Le Massif du sud se compare à un vignoble situé dans un réputé terroir viticole. Et jeudi, les amateurs de grands crus ont dégusté jusqu’à plus soif sa cuvée spéciale «Tempête de mars». Contrairement au vin, ce n’est pas à petites gorgées que les skieurs ont avalé la neige, mais à grandes lampées.

Depuis mardi, il est tombé quelque 80 centimètres sur le Massif qui, disons-le, offre déjà un produit d’appellation d’origine contrôlée. Avec autant de neige, dévaler les sous-bois parmi les plus beaux du Québec équivalait à sortir de la cave une bouteille d’un millésime exceptionnel.

Craignant la foule, les premiers maniaques dans la file d’attente du télésiège sont arrivés plus d’une demi-heure avant l’ouverture pour profiter des «first tracks». La neige profonde était garantie puisque la station n’était pas en activité mercredi en raison des fermetures de routes. Finalement, le peu d’achalandage, malgré les conditions d’exception, a permis de tracer jusqu’en après-midi. Aucune file de la journée.

Mais parfois trop, c’est comme pas assez, ai-je constaté. Avec autant de neige, qui tombait toujours au moment de mon départ, il fallait attaquer des pentes suffisamment abruptes pour éviter d’être freiné par l’or blanc, qui atteignait par moment la mi-cuisse. Heureusement, les sous-bois du Massif sont réputés pour leur verticale.

L’avantage d’une journée comme celle de jeudi est qu’il est possible de pousser la machine à fond et s’offrir quelques folies. Comme la vie fait parfois bien les choses, j’ai justement croisé quelques fous. Les amis de Zone.ski, Jacques et Alexandre, m’ont présenté deux des trois frères Maheu, bien connus à la station, dont Frédérik, responsable du marketing.

Entre deux sauts vertigineux (pas moi, mais eux) et trois descentes vitesse grand V, les frérots et leurs copains participaient au tournage maison d’une vidéo promotionnelle pour le Massif du sud. Quelques descentes en gang rappellent à quel point le ski est un plaisir qui se partage.

Et tant qu’à poursuivre dans la folie, mon ami Jacques Boissinot, photographe de métier, m’a mis en «vedette» pour ce reportage. Un peu vaniteux, j’ai accepté (la tache orange). Le fait de les revoir me convainc que j’ai vraiment vécu cette journée. Je me pince encore, croyez-moi.

Parce que de mon propre avis, comme celui de plusieurs rencontrés, le 15 mars au Massif du sud restera comme l’une des plus belles journées de poudreuse au Québec cette semaine, peut-être la plus enneigée de la station en 2018.

On le répète, mais chaque bordée importante arrive comme un baume sur une saison en dents de scie. Alexandre me racontait que le Massif a vécu des moments météo difficiles depuis la fin janvier. La neige fraîche garantie encore plusieurs journées de glisse de qualité à venir.

Et comme le ski sans l’après-ski ce n’est pas du ski, nous nous sommes dirigés au bar du chalet pour y déguster une bière. «Le vin, c’est bon pour faire des métaphores», me dis-je. Dehors, les flocons s’accumulaient toujours. À la neige, au ski, Cheers!

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"Bosses, sous-bois, poudreuse." L’hiver venu, Jean-François répète ces mots comme un mantra. Il aime chasser la tempête pour profiter de conditions optimales. Son plaisir est doublé lorsqu’il dévale les pentes entre amis ou rencontre les “habitués” d’une station, question de découvrir des secteurs moins fréquentés.