graukogel de Badgastein. Une quatrième place en slalom l’empêche de remporter le combiné. Elle s’y classe deuxième. Pour la skieuse de Saint-Jovite, c’est l’apogée d’une carrière. – Ref : Un siècle de ski…quelle histoire !

1957

Premier système d’enneigement artificiel des pistes
Les stations de ski américaines ont été les premières à utiliser régulièrement des canons à neige à partir de 1952. Au Québec, l’enneigement artificiel a été utilisé la première fois au Camp Fortune dans l’Outaouais grâce à John Clifford qui fut coureur et bâtisseur. Ce dernier participa au développement du côté nord de Tremblant en 1947-48, du versant Skyline au Camp Fortune, du Mont Cascades et du Mont Ste-Marie. Il participa à développer et installa 65 systèmes de neige artificielle au Canada, en plus d’installer plusieurs remontées de type rope-tow et la 1ère chaise double dans l’est du Canada. C’est aussi lui qui développa le ski soirée à Beamish Hill en Outaouais en 1949, ce qui est probablement une première mondiale, puisqu’on réfère souvent au mont Habitant à ce niveau, lui qui n’a ouvert ses pistes en soirée qu’en 1964. On doit aussi à John Clifford les glissades alpines au Mont Cascades, au Mont Gabriel et à Bromont. Finalement, il fonda 8 écoles de ski.

Néanmoins, jusqu’à la fin des années 50, les stations de ski se sont développées plus ou moins rapidement, puisque les remontées terrestres, très majoritaires à l’époque, limitaient la taille des stations. Tout de même, il y eut un boom dans l’industrie du ski dans les années 50, grâce au boom de l’automobile. Plus que jamais, les centres de ski étaient accessibles.

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François Massicotte
Comptable agréé de formation, mais skieur de conviction et de passion, François est prêt les 12 mois de l’année, quand on parle de ski ! Très actif dans la communauté ZoneSki depuis 2003, il est passionné par l’histoire du ski et les statistiques des stations de ski du Québec.